Revenons en 1998. Alors que l'univers symphonique de la scène Black
Metal scandinave nous gratifie de sorties variant entre le culte et le très bon depuis le passage de la tempête "In The
Nightside Eclipse" en
1994, le monde du metal a alors vu l'essor de plusieurs groupes, dont la renommée n'est plus à faire aujourd'hui, durant les quatre années suivantes entre le ténébreux "
Enthroned Darkness Triumphant", le somptueux "
Moon In The Scorpio" et les premières offrandes d'
Old Man's Child.
Mais alors que le monde est soufflé une fois de plus par l'imposant "Anthems...", que
Setherial se réoriente vers un style plus classique à la brutalité suédoise et qu'
Obtained Enslavement travaille d'arrache pied à sortir un digne successeur à "
Witchcraft" il est temps pour nous d'aller faire un tour aux Etats-Unis et d'assister à la naissance d'un quatuor bien décidé à implémenter dans la scène extrême de son pays natal une touche de symphonie reprenant certains codes norvégiens, mais diffusant tout de même à travers leur œuvre une identité qui leur est propre, leur permettant de se faire leur propre nom dans le domaine de l'underground et une petite place parmi les espoirs du genre au début du XXIe siècle.
Blood Stained Dusk dut attendre l'an 2001 afin que les efforts fournis lors de leur première demo et d'un EP soient enfin récompensés par
Baphomet Records. Le groupe, alors composé de Dageth (R.I.P), Oroan, Profana et
Agares (membre session au poste de guitariste), nous offre au sein de ce
Dirge of Death's Silence un lot de sept titres à tiroir disposant d'un riffing lugubre se mêlant aux nappes de clavier et à une batterie variée dans le rythme, ne se taisant jamais entre blast et tempo lent afin de former un tout homogène et logique faisant de ce premier album un début prometteur pour ce groupe en phase ascendante.
"
Moon Behind The Storm" se chargera de poser le décor tout autour de l'auditeur au cours d'une courte introduction acoustique laissant ensuite la place au vrai visage de l'album. La fusion entre les guitares arborant un riff entraînant et assez recherché et le synthé aux notes éthérées distillant une atmosphère brumeuse emplie de folie douce sous les blasts de Profana ne relâchera pas l'auditeur curieux et avide de mélodies macabres durant toute la durée de l'album. Si ce premier aperçu n'est pas sans vous rappeler ce que In the
Nightside Eclipse offrait et bien vous avez raison. Ce riffing effréné formant un tout avec les claviers est assez proche dans la forme de ce qu'offrait le premier album de l'empereur défunt et en imprègne un peu le fond pour ce qui est de l'atmosphère.
Ceci dit, BSD n'en dispose pas moins de sa propre "pâte" et dire qu'ils seraient des clones serait injuste et même faux ainsi que dire qu'ils sont la relève des norvégiens serait les surestimer.
Le deuxième titre, "Bringer Of Everlasting
Damnation" le prouvera d'ailleurs en mettant la basse et les blasts plus en avant et en incorporant des breaks dont ils ont la recette, cassant le rythme sans déranger l'ambiance, et qu'on retrouvera dans la suite de leur discographie.
Pour ce qui est du chant, la voix de Dageth se situe sur cet opus entre le chant malsain proche d'une mystérieuse créature d'
Ihsahn et à la fois criard dans le style de Dani
Filth période "
Dusk And Her Embrace". Autant vous dire que son timbre vocal colle tout à fait au style pratiqué ici et que l'homme ne se gêne aucunement à vociférer ses lyriques blasphématoires, voir même sataniques, pouvant varier d'un chant clair et parlé lors d'interludes comme sur "Renounce
The Dawn" ou "Vastland Of The
Empire Lost" ou tenir de longues minutes de hurlements sur "The
Infernal Praise"
Pour certains, une cinquantaine de minutes d'écoute pour sept pistes pour s'avérer un peu difficile, heureusement, tel que je le disais plus haut, les variations sont de mise afin d'éviter le piège de la redondance et ainsi éviter un ennui fatidique à l'auditeur quant à son appréciation de l'album. Certaines seront plus brutales telle que celle sus-citée ou bien les musiciens arriveront à nous offrir un riff évoluant sans arrêt comme "Sanguinas
Path - The
Blood I Follow" qui s'avère être une des pièces maitresse de l'album distillant toujours la même recette, mais ici doté d'une beauté accrue où chaque instrument s'exprime suivant son désir de l'instant présent ou libérant la folie qu'il contenait alors, laissant s'échapper des frasques de rages et de crescendo uniquement lorsque cela lui était permis, la production des Soundworks Studios s'avérant alors être de bonne qualité.
On peut donc dire que cette première sortie officielle est de fort bonne facture et annonce une suite de qualité comme le groupe le prouvera quelques années plus tard. Le rapprochement avec le premier
Emperor pour certaines parties en ravira certains et en rebutera d'autres, mais gardons à l'esprit que le groupe se distingue bien suffisamment de la créature d'
Ihsahn et Samoth pour que ce soit un réel défaut ou un avantage de taille.
Par ses compositions de qualité, le sérieux présent dans la musique et le potentiel dont le groupe semble jouir, mais qui n'est pas totalement exploité ici,
Blood Stained Dusk arrive à offrir un souffle d'air frais aux plus curieux et un album tout à fait correct pour une première sortie. Espérons qu'à l'avenir le groupe jouisse d'une plus grande renommée car celui-ci le mérite au vu des efforts produits même si ça ne concerne que trois albums.
Val'.
Très bonne chronique par ailleurs, comme d'hab dira-t-on ;)
Si tu veux des morceaux conseillés quelque soient les albums ou des détails n'hésite pas à me demandé par MP.
Cela vaut pour qui veut.
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