S'offusquer de l'omniprésence de ballades sur une œuvre de
Hard-FM ou de
AOR, tout comme d'ailleurs s'étonner d'y entendre une surenchère harmonique délicieusement mélodique, serait la démonstration la plus manifeste de l'inculture crasse de votre modeste obligé concernant ces genres-là. Une erreur grossière qu'il sera commode d'éviter mais qui ne nous empêchera assurément pas d'élever la voix contre quelques autres griefs dont s'alourdit le troisième album des Allemands de Châlice. Un opus sorti en 2000 et baptisé Digital
Nation.
Et, justement, à propos de griefs que nous pourrions nourrir à l'égard de ce disque ne nous nous embarrassons pas de l'ensemble et parlons du plus rédibitoire : sa production déséquilibrée et fatiguée. Ce travail, mettant bien trop en retrait les guitares et offrant aux grosses-caisses de batterie des sonorités étrangement artificielles, sèches et perturbantes, du moins quand elles ne s'expriment pas au milieu d'autres instruments, le dessert incontestablement.
Quoi qu'il en soit, pour peu que l'auditeur parvienne à oublier ces manquements sonores, cet opus démarre sur un étonnamment sémillant, pour le genre tout du moins,
Digital Boulevard. Voix aigues doux, à placer quelques parts entre celle de Stefan Kaemmerer (
Frontline), celle de David Forbes (
Boulevard) et celle de Tony Mills (Ex-
Siam, Ex-
TNT), refrains peaufinés, arrangements travaillés et compositions affinées, tout y est. Seule cette surprenante vivacité et cette intéressante énergie nous étonnent agréablement. Une intensité qui transcendera quelques peu ce titre mais qui, malheureusement, dès lors qu'elle s'éteindra, nous laissera dans une certaines déconvenue. Des titres tels que Heartbeat's Draggin' ou encore tels que Media Cowboy parviendront bien à maintenir un temps l'illusion de cette bonne impression, cependant, invariablement, la morne routine habituelle offerte par ce groupe finira toujours par nous rattraper.
Et ce ne sont certainement pas les breaks très Pop Rock, un peu, toute proportions gardées, à l'instar de certains passages de
Message in the Bottle (The Police - Reggatta de Blanc (1979)), de
Seven Seas ou celui à vocation "symphonique" (les guillemets s'imposent plus que jamais) de The Mirror, ni même les parties "Progressifs" où la voix de Gino Naschke nous proposera des constructions imitant subrepticement, et maladroitement, les volutes d'un d'André Matos (Ex-
Angra, Ex-
Shaman), voire d'un
Fish (Marillion) d'un Forever Strangers, qui réussiront à nous extraire de cette langoureuse torpeur.
Une indolence alanguie qui bientôt deviendra énamourée alors que Châlice s'exprimera au travers de ballades. Au nombre de trois, ce qui est plutôt peu dans le style et qui est donc plutôt louable, Hold on to the Years,
Two World's
Collide et The
Rain is Gone ne constitue en aucun cas le meilleur du genre. Ni même le pire d'ailleurs. Elles s'en vont comme elles sont venues en somme, sans grand bruit.
Si le propos de ce nouvel opus est globalement meilleur que celui de son prédécesseur, sa forme, et notamment sa production, demeure très insuffisante. Et les quelques idées intéressantes de ce Digital
Nation, troisième album des Allemands de Châlice, ne parviendront pas à sauver ce disque du naufrage.
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