Distant Populations

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16/20
Nom du groupe Quicksand
Nom de l'album Distant Populations
Type Album
Date de parution 13 Août 2021
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Inversion
 
2.
 Lightning Field
 
3.
 Colossus
 
4.
 Brushed
 
5.
 Katakana
 
6.
 Missile Command
 
7.
 Phase 90
 
8.
 The Philosopher
 
9.
 Compacted Reality
 
10.
 EMDR
 
11.
 Rodan
 

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Quicksand


Chronique @ JeanEdernDesecrator

10 Septembre 2021

Une jonction entre nostalgie des années 90 et éclectisme actuel

De la vague de comebacks d'anciennes gloires du Post Hardcore qui a eu lieu à la fin des années 2010, outre Glassjaw, Refused et At The Drive In, le plus inespéré était sans doute celui de Quicksand. Avec "Interiors", sorti en 2017, les vétérans étaient reparus sans crier gare dans leur formation originale, et avaient révélé un album abouti, rock et mature salué par la critique et leurs fans. Pourtant, un coup dur a marqué la tournée qui a suivi, avec d'improbables problèmes judiciaires de leur guitariste Tom Capone survenus juste avant un concert. Le groupe à dû se résigner à poursuivre en trio, avec Walter Schreifels (guitare, chant), Sergio Vega (basse) et Alan Cage (batterie), de manière définitive, avant de trouver un guitariste d'appoint pour assurer les concerts.

Les new yorkais n'ont pas été totalement muets dans l'intervalle, avec la sortie d'un EP "Triptych Continuum" en 2018, dont les trois titres indolents et rêveurs auraient pu être totalement raccord sur leur dernier LP en date. Puis ça a été le silence, dans lequel ils ont pu se remettre à composer en sous marin, en partant des meilleures idées qu'ils avaient maquetté en jammant. La chance revenant, l'enregistrement avait été terminé trois petits jours avant le premier confinement, et ils ont pu prendre un repos forcé mais bien mérité... jusqu'à l'été 2021.

Et là, bis repetita, Walter Shreifels et sa bande nous refont le coup de la sortie surprise, avec seul un single comme coup de semonce. La pochette ainsi que les vidéos empruntent à une esthétique qu'on pourra qualifier d'extrêmement moche, non sans faire preuve d'un certain style, l'artiste japonais Tetsunori Tawaraya mélangeant volontairement la sci-fi des années 50-60 à des gribouillages d'un pré-ado psychopathe. Aussi, la brièveté de l'album, avec seulement trente deux minutes pour onze titres, pouvait laisser augurer de quelque chose de plus direct que ce que proposait "Interiors".

C'est effectivement un Quicksand rentre-dedans qui déboule le 13 août 2021 chez Epitaph Records, avec des compos courtes et efficaces. "Inversion", "Lightning Field", le doomesque "Colossus", ou un "The Philosopher" presque cliché tellement ses riffs sont simples, seraient une synthèse parfaite de ce qu'ils faisaient sur leurs deux premiers albums, "Slip" (1993) et "Manic Compression"(1995). On retrouve aussi ces morceaux lancinants et planants, où les cordes des guitares semblent molles comme une montre molle de Salvador Dali ("Missile Command", "Phase 90", "Rodan"). Avec des structures basiques, peu ou pas d'intros, à peine des fins de morceaux, Quicksand reste collé au noyau de sa musique sans chercher à en rajouter.

Le son des guitares est métallique, la basse de Sergio Vega vrombit grassement sa saturation, la batterie est lourde comme un orage : la production de ce disque est tout aussi soignée que celle du précédent, mais plus massive et puissante. Le chant d'ado désabusé de Walter est volubile, reconnaissable entre mille, et semble libéré de l'excès de contrôle qui le bridait sur "Interiors". La comparaison avec ce dernier est inévitable, d'autant plus que "Distant Populations" se place dans son prolongement. Si le trio ne se veut pas militant, les paroles empruntent à des sujets politiques actuels, du combat entre l'humain et la technologie, d'espoirs et de paranoïa. Pour donner un exemple, le titre de l'album vient d'une chanson des punks Nausea, où Walter avait mal compris "Distant Populations" à la place de "destitute populations" : la déformation est restée, s'enrichissant d'un croustillant sens caché.

Pour en revenir à la musique, j'ai noté avec amusement que Quicksand joue aussi avec des influences passées (Radiohead sur le bidouilleur "Brushed", ou Dinosaur Jr sur les parties de chant les plus calmes), ou présentes (Deftones sur le nostalgique"EMDR", que Sergio a rejoint à la basse depuis le décès de Chi Cheng, Glassjaw avec la vibe dub de "katakana").

A la première écoute, j'avais ressenti une certaine redondance de trente ans dans leurs riffs syncopés à la Helmet qui auraient été joués par un groupe de grunge. Mais il faut bien avouer que très vite, à force de le passer en boucle, "Distant Populations" fait la jonction entre nostalgie des années 90 et éclectisme actuel, avec un côté direct et spontané rafraîchissant. Comme si la révolte n'avait pas cédé à l'usure des années. Comme si le temps passait sans vraiment détruire les choses.

2 Commentaires

6 J'aime

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Chab - 16 Septembre 2021:

Effectivement, un album un poil plus direct que le précédent que j'avais eu du mal à appréhender (mais je l'ai apprécié avec le temps). 

Dans tous les cas, ce Distant Populations est une belle pioche et le groupe a l'air d'être sur une belle pente (soucis de line-up/problèmes judiciaires mis à part). 

Merci pour la chronique en tout cas !

JeanEdernDesecrator - 21 Septembre 2021:

De rien, c'est un plaisir de le faire partager. J'avais peur qu'ils se soient assagis, et ils ont bien rectifié le tir !

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