L'appellation "Supergroupe" a toujours résonné comme un gage de qualité pour la plupart des metalleux, croyant en une formation légendaire, rassemblant à la fois des musiciens expérimentés et motivés à offrir une musique sortant de leurs formations initiales. Mais pour d'autres, le mot équivaut aussi à une musique commerciale, n'ayant pour but que d'attirer le maximum d'auditeurs, afin d'en dégager un profit bien supérieur à tous les groupes underground qui puissent exister dans le metal. Récemment, la bonne surprise avait été la formation de SuperHeavy en 2011 avec notamment Mick Jagger et Dave Stewart ou encore, dans un tout autre registre, le metalcore de AxeWound avec Matt Tuck et Liam Comier.
Formé en
2012 par l'ex-Disturbed, David Draiman et l'ex-
Filter, Geno Lenardo,
Device s'accompagne très rapidement de deux membres additionnels live ayant eux aussi, une carrière musicale bien remplie, puisque
Will Hunt fait également partie de
Evanescence,
Dark New Day et a déjà joué aux côtés de
Crossfade, tandis que
Virus joue au sein du groupe de metal industriel
Dope. Force est d'avouer que le line-up a l'air alléchant.
Pourtant, et malgré un succès immédiat auprès des fans, l'inspiration manque cruellement sur ce premier effort et laisse un goût d'inachevé. Ce qui n'est visiblement pas le cas sur le single "Vilify" où le chant tellement caractéristique de David Draiman fera même penser à du Disturbed sans les touches électroniques. On retiendra donc volontiers ce très bon titre, aussi entraînant qu'inspiré.
Mais à l'écoute de cet album, on se rendra vite compte que seul les trois premiers morceaux "You Think You Know" - "
Penance" (démarrant avec le célèbre nahanaha de Draiman) et "Vilify" sont réellement efficaces voire même intéressants. Le reste n'est que peu transcendant et ce premier opus éponyme laisse ressortir de mauvais choix d'invités ne collant pas avec la personnalité et le style de
Device comme c'est le cas pour Lzzy Hale de
Halestorm et son "
Close My
Eyes Forever" d'une fadeur déconcertante.
Même sur "
Out of Line" en collaboration avec
Serj Tankian, accompagné de Terry Butler (
Obituary,
Massacre) à la basse, le résultat n'est que peu satisfaisant puisque les invités ne sont pas assez mis en avant et on aura l'impression que Tankian n'arrive pas à s'approprier les passages qui lui sont dédiés. Ce qui pourrait supposer que les invités sont là, sans vraiment y être. Comme absents du morceau ou cantonnés comme simples décors d'un arrière-plan. Néanmoins, la présence de M. Shadows sur "
Haze" se veut plutôt bénéfique puisque le duo fonctionne et est en harmonie avec l'instrumentation, ce qui motivera Draiman à un solo étonnant et diabolique (cf. à partir de 03:08).
Tandis que Draiman aura du mal à se détacher de Disturbed et à se créer une nouvelle identité avec
Device, il nous montrera une fois de plus qu'il n'est pas le plus à l'aise dans le metal industriel sur "Hunted" avec une instrumentation et des sons électroniques qui ne sont pas en accord avec la voix (déformée parfois) - laissant une sensation particulièrement désagréable pour l'auditeur qui s'attendait à recevoir des compositions nettes et bien pensées.
Avec ce premier album,
Device restera le moins industriel de tous les groupes de metal industriel car point de gros riffs, l'instrumentation reste basique et parfois même reléguée au second plan, ni même de sons électroniques marquants comme c'est le cas chez
Ruoska, ici on n'est bien loin du compte. Le groupe ne peinera sans doute pas à décoller étant donné le très bon line-up proposé, mais nombreuses sont les erreurs qui composent l'album : mauvais choix d'invités, instrumentation peu développée, titres peu intéressants... Une grande déception donc, et même les bonustracks seront presque plus efficaces que la majorité de l'album (surtout la cover de
Nine Inch Nails "
Wish") et même "A Part of Me" livrant une instrumentation à la fois marquante et puissante. Néanmoins, si un morceau était à retenir, ça serait sans nul doute "Vilify".
On retiendra une chose, un grand disque ou même ne serait-ce qu'un bon disque, ça se fait avec de l'inspiration avant tout.
Du coup, je pense que j'essayerai de trouver du temps pour Nine Inch Nails, car la reprise m'a bien plu, d'autant plus que j'ai souvent entendu du bien de ce groupe (tous conseils sur quel pièce de leur discographie choisir sont les bienvenus).
Puis, décéption : l'album aurait gagné 2 points de plus (pour moi : je sais, c'est beaucoup) en mettant A Part of Me (niveau créativité, on est au-dessus de la moyenne de l'album) et Recover (dont le chant me fait penser aux 2 premiers morceaux sans copier pour autant et donc sans etre désagréable, et qui, ici, ne fait pas passer les éléments éléctro pour de simples accessoires) dans l'edition classique, en mettant Hunted en bonus et en finissant par le NIN.
Au moins, je retrouve plus de Device que de Disturbed avec ces chansons, et je pense que Draiman fait un effort malgré tout pour chanter moins agressif qu'avec Disturbed, au profit d'un chant plus "classique" et peut-être plus technique dans son genre également (c'est vrai que les similitudes sont présentes, mais on peut voir une belle marge de progression se profiler de ce coté-la).
Enfin, merci encore pour ta chro' qui m'a grandement aidé, je pense, à juger cet album plus objectivement, sans pour autant délaisser l'importance première des compositions, point qui m'est le plus cher, et qui ici reste relativement efficace. Tu m'as bien fait réfléchir, Hacktivist, merci beaucoup.
Note finale : 14/20
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