Quelques mois à peine se sont envolés suite à un introductif et saisissant EP que le combo teuton remet le couvert et, curieusement, sur un même modus operandi. En effet, tout comme son prédécesseur, ce second EP livre également 3 titres sereinement enchaînés sur un parcours d'un quart d'heure tout au plus et octroyant, de façon originale, un metal mélodico-symphonique d'inspiration folk et à la touche prog. Toutefois, oscillant toujours entre
Nightwish et
Lyriel, en passant par
Dark Sarah,
Therion et
Elane, le groupe allemand, à l'instar de cette nouvelle et modeste proposition, a densifié ses lignes vocales par l'insertion plus marquée de choeurs, affiné le trait mélodique et dynamisé le mouvement d'ensemble. Et ce, sans se départir d'un omniprésent et rayonnant violon électrique, celui-là même s'étant substitué à de traditionnels claviers pour conférer à cette offrande, comme à son aînée, son heureuse combinatoire sympho et folk.
Ainsi, Ines (frontwoman),
Ian (violon), Haig (guitare), Shota (basse) et René (batterie) nous transportent en des temps immémoriaux en quête de traces de nos origines, sous couvert d'une production à la logistique soignée, laissant peu de place à quelque gênante irrégularité. Aussi, à l'image de son précédent effort, cet humble message musical se veut envoûtant, charnel, quelque peu émoustillant et laissant dans son sillage un doux parfum de mélisse, sous couvert d'un mixage équilibré et de finitions passées au peigne fin. Cela étant, en l'espace de quelques mois seulement, il semble déjà qu'une marque d'évolution, touchant tant à ses arrangements qu'à ses harmoniques, pointe le bout de son nez. Mais entrons plutôt dans la petite goélette pour en déceler quelques indices révélateurs de cette tendance et surtout s'imprégner de cet ailleurs que d'aucuns, y compris parmi les plus fervents aficionados du genre, en mal d'exotiques saveurs, seraient en passe de requérir aujourd'hui plus qu'hier...
Comme pour nous remémorer ses accords passés tout en ayant élevé le niveau de ses prérogatives, le collectif teuton a conservé ses recettes mélodiques faites de subtiles et magnétiques nuances sans omettre d'insérer quelques touches de modernité dans ses portées. Ce qui s'en ressent dès les premières mesures. Aussi, c'est sur des charbons ardents qu'il nous accueille, ayant parallèlement pensé à harmoniser les tendances stylistiques. Sachant conjuguer un dense brassage orchestral et les gracieuses et aériennes impulsions de la soprano, nos valeureux gladiateurs marquent là déjà leurs premiers points. Ainsi, un fin legato à la lead guitare entame l'entraînant « We Rule the World », piste sympho aux accents folk, à la soyeuse mélodicité nightwishienne et octroyant de subtiles et alléchantes variations, avec de faux airs de
Dark Sarah en substance. Pièce polyrythmique à la fois joviale et captatrice d'émotions sur laquelle s'égrainent des chapelets de célestes et puissantes inflexions dispensées par une sirène bien inspirée. S'autorisant même à flirter avec les notes très haut perchées, jusqu'à atteindre l'ultime, inatteignable pour la plupart de ses consoeurs, la jeune interprète éblouit par sa faculté à déjouer les pièges contenus dans cette partition aux portées complexes, abondant en séries d'accords parfois inattendues et en changements de tonalité, ceux-là même conférant à ce brûlot toute son originalité. Sans oublier l'omniprésence de ce violon, éminemment saillant et infiltrant.
Assurément un coup de maître octroyé par le combo allemand.
Mais la sarabande ne s'est pas contentée de faire peau neuve en rendant son propos plus magnétique et confondant qu'il ne le fut naguère. Aussi, elle a notamment opté pour l'octroi d'un inédit champ de contrastes sur le plan vocal. Ainsi, une armée de choeurs s'insère au sein de l'opulent et troublant « Killing Emotion », délicat et somptueux mid tempo symphonique aux allures d'un hit en puissance. Et ce, ce qui n'est pas le moindre de ses mérites, sans avoir cédé aux chimères d'une trop évidente mélodicité pour tenter de nous rallier à sa cause. Au-delà de ce constat, quelques prises de risques dans les notes en voix de tête se font jour mais s'avèrent parfaitement assumées par une soprano aux limpides volutes oratoires, d'une confondante justesse et que rien ne semble pouvoir perturber. De belles gradations d'un corps vocal à l'unisson ne manqueront pas leur cible, venant nous chercher dans notre for intérieur, le plus naturellement du monde. A mi-chemin entre
Lyriel,
Xandria et
Therion, cet instant de félicité se dote d'une instrumentation légère et progressive, tout en conservant une dynamique de fond susceptible de maintenir l'intérêt constant. C'est dire que la sauce prend, rapidement, une fois encore...
Ce serait omettre le troisième et dernier acte, à la fois puissant et frissonnant effort mettant en regard les graciles patines de la belle et une pléthorique et fringante instrumentation, enivrant schéma conférant à l'ensemble une touche opératique. Ainsi, l'opulent, chevaleresque et progressif « Gemstone of
Eternity », dans la veine atmosphérique de
Lyriel, avec un zeste de feu
Rawkfist sur l'axe vocal et Blackmore's
Night eu égard au cheminement harmonique, se révèle être un grisant moment, nous faisant flirter avec de vastes espaces dénués de toute contingence matérielle. On déambule alors au sein d'une foisonnante forêt instrumentale, d'où émerge une violoneuse et énigmatique présence, pour un parcours épique et réservant quelques surprises que les amateurs de cette originale et efficiente combinatoire sympho-folk-prog sauront ne pas éluder. Quant à la maîtresse de cérémonie, par ses lumineuses et angéliques modulations, elles-mêmes calées sur une ligné mélodique immersive à souhait, elle a contribué à rendre cette piste plus poignante qu'elle ne l'est déjà, allant jusqu'à tutoyer les étoiles en bout de parcours. Une manière aussi plaisante qu'élégante de boucler la boucle.
Force est de constater que cette modeste rondelle, sans pour autant réinventer le genre, recèle quelques trésors enfouis que les amateurs du genre se feront fort d'aller déterrer. Certes, il est encore prématuré, à l'aune de ses deux premiers bébés, d'asseoir le combo parmi les valeurs montantes de son registre d'affiliation. Mais un réel potentiel technique et un sens aiguisé de l'esthétique mélodique seront susceptibles de retenir plus d'un tympan familiarisé à cette souche metal. De plus, l'heureuse et jouissive conjugaison de styles, accolée à une émouvante empreinte vocale et un violon ô combien hypnotique, apporte un supplément d'âme à œuvre vitaminée et un tantinet originale. Bref, on comprend qu'en dépit d'un manque de diversité atmosphérique et rythmique, le collectif teuton a déjà une belle carte à jouer à l'instar de ce second message musical. Jamais deux sans trois, dit-on...
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