Impulsé par un vent d'inspiration renouvelée, ce quintet canadien formé en 2018 à
Vancouver s'est montré désireux d'essaimer prestement mais sans précipitation aucune ses gammes et ses arpèges, son projet témoignant dès lors d'une significative évolution artistique et technique. Aussi, porté par son introductif et solaire EP, « «
Savage Love », le combo nord-américain revient-il plus fort et sans trop tarder dans la course. En effet, un an et demi sépare l'initial et laconique effort de son successeur, le présent album full length, «
Destroyed in Delight » ; une auto-production d'une durée quasi optimale de 38 minutes où se succèdent sereinement huit pistes tout au plus, dont les trois titres issus de sa modeste aînée. A l'aune de sa fraîche et substantielle offrande, la troupe détiendrait-elle dorénavant son bâton de maréchal pour faire d'elle un sérieux opposant face aux
Beyond The Black,
Elvellon, et autres
Walk In Darkness et
Metalwings ?
Dans ce dessein, un remaniement partiel de l'équipage s'est opéré. Nous accueillent désormais à bord du navire : la frontwoman aux chatoyantes inflexions Chelsea
Rose, le guitariste/vocaliste Mark Anthony Richardson, le claviériste/programmeur/vocaliste Jamie Meyer (ex-
Devin Townsend, ex-
Strapping Young Lad (live)), le bassiste Sylvain Maltais (Anarcheon,
Omega Crom), et Chris Pallot, en remplacement de Kyle Summers (Apprentice, Gatekeeper (live)), derrière les fûts. Avec le renfort, là encore, des puissants coups de boutoir de Max Friesen. Fidèle à ses premières amours stylistiques, de cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal mélodico-symphonique gothique à nouveau dans la veine de
Nightwish,
Xandria,
Delain,
Amberian Dawn,
Autumn, et assimilés. Ce faisant, esthétique mélodique va de pair avec frondeuse rythmique, éruptives percussions avec délicatesse des harmoniques.
Co-enregistré par Jamie Meyer et Mike Slater, ce dernier ayant également assuré le mixage et la mastérisation de l'opus, le méfait jouit d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et orchestration tout en n'accusant que d'infimes sonorités parasites. Mention spéciale tant pour l'enregistrement des voix, dispensé par
Jade Weekes et James Meyer, qu'au regard de celui des lignes de batteries, réalisé aux
Kick Rox Studios par Ry Sommerton. Aussi, une belle profondeur de champ acoustique s'observe, soit un confort auditif nous intimant d'aller sans ambages jusqu'au terme de la traversée. Mais embarquons sans plus attendre et jetons l'ancre pour une croisière au long cours, en quête de quelques terres d'abondance...
Lorsque la cadence se fait vive, le collectif parvient bien souvent à nous rallier à sa cause, et ce, sans avoir à forcer le trait. A commencer par le vitaminé «
Savage Love » et l'éruptif « Anybody's Daughter » ; deux galvanisants up tempi d'obédience metal symphonique, au carrefour de
Nightwish et d'
Amberian Dawn. Pourvus de refrains catchy et d'enivrantes variations atmosphériques, ces frondeuses livraisons se dotent, par ailleurs, de grisants gimmicks guitaristiques. Renforcées toutes deux par les félins médiums de la sirène, dans un cas comme dans l'autre, une exquise ronde de saveurs se dessine. Dans cette énergie, on retiendra à la fois l'''autumnien'' « Tangled » et l'enfiévré «
Save Me », lui, dans l'ombre de
Kingfisher Sky, eu égard à leurs riffs en tirs en rafale, leurs enchaînements intra pistes des plus sécurisants et à leurs refrains immersifs à souhait. Autres gemmes à mettre à l'actif du combo canadien, donc...
Dans une orientation pop metal symphonique atmosphérique, nos acolytes marquent là encore quelques points et non des moindres. Dans la lignée de
Delain, l'aérien et néanmoins solaire « Succumb to Splendour », pour sa part, glisse le long d'une radieuse rivière mélodique. Bref, une piste au cheminement d'harmoniques certes convenu mais propice à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée, et aisément inscriptible dans les charts.
Un poil moins offensifs, d'autres espaces d'expression ne lâcheront pas moins leur proie, loin s'en faut. Aussi, ne tardera-t-on pas à entrer dans la danse à l'instar du ''delainien'' mid tempo progressif «
Destroyed in Delight ». Mis en habits de lumière par les chatoyantes impulsions de la déesse sous-tendues par des choeurs aux abois, le méfait nous octroie, par ailleurs, de saisissantes montées en régime de son corps instrumental, dans la veine de
Xandria, ainsi qu'un fin legato à la lead guitare. On ne saurait davantage éluder le reptilien et ''autumnien'' mid/up tempo « Witigo » eu égard à ses riffs épais et aux puissantes attaques en voix de poitrine de la belle, ici muée en redoutable prédatrice.
Que l'aficionado d'intimistes moments se rassure, nos gladiateurs ont su se muer en bourreaux des cœurs en bataille. Aussi, la petite larme ne saurait tarder à perler sur la joue du chaland sous l'impact des ensorcelantes patines de la maîtresse de cérémonie que recèle «
Whisper », ''nightwishienne'' ballade aux fondants refrains et calée sur une enchanteresse sente mélodique, propice au total enivrement de nos sens. Inscrivant dans sa trame d'insoupçonnés changements de tonalité, un fringant solo de guitare et suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques, l'instant privilégié aux airs d'un slow qui emballe ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Assurément l'un des points de force du combo nord-américain.
Résultat des courses : la formation canadienne signe-là une œuvre techniquement plus aboutie que son aînée, transpirant la féconde inspiration mélodique de ses auteurs, jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée, avec un petit supplément d'âme à la clé. Des exercices de style désormais plus variés et une empreinte vocale aujourd'hui plus maîtrisée et aisément identifiable complètent un tableau déjà richement orné. D'aucuns auraient sans doute espéré l'octroi de l'un ou l'autre instrumental, d'une fresque ou encore d'un duo ; espaces d'expression parfois redoutés mais souvent requis par un tympan déjà sensibilisé aux vibes de leurs maîtres inspirateurs. De plus, à l'image de son devancier, en l'absence de prises de risques qui auraient précisément démarqué le combo de la plupart de ses homologues, le poignant message musical demeure classique dans sa forme.
Toutefois, ayant enrichi, en les redessinant partiellement, les arpèges d'accords de son modeste prédécesseur, tout en ne concédant pas l'ombre d'un bémol ou d'une longueur susceptible d'interrompre le cours de la traversée, le collectif a fait quelque peu progresser son art. Et ce, au point de le voir se placer sur les starting blocks en vue de figurer parmi les valeurs montantes de ce séduisant et si exigeant registre metal. Il en a le potentiel et surtout l'étoffe. Aussi, c'est en pente ascendante que s'effectue le vol de l'escadron canadien...
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