Pas moins de cinq années soufflées déjà depuis leur introductif et ensorcelant album studio «
Stronger »... Une éternité pour la fanbase du combo germano-brésilien cofondé en 2017 par la chanteuse Vivs Takahashi et par le bassiste Marcelo Kaczorowsky ! Ce qui ne signifie nullement que nos acolytes soient restés désinvestis des studios ce laps de temps durant, loin s'en faut. En effet, ces derniers réaliseront la bagatelle de six singles («
All My Life », We
Will Stand (
United) » et « We
Will Stand (Acoustic) en 2020, suivis de «
The Storm », «
The Sound of Time » et «
Fireflies » en 2022), dont seuls les trois derniers seront retenus parmi les sept titres composant leur premier et présent EP, «
Dreamerie: The Prelude », auto-production modeste des 27 minutes de son ruban auditif. A l'aune de ce frugal set de compositions, c'est donc à pas de loup, mais non sans armes, que nos gladiateurs reviendraient dans la bataille. Ce faisant, la troupe disposerait-elle d'atouts suffisants pour espérer se hisser dès lors parmi les valeurs montantes d'un registre metal symphonique à chant féminin on ne peut plus foisonnant ?
Dans ce dessein, et après un léger remaniement du line-up, nos deux maîtres d'oeuvre sollicitent dorénavant les talents de : David Schnödewind (Artides,
Fallbrawl) aux guitares et de Florian Mathes (ex-
Neverland In Ahes) à la batterie. Avec le concours, pour l'occasion, de
Raphael Gazal (Bulletback,
Leviathan,
Moonlight Prophecy, Tailgunners, ex-
Pastore...) à la guitare rythmique, Michał Maciąg à la lead guitare, et du Cave Cantum Chor dirigé par Tilman Wohlleber, le combo nous immerge à nouveau au sein d'un propos rock'n'metal mélodico-symphonique gothique à la colorature power, dans la mouvance de
Nightwish,
Xandria,
Ancient Bards et
Amberian Dawn. Un essai à la fois enjoué, chatoyant et romantique ayant pour corollaire une production d'ensemble de bonne facture, signée
Raphael Gazal (Final
Disaster, Tailgunners...) ainsi qu'une supervision des lignes de chant assurée par
Marina La Torraca, frontwoman de Phantom
Elite et co-vocaliste chez
Exit Eden. Mais entrons sans plus attendre dans la frêle goélette pour une traversée que l'on espère parsemée d'îlots enchanteurs.
A l'instar du précédent effort, c'est sur une cadence assez soutenue que s'effectue partiellement notre traversée. Et les arguments développés en ce sens par nos compères pourront aspirer le tympan du chaland sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Stargazers », invitant up tempo à la croisée des chemins entre
Xandria et
Amberian Dawn (première période). Doté d'un refrain catchy mis en exergue par les angéliques inflexions de la sirène – que suit à la trace l'imposant Cave Cantum Chor –, enorgueilli d'un flamboyant solo de guitare, et recelant un vibrant final en crescendo tout en jouissant d'arrangements instrumentaux aux petits oignons, le ''tubesque'' effort poussera assurément à une remise en selle sitôt la chute finale amorcée. Dans cette lignée, on ne saurait davantage éluder le fougueux «
The Storm » qui, à la croisée des chemins entre
Nightwish et
Ancient Bards, dissémine son martelant tapping et ses fines nuances mélodiques. Et ce n'est pas le bref mais sémillant solo de guitare signé Michał Maciąg qui nous déboutera davantage de ce hit en puissance, tant s'en faut.
Quand ils nous mènent en de plus apaisants espaces, nos acolytes trouvent là encore les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, d'une part, «
Fireflies », ballade romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique empruntée par les ensorcelantes modulations de la maîtresse de cérémonie, surmontée d'un poignant solo de guitare et se chargeant graduellement en émotion au fil de sa progression, cet instant privilégié à la confluence de
Nightwish et de
Dark Sarah comblera à n'en pas douter l'aficionado de moments intimistes. On pourra encore retenir la ballade progressive «
The Sound of Time » et ce davantage pour ses délicats arpèges pianistiques et ses couplets finement ciselés que pour son pont techniciste qui, en raison de ses complexes et intrigants harmoniques, tend à rompre l'unité d'ensemble. Mais là, hélas, cesse la ronde de saveurs exquises...
Emaillée de répétitives séquences d'accords, d'autres pistes ne sauraient prétendre à une inconditionnelle adhésion. Ainsi, se posant telle une ballade a-rythmique aux airs d'un cantique de Noël sur fond de notes acidulées échappées d'une boîte à musique, « A
Dream Lullaby (The
Realm of Dreams - pt l » a la lourde tache d'ouvrir le bal, et ce, de la plus classique des manières. Pourtant emmenée par les caressantes impulsions de la déesse et par une frissonnante chorale d'enfants, en raison de la brièveté du message musical délivré et de sa sente mélodique en proie à quelque linéarité, la tendre offrande demeure en-deçà de nos attentes. En guise d'interlude, et sur un même modus operandi, le soyeux « Look Out the Window (The
Realm of Dreams - pt ll », lui, alterne récitatifs et fluides oscillations dispensées par la frontwoman. Ce faisant, en dépit d'une ingénierie du son plutôt soignée, un frustrant effet de redondance harmonique se fait sentir. Enfin, bien qu'instillé d'un sensible picking à la guitare acoustique, l'anxiogène et paradoxalement chatoyante outro « Pouring
Rain (The
Realm of Dreams – pt lll » nous laisse sur une étrange impression d'inachèvement.
Au final, le combo germano-brésilien nous livre une œuvre à la fois invitante, parfois énigmatique et quelque peu enivrante, témoignant d'une interprétation ayant gagné en maturité ce qu'elle n'a nullement perdu en aura. Cela étant, on pourra regretter tant la délivrance d'exercices de style stéréotypés qu'une accroche mélodique pas toujours au rendez-vous de nos attentes. Pourtant pourvu d'une technicité instrumentale éprouvée et reposant sur une production difficile à prendre en défaut, la magie n'opère que par touches. Moins efficace et rayonnant que son devancier, et malgré l'un ou l'autre acte de bravoure, le menu méfait permettra seulement d'asseoir plus encore nos acolytes parmi les sérieux espoirs de cet environnement metal, à défaut de les voir rejoindre dès lors les valeurs montantes de cet environnement metal. Bref, une offrande tout en délicatesse mais en proie à quelque irrégularité...
Je n'ai pas encore écouté cet EP mais leur premier album, et surtout leur performance live m'avaient particulièrement plu. C'est assez rare qu'une personne alterne voix lyrique et growl caverneux pour être souligné ! Ta sirène ne gagnerait pas à retrouver ses jambes au prix de ses voix ^^
Merci pour cet écrit :)
Merci à toi pour ce retour!
En ce qui me concerne, comme tu l'as sûrement senti, cet EP m'a moins accroché que leur premier album. Après plusieurs écoutes attentives, rien à faire, la magie a du mal à opérer sur les titres évoqués au 5ème paragraphe. En revanche, à l'instar d'un pulsionnel "The Storm", d'un engageant "Stargazers" ou encore d'un romantique ''Fireflies", le groupe parvient plus sûrement à convaincre du potentiel révélé par son premier mouvement.
A l'écoute de leur dernier single, "Sandman", j'ai le sentiment qu'ils ne vont pas en rester là! Wait and see...
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