Souvent considéré comme un genre facile d'accès ou sans surprise, on en oublierait pourtant qu'au sein même du metal alternatif, certains artistes s'essayent à combiner le genre avec des éléments se rapprochant du death comme chez
Red (cf. "Feed the
Machine" ou "Release the
Panic") par exemple. Bien que le death alternatif soit une branche un peu à part dans le metal, du fait que le genre soit plus récent que le metal alternatif apparu au milieu des années
1980 et bien moins connu du public metal, certains groupes tels que
Fiend, mélangent à la fois nu-metal, metal industriel et death mélodique en officiant depuis toujours dans une musique plutôt très alternative. Mais ce que l'on sait moins, c'est que certaines formations norvégiennes de metal plus soft restent profondément influencées par le metal extrême de cette contrée.
En Norvège, l'année 2010 voyait la sortie du neuvième album tant attendu de
Dimmu Borgir sobrement intitulé "Abrahadabra". Impossible donc, d'avoir loupé "
Gateways" et cette prestation si théâtrale, ainsi que le chant démoniaque de Agnete Kjølsrud résonnant comme la fin du monde. Après le split d'
Animal Alpha en 2009, Agnete décida de collaborer avec l'ancien batteur de
Stonegard et l'actuel guitariste de
Trelldom pour créer une toute nouvelle formation appelé
Djerv. Celle-ci, posa les fondations d'un style bien défini mêlant à la fois du heavy metal, du metal alternatif et du black metal pour donner un genre que l'on pourrait très justement qualifier de black alternatif.
D'une part, parce que les groupes auxquels les membres ont appartenu ou appartiennent encore sont des formations d'un style assez sombre ou presque mystérieux (
Animal Alpha,
Wardruna) voire même extrêmes (
Trelldom) qui ont eux aussi, influencées la musique de
Djerv. Aussi, ont-ils fait le choix dans leurs éléments artistiques entourant la musique à proprement parler, d'instaurer une ambiance assez sombre, que ce soit sur les pochettes et notamment celle du EP "Headstone" - dans les clips, ou encore sur les photos promos. Mais ce qui fait réellement la différence dans le jeu de
Djerv, sont les guitares avec une tonalité très lourde et une batterie bien groovy dont la meilleure démonstration reste "Madman" et les screams déchaînés de Agnete provoquant à la fois un son agressif et une atmosphère plutôt sombre.
A ce juste titre, chaque instrument est bien mis en valeur par des solos, qui une fois de plus, témoignent que les musiciens arrivent à s'approprier le passage comme sur "Abmuse" et son petit côté hard-rock à l'ancienne ou encore sur "The Bowling Pin" et sa batterie frappante au tempo très rapide (vers la fin du morceau) pour ne citer qu'eux. Il en est de même, avec la prestation vocale de Agnete, qui marque le fossé avec les voix un peu faiblardes que l'on peut retrouver dans certains groupes d'alternatif, marquant une identité vocale des plus personnelles, osant s'éloigner des standards de l'industrie musicale.
Les trois guerriers de
Djerv repoussent donc les limites fixées par le genre, car bien qu'il s'agisse d'un album d'alternatif, on peut y retrouver des ambiances plus fines et mêmes davantage travaillées, sur "
Immortal" ou "Headstone" pouvant presque figurer sur la BO d'un film d'horreur. On remarquera également, que la vocaliste peut aisément passer d'un registre mélodique à des screams torturés dans un registre plus sombre. Mais le point fort de ce disque vient aussi du fait que l'émotion arrive à passer sur des titres plus soft tel que "
Gruesome Twosome" par exemple.
Ce premier opus éponyme, soutenu par le label extrême norvégien Indie Recordings (
Shining,
Vreid,
Ov Hell,
God Seed...) aura conforté les auditeurs, sur le fait que
Djerv avait bel et bien du talent. En prenant des risques quant au style pratiqué, le groupe a su maintenir les bonnes impressions récoltées lors de la sortie du EP "Headstone" et montrer l'étendue de son savoir-faire, en tenant facilement sur toute la durée du disque. Si bien qu'il sera inutile de ricaner lorsque l'on vous présentera le black alternatif de
Djerv.
Sinon, j'ai modifié la note après coup parce qu'un ou deux titres sont un peu en dessous, et c'est vrai que même si cet album est très bon, on peut toujours trouver mieux.
Mais faisons fi de ces histoires d'étiquettes, ce qui prime c'est la musique. Et il faut bien dire que Djerv offre ici un disque très efficace et personnelle, se montrant en plus très diversifié entre les différents morceaux.
Ce n'est pas l'album que j'écoute le plus souvent mais quand je le ressort, il fait toujours plaisir. Vivement une nouvelle production afin de voir si le groupe sait se montrer constant dans la qualité.
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