Liste des groupes Metal Symphonique Dilechmoor Dilechmoor

Encore un énième groupe de metal symphonique à chanteuse, et sans doute promis à un avenir incertain, me direz-vous, et vous auriez raison... Toutefois, à la différence de nombre de ses homologues stylistiques, ce jeune et valeureux quintet allemand s'inscrit dans une mouvance metal mélodico-symphonique alternative folk celtique à tendance progressive. Une façon originale de se démarquer d'une féroce concurrence n'ayant de cesse d'inonder ce registre metal. Prudents dans leur démarche, Ines (frontwoman), Ian (violon), Flo (guitare), Shota (basse) et René (batterie) nous transportent alors dans un intrigant univers roots, peuplé de chimères et autres fantasmagoriques créatures, semblant ainsi répondre à l'appel des dieux. Aussi, tant les fervents partisans de Nighwish et consorts que les fans de Lyriel et autres Elane, se retrouveront dans cette laconique mais réjouissante offrande.

Ce faisant, cet initial message musical sorti un an à peine suite à la création du combo teuton se nourrit d'amples et sémillantes orchestrations dictées par de fines et complexes portées inscrites dans chacune des 3 partitions de l'opus. Fait remarquable : cet introductif et éponyme EP se dote déjà d'un mixage équilibrant parfaitement les parties instrumentales et vocales entre elles tout en témoignant d'un certain souci du détail acoustique. Il en ressort ainsi une ingénierie du son susceptible de taquiner celle des formations montantes du genre. De quoi mettre en relief les vibrantes et joviales compositions auxquelles nous convie le collectif germanique.

Le combo allemand marque ses premiers points à l'instar de son passage le plus tonique, combinant judicieusement les styles. Et ce, tout en préservant une identité certes encore en construction mais déjà suffisante à le singulariser. Dans cette veine, le tonnerre gronde, l'orage menace sur l'altier et incandescent « The Prince of Dilechmoor », piste folk symphonique dans la lignée d'un Lyriel des derniers émois assorti d'un zeste de Nightwish et quelques relents de Dark Sarah. Aussi ne mettra-t-on pas bien longtemps à entrer en phase avec les éléments telluriques de ce fringant et poignant champ de turbulences. Mis en exergue à la fois par les célestes envolées d'une soprano bien inspirée et les captateurs gimmicks d'une lead guitare enfiévrée, le morceau gagne en épaisseur instrumentale au fur et à mesure de notre parcours. Sans oublier les enivrantes ondulations d'un insolent et un tantinet frivole violon, d'une précision difficile à prendre en défaut. C'est dire qu'à l'aune de ces sulfureuses et grisantes séries de notes en cascade, l'émotion ne sera pas laissée pour compte, loin s'en faut.

Lorsqu'il ralentit le tempo, le quintet ne s'est pas non plus montré maladroit, réservant même quelques surprises à la clé. Mélancolique, le sensible et chavirant violon corrobore « Flying», ravissant et délicat mid tempo symphonique à l'élégante touche folk, avec de faux airs d'un Leaves' Eyes des premiers émois couplés à quelques accents empruntés à l'atmosphère celtique d'Elane. Le tout drapé d'impulsions oratoires des plus subtiles de la déesse qui, sur un refrain des plus immersifs, parvient à nous toucher d'un battement d'aile en plein vol. C'est à un tourbillon de saveurs exquises auquel on peut s'attendre à la découverte de cette entraînante ritournelle. Une manière habile de nous retenir et de faire un voyage spatio-temporel en quête des traces de nos origines... Dans cette mouvance rythmique s'inscrit l'affriolant et sensuel « Breathe in », titre folk prog aux riffs corrosifs et aux arrangements nightwishiens visant résolument à nous faire toucher du doigt le point de non retour. Ce dont il parvient sans avoir à forcer la main.

A l'aune de ce premier essai à la production soignée mais non aseptisée, la sarabande révèle un potentiel technique susceptible de pérenniser son projet, même si le versant artistique doit encore s'étoffer pour lui asseoir une indéfectible aura. Quoi qu'il en soit, une heureuse symbiose des styles semblant constituer la marque de fabrique du collectif teuton nous attend ainsi qu'une rigoureuse restitution de chacune des portées de chacune des 3 partitions de la menue rondelle. Si l'on ne décèle pas un foudre de guerre et qu'une variété des exercices de style eût été souhaitable, l'attention du chaland est maintenue de bout en bout durant le quart d'heure que compte le présent propos. Mais nous n'en sommes encore qu'aux balbutiements, déjà bien orchestrés, du jeune combo allemand. Selon votre humble serviteur, il se pourrait que l'on ne soit qu'au premier épisode d'une longue saga. Affaire à suivre, donc...