A Night in Texas fait partie de cette émergence de formations australiennes des années 2000 de musique « core ». Si le quatuor n’a pas forcément eu la notoriété escomptée, principalement due à sa création tardive, il n’en reste pas moins un groupe de confiance. A travers ses quatre premiers opus, malgré un death plutôt conventionnel, nos musiciens n’ont jamais trahi leurs commandements et entretiennent une griffe quasiment disparue. Sans s’engouffrer dans des stéréotypes bien familiers, le collectif doit son intérêt à une composition étoffée ainsi qu’à une aisance épatante. Le cinquième disque des Australiens intitulé
Digital Apocalypse ne déroge d’ailleurs aucunement à cette institution.
Publié sous la maison de disque Unique Leader Records après un double album en autoproduction, nos artistes poursuivent leur conquête d’un deathcore classique sur la forme mais riche sur le fond. Grâce notamment à un riffing raffiné et des percussions complexes, notre combo évite le piège du prévisible et de la monotonie pour nous initier dans une réalisation pleine d’adresse. Dès le morceau d’ouverture Programmed To
Suffer, on perçoit assez rapidement cette habileté à la batterie avec quelques passages qui s’apparentent matériellement à du death technique. D’ailleurs, la production est loin d’être étouffante ou potelée, ce qui permet un discours davantage compréhensible et envoûtant. Le breakdown défend cette idéologie avec des riffs certes graves et incisifs mais qui ne basculent pas dans une extrême lourdeur ou lenteur.
Les Australiens ont aussi un coup d’avance grâce à des atmosphères orientales chatoyantes, un esprit symphonique qui nous fait penser indéniablement à du
Shadow Of Intent. Ces évocations arabiques s’extériorisent par quelques lignes vocales féminines certes discrètes mais qui pointent le bout de leur nez sur trois titres que sont The
Destruction Of Everything, The Chamber et
Engraved In Time. L’orchestration est également mise à contribution avec des claviers qui renforcent cette ambiance orientalisante. Afin de parfaire ses influences, nos musiciens les agrémentent de délicieux soli techniques, sans altérer l'aspect mélodique. Les performances vocales n’ont pas réellement un objectif de distraction ou comme but d’impressionner mais elles demeurent en adéquation avec la sobriété de notre quatuor.
On regrette cependant que le vocal soit aussi prépondérant dans les compositions, ce qui empêche parfois la musique de pouvoir pleinement s’exprimer. Sur un
Apex Of
Agony, le chant est absent seulement une dizaine de secondes, le temps d’un solo, et cause involontairement une surabondance musicale et une surcharge d’informations. L’étiquette traditionnelle de la formation australienne ne joue pas non plus en sa faveur avec des chansons aux tendances redondantes. La plume est semblable entre les morceaux avec une batterie effrénée, des riffs copieux, des solos d’une précision à toute épreuve et d’une prestation vocale intraitable. Si l’efficacité des titres est indéniable, reste qu’aucun d’entre eux ne sort véritablement du lot, ce qui est d’autant plus frustrant puisque la formation a toutes les clés pour séduire.
Digital Apocalypse s'impose comme un cinquième disque fidèle aux racines du deathcore technique et parvient même à amener une touche de sophistication qui lui permet d’éviter les pièges de la répétitivité.
A Night in Texas s’appuie sur une composition méticuleuse, portée par des riffs mordants et une batterie habile qui garantissent une certaine vitalité à l’opus. Malgré des structures qui peuvent sembler parfois académiques, l'album réussit à se démarquer par des attraits orientaux et symphoniques qui apportent une réelle profondeur. Certes, le choix de mettre autant en avant la performance vocale tend à étouffer la plupart des compositions, et la rédaction des titres mériterait davantage d’enrichissements. Néanmoins, l'œuvre incarne une musique authentique et travaillée, et confirme que, même sans révolutionner le genre, notre quatuor australien sait parfaitement en exploiter les nuances et enrichir astucieusement son univers sonore.
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