Manora est un quintet metal symphonique néerlandais originaire de
Leiden initialisé il y a quelques années déjà par le claviériste Arthur Stok et le guitariste Ivo Visser. Après plusieurs changements de line up, ce n'est que fin 2016 qu'il s'est stabilisé, les deux cofondateurs ayant alors sollicité les talents du bassiste Tomasz Kisielewicz, du batteur Tijn Scholtze et de la frontwoman Mirte van der Ham, au timbre de voix clair, proche de celui de Nele Messerschmidt (
Elvellon). De cette collaboration sortit, quelques mois plus tard, l'introductif EP «
Dreamshapes », dans un contexte de forte concurrence, et où les cadors du genre ne baissent nullement la garde, loin s'en faut...
Influencé par
Nightwish,
Delain,
Within Temptation et autres
Xandria, le combo batave officie dans un metal mélodico-symphonique classique aux accents power et prog. Ce que laisse entrevoir cette auto-production de 24 minutes où s'enchaînent cinq titres énergisants aux mélodies convenues mais catchy. Bénéficiant d'une louable qualité d'enregistrement, d'un mixage équilibré signé Ivo, cette menue galette dispense une ingénierie du son globalement satisfaisante. Et même si on aurait souhaité davantage de profondeur de champ acoustique et des finitions moins lacunaires, la rondelle se parcourt d'un seul tenant. Ainsi pourvu, le groupe entend déjà s'imposer face à ses homologues
Beyond The Black,
Elvellon,
Once,
Metalwings et consorts, rien de moins...
Pour les férus de metal symphonique easy listenting, ils ne seront pas en reste, le collectif affichant une indéfectible inspiration dans ses compositions. Ainsi, on ne passera pas outre les tubesques «
Dreamshapes » et « The
Conquest Superiority ». Evoluant sur d'ondulantes et très présentes nappes synthétiques, ces entraînants et progressifs propos se parent de riffs massifs et d'harmoniques « delainiennes » dans la lignée de « Moonbathers ». Ce faisant, des couplets avenants alternent avec des refrains certes prévisibles mais plutôt efficaces, enjolivés par les envolées semi-lyriques de la belle. Doté d'arrangements nightwishiens, le mid tempo « Endgame » aux faux airs d'un
Within Temptation de la première heure eu égard à ses séries d'accords et à ses variations atmosphériques, ne ratera pas moins son effet. A son aise dans cette séquence, la sirène octroie de saisissantes montées en puissance, comme l'aurait fait Sharon den Adel sur «
Mother Earth », avec un soupçon de Laura Tracey (
The Fall Of Eve) en voix de tête. Hypnotique offrande.
Lorsqu'il se montre plus offensif, délivrant alors une impressionnante force de frappe, le combo sait également nous rallier à sa cause. D'obédience power symphonique, dans la veine d'
Ancient Bards, « A Time of Change » sait varier accélérations et ralentissements rythmiques, sans jamais perdre de vue le fil mélodique. En outre, un pont techniciste où abondent les rampes synthétiques retient l'attention en ce qu'il varie ses effets et s'insère parfaitement dans la trame sans jamais friser la démonstration stérile. On appréciera aussi la présence de choeurs parallèlement aux puissantes et limpides volutes de la déesse. Dans cette mouvance, riffs rageurs et rythmique endiablée s'inscrivent sur le véloce « Beacon of
Hope ». Distribuant ses blasts et ses frappes sèches, le brûlot nous fait évoluer dans une tourmente difficile à contenir, renforcée par l'insertion judicieuse du grunter Mark Rog. Une tonitruante et grisante proposition, en somme.
On ressort de l'écoute de la rondelle convaincu du potentiel technique et surtout mélodique de la jeune troupe, celle-ci enchaînant les séquences instrumentales bien inspirées, octroyant de saisissantes séries d'accords et une interprète au délicat filet de voix, susceptible de donner quelques frissons. Cela dit, on aurait souhaité davantage de diversité rythmique et atmosphérique, quelques prises de risques supplémentaires et une œuvre témoignant de plus d'épaisseur artistique. Il leur faudra encore digérer leurs sources d'influence pour rendre leur message musical moins emprunté. Mais, à l'aune de cette initiale et vibrante offrande, le combo néerlandais a assurément de quoi maintenir la concurrence à distance. On attend dès lors confirmation du potentiel à l'instar d'un album full length. Affaire à suivre...
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