Nouvel entrant dans le si convoité registre metal symphonique à chant féminin, ce jeune combo belge cofondé par la chanteuse et claviériste Emmelie Arents et le bassiste Quincy Van Overmeire entend, en toute légitimité, essaimer ses riffs et faire plus largement entendre sa voix. Dans ce projet rock'n'metal mélodico-symphonique gothique aux touches heavy et moderne, conjuguant habilement des sources d'influence aussi éclectiques que
Delain,
Evanescence,
Within Temptation,
Lunatica,
Blackbriar et
The Birthday Massacre, seront prestement sollicités les guitaristes Jean-Paul ''JP'' Lafargue et Johan Van Criekingen, sans oublier Ashley ''
Ash'' Ysewyn, derrière les fûts. Conscient des risques courus à se lancer tout de go dans la bataille mais mû par une sérieuse envie d'en découdre, le groupe ne saurait rester durablement dans l'ombre...
Ainsi constitué, c'est en 2016 que le quintet commencera à sculpter ses initiales portées, portées qu'il finalisera et inscrira dans la foulée au sein de son premier single, « Fade Away », un poignant effort, au demeurant, favorablement accueilli par la critique, qui lui vaudra de se voir signé un album chez
Mausoleum Records. Etat de fait qui n'empêchera nullement l'inspiré collectif d'apposer sa patte sur la majeure partie des phases logistiques, techniques et esthétiques de son premier mouvement, «
Disappear », sorti un an plus tard, à peine. Aussi, jouissant chacune d'un mastering estampé Tony De Block (Midas Recording studios). les 11 pistes de la galette n'accusent pas l'ombre d'une sonorité qui en affadirait la teneur argumentative. Mais embarquons plutôt à bord de la caravelle, en quête de quelques pépites placées çà et là sur notre parcours...
C'est sous le joug de ses passages les plus enfiévrés que le combo marquera ses premiers points, non sans de sémillantes offrandes au programme. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le refrain catchy exhalant des entrailles de l'entraînant et ''delainien'' « Blame » happera le tympan du chaland ; un hit en puissance doté d'une mélodicité toute de fines nuances cousue et mis en habits de lumière par les angéliques impulsions de la frontwoman qui, assurément, poussera à une remise en selle sitôt son ultime mesure envolée. Dans cette énergie, « Paralyzed » joue, lui, sur les effets de contraste atmosphérique et rythmique pour essaimer ses portées. Et la sauce prend, là encore. On ne saurait davantage éluder le mid/up tempo «
Eternal Flame » tant pour ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait que pour sa violoneuse assise. Et ce, même si l'on pourra regretter l'insipidité mélodique des 30 dernières secondes du méfait. Mais là n'est pas l'ultime argument de nos belligérants pour asseoir leur défense...
Quand la cadence se fait moins alerte, la troupe parvient non moins à nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, « Fade Away », mid tempo heavy mélodico-symphonique à la confluence entre
Delain et
Evanescence. Pourvu de riffs épais et roulants, d'ondulantes rampes synthétiques et de délicats arpèges au piano, et mis en exergue par les graciles inflexions de la sirène, l'enivrant méfait ne se quittera qu'à regret. Dans cette mouvance, nourri d'un grisant riffing organique que l'on croirait issu d'un
Within Temptation de la première heure et voguant sur un sillon mélodique des plus invitants, le mid tempo «
Morrigan » retiendra non moins le féru de la formation néerlandaise. Jouant sur les effets de contraste atmosphérique pour tenter de l'emporter, ses riffs brouillasseux alternant avec des passages à la lumière bien plus vive, le ''delainien'' «
Burn », quant à lui, ne se domptera qu'au fil des écoutes. Dans cette lignée, on pourra, enfin, s'orienter vers « Turn Away » au regard des stridulations de sa flûte enchantée et de son refrain certes un brin répétitif mais des plus entêtants.
Lorsqu'ils nous mènent en d'intimistes contrées, nos compères se muent alors bien souvent en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, en premier lieu, « Fly », ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient probablement reniée ni
Delain ni
Lunatica. Inscrivant un infiltrant cheminement d'harmoniques dans sa trame et mis en habits de soie par les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié fera plier l'échine à plus d'une âme rétive au moment même où il enchantera le pavillon de l'aficionado du genre. Sous-tendu par de sensibles gammes pianistiques, «
Disappear », pour sa part, se pose tel une power ballade d'une charge émotionnelle difficile à contenir. Jouissant d'enchaînements intra piste ultra sécurisés et encensée là encore par les cristallines patines de la princesse, cette chavirante ritournelle à mi-chemin entre
Blackbriar et
The Birthday Massacre se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Instillée à son tour de troublantes séries de notes échappées du maître instrument à touches, la ''delainienne'' ballade « In My Mind » s'assimile, elle, à un slow qui emballe, que l'on ne quittera pas d'un iota. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses inscrites dans les gènes de « In the
Dark » ? Gracieuse et recelant un flamboyant solo de guitare à mi-morceau, c'est non sans élégance que cette ballade au carrefour entre
Lunatica et
Evanescence referme la marche.
Au final, le quintet belge nous livre une œuvre à la fois fringante, voire scintillante, aérienne, romantique, un brin énigmatique, que l'on se repasserait volontiers en fin de parcours. Varié sur le plan rythmique, doté d'une production d'ensemble plutôt soignée et laissant entrevoir un réel potentiel technique et des lignes mélodiques finement sculptées, ce premier opus se parcourt de bout en bout sans encombres. D'aucuns auraient sans doute espéré un propos un poil plus enflammé qu'il n'apparaît et variant davantage ses ambiances comme ses exercices de style, fresques et autres instrumentaux manquant ici à la panoplie du combo. Il lui faudra encore s'affranchir de l'empreinte de ses maîtres inspirateurs pour conférer davantage d'épaisseur artistique à son projet. Mais nos compères ont encore bien le temps d'affûter leurs armes. L'originale combinaison de styles que rien ne semblait rapprocher démontre néanmoins la capacité du collectif à autonomiser sa démarche. Louable effort, s'il en est. Peut-être bien la première page d'une histoire au long cours...
Note : 14,5/20
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