Indiscutablement le temps aura fait son œuvre et épuré de sa substance la plus inutilement incongrue cette âme créative italienne. Ainsi débarrassée de ces scories les plus crasses et encombrantes, elle peut désormais nous offrir la quintessence d'un genre qu'elle aura sublimé avec maestria.
Parmi ces justes rescapés, on peut retrouver
Vision Divine, la formation crée sous l'impulsion du guitariste Olaf Thorsen et du chanteur Fabio Lione, qui depuis plusieurs décennies sillonne le paysage artistique pour nous offrir, avec parcimonie, son
Power Metal aux accents Prog, typiquement transalpins qui s'il s'éloigne de cette expression grandiloquente spécifique à
Rhapsody, et ses diverses déclinaisons rocambolesques, reste assez proche de l'expression défendu par
Labyrinth notamment. Pour ce faire le groupe peut d'ailleurs s'enorgueillir d'avoir eu, et d'avoir toujours encore, quelques uns des plus illustres musiciens de la péninsule ultramontaines. De ceux qui firent la renommée de certaines œuvres, et de certaines formations, par la force de leurs remarquables talents. En dehors de ceux déjà évoquées, citons ceux qui furent autrefois les acteurs de ce projet tel que Oleg
Smirnoff (
Death SS,
Eldritch...), Andrew McPauls (
Labyrinth,
Shadows Of Steel...), ou encore, tel que, par exemple, le grandiose Mat Stancioiu (
Labyrinth,
Cydonia,
Pandaemonium...) batteur méconnu s'il en qui pourtant demeure un musicien remarquable dont la discretion n'a d'égale que le talent. Bien évidemment, loin de ces ombres passées, le groupe, aujourd'hui encore, Fabio et Olaf auront su s'entourer de quelques pointures tels que le bassiste Andrea "
Tower" Torricini (
Shadows Of Steel,
Wonderland), le batteur Alessandro Bissa (
Labyrinth,
Athlantis...), le claviériste Alessio Lucatti (
White Skull...) et le second guitariste federico Puleri pour sortir ce nouvel effort intitulé
Destination Set to Nowhere.
Alors qu'en est-il donc de ce déjà neuvième chapitre de la saga d'Olaf Thorsen et de ses complices?
Musicalement si l'album n'est pas suffisant à bouleverser nos convictions, il demeure éminemment séduisant. Tant et si bien d'ailleurs qu'il nous permet aisément de voyager en des territoires plaisants aux paysages variées et efficaces. Citons les intéressants The
Dream Maker, The
Ark aux breaks bien construits, The Lighthouse, The House of the Angels et ses passages délicieusement âpre, ou encore, par exemple, Here We
Die très agressif mais pas suffisamment nouveau pour provoquer autre chose qu'un plaisir entier.
Et, en définitive, au delà de toutes les qualités évidentes et réelles de ce nouvel opus, le souci majeur viendra du fait qu'on ne parviendra pas à être totalement subjugué par ce disque qui nous laissera un sentiment étrange. La sensation diffuse d'avoir à faire à une stagnation artistique. Une stagnation certes dans l'excellence, mais stagnation tout de même.
Quelques mots encore s'agissant du thème de cet ouvrage. Ce dernier nous narre les péripéties d'un groupe d'homme désireux de reconstruire une nouvelle société plus juste et qui pour y parvenir décide de coloniser une autre planète. Une nouvelle société utopiste qui, bientôt, va être gangréné par les mêmes maux.
Seul échappatoire, s'enfuir à nouveau vers une destination inconnue. Sans volonté d'être exagérément critique, on pourra néanmoins souligner une certaine candeur dans cette histoire et un certain manque d'originalité. Ce qui, bien entendu, n'enlèvera rien, ou si peu, à la qualité de ces morceaux.
Destination Set to Nowhere est donc un album qui saura indéniablement satisfaire les plus exigeants. Un album qui, cependant, ne pourra pas s'enorgueillir d'apporter une pierre unique à un édifice majestueux au milieu duquel il ne sera qu'une très belle incrustation parmi tant d'autres.
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