Ceux qui se souviennent encore de ces heures révolus et lointaines, durant lesquelles les allemands de
Victory connurent une certaine renommée (
Culture Killed the
Native (1989), les excellents Temples of Gold (1990) et You Bought it - You Name it (1992)), ne pourront avoir oublié les intonations excessivement aigus d'un chanteur atypique. Si certains auront regretté que ces abus auront privé le Heavy mélodique, aux accents
Hard Rock très prononcés, des allemands de cette nuances indispensable au genre, tous garderont assurément le souvenir du timbre délicieusement particulier de cet espagnol, Fernando Garcia.
Ceux qui apprécièrent les travaux de cet ibérique seront ravis d'apprendre que les chants de ce
Destruction, troisième véritable albums de suisses de
Godiva, seront son œuvre. Et d'emblée, force est de constater que si l'acharnement "aigu-centré" de ce chanteur constituait indéniablement une faiblesse dans l'expression musicale qu'il défendait autrefois avec ses acolytes allemands, il constitue assurément un formidable atout dans celle qu'il défend ici avec ses complices suisses. Pour bien comprendre ce changement de point de vue radical, il nous faudra évoquer l'orientation musicale de
Godiva qui est un Heavy, à contrario de celui de
Victory, souvent rageur, rapide, énergique et terriblement moderne. L'aspect mélodique étant ici très maitrisé et très bien répartis. Mais cessons donc maintenant les comparaisons inutiles entre deux formations qui au delà de ce chanteur qu'elles ont partagées ont, musicalement, peu en commun.
Destruction est donc un album de Heavy
Metal dans lequel l'aspect mélodique n'est pas négligé. Mais dans lequel aussi certains relents agressifs font de certains titres des morceaux de bravoure que ne renieraient pas certaines de ces formations aux accointances Heavy Thrash marquées. Et dans lequel encore une certaines noirceur est latente. Toutefois ne nous égarons pas en des digressions abusives car si ces intonations plus crus, ainsi que celles plus ténébreuses, sont furtives mais présentes, elles ne sont clairement ostensibles que sur deux titres effectivement plus âpres et plus ombrageux que le reste d'un album plus homogène (
Destruction et le superbe
Hell's on
Fire).
Les autres morceaux de ce nouvel effort, bien qu'épais, profond, noirs et sérieux, pour certain, demeurent suffisamment mélodique et éloigné de ces mouvances plus extrêmes pour que les étiquettes "Thrash", "brutal" et "obscurs" ne soient que des évocations.
Cependant, loin de toutes ces considérations stylistiques, le plaisir ressentis face à ces morceaux est de rigueur. Citons donc, s'agissant des réussites de cette œuvre, les incisifs, efficaces et séduisants
Crawl in the
Night, Pedal to the
Metal, After the
War,
Inside Hell ou encore, par exemple, le délicieux Running from the
Past dont certaines volutes mélodiques, à desseins ou non, nous évoquent parfois un
Helloween ombrageux.
Peu de chose sont de nature à entacher le plaisir que nous procure ce disque et nul doute qu'en des temps moins sombres, où la multiplicité des sorties n'émoussent pas les envies d'un public constamment submergé, cet album aurait certainement trouvé un auditoire susceptible d'être conquis par cette forme d'expression. Quoi qu'il en soit ce
Destruction, en véritable victime collatéral de l'époque dans lequel il vit le jour, et malgré des qualités manifestes, restera un anonyme parmi tant d'autres. Dommage.
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