Liste des groupes Metal Gothique Rosa Nocturna (CZ) Demo 2014

C'est une longue traversée du désert qu'a connue le groupe metal gothique originaire de Brno (République Tchèque), séparant de 4 ans cette nouvelle et menue production de l'initial et tâtonnant EP « V Tmach ». Cette démo 2 titres, imprégnant tour à tour un ruban auditif d'à peine 10 minutes, s'avère toutefois annonciatrice d'un virage stylistique amorcé pour le jeune collectif, optant davantage pour une empreinte power mélodique que symphonique accolée à l'assise gothique originelle. Le line up lui-même a subi de conséquentes retouches pour garder, in fine, dans ses rangs les deux guitaristes Jenda Korit'ak et Tonda 'Gabriel' Bucek, auxquels se sont récemment adjoints le bassiste Petr Sezima, le batteur Olda Hofmann et la chanteuse Zdenka Varejkova. Ce dernier effort à la logistique soignée est synonyme de remise sur les rails du combo autant qu'il a valeur de test auprès d'un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de Nightwish, Xandria, Ancient Bards, Amberian Dawn, Sirenia ou Imperia.

Dès les premières mesures, on sent que quelque chose a changé, la troupe ayant troqué le tablier symphonique pour un autre, plus orienté power mélodique. Si cet essai recèle quelques avancées stylistiques certaines, quelques écueils harmoniques ne pourront que malaisément être évités. Ainsi, des riffs gras et oscillatoires étreignent une rythmique vivifiante sur « Není čas Se Ptát », piste power mélodique gothique et progressive où les gimmicks à la lead guitare témoignent d'un legato effilé, à la manière d'Ancient Bards. En outre, une empreinte vocale chatoyante s'imbrique opportunément dans une trame riche en harmoniques et ravit le tympan sur un refrain immersif, même si elle apparaît un poil sous-mixée. Par ailleurs, les ponts instrumentaux s'ils se montrent techniquement convaincants, incisifs, finissent par emprunter des chemins de traverses mélodiquement peu sécurisants, s'étirent en longueur, nous perdant partiellement au passage. Si le résultat est en demi-teinte, la combo a d'autres armes à sa disposition pour nous pousser à prolonger le voyage.

Ainsi, on ne tarde pas à entrer plus naturellement dans la danse lorsque nos acolytes impulsent une touche symphonique à leur parterre orchestral, dans le sillage atmosphérique de Nightwish. D'inspiration power symphonique, l'entraînant et cinglant « Legenda » dissémine ses riffs corrosifs et une rythmique frelatée apte à déclencher un headbang subreptice. On suit les impulsions vocales de la belle sans sourciller, d'autant que le cheminement mélodique concocté se prête particulièrement aux modulations de la mezzo-soprano. livrant de fines nuances atmosphériques. De pénétrantes variations de tonalité, un joli solo de guitare s'imprimant sur la toile tendue, de beaux arpèges bien placés au piano parachèvent de nous convaincre d'y rester plus que de raison. Lorsque la cavalerie instrumentale s'emballe, le spectacle octroyé à nos tympans alanguis parvient véritablement à les magnétiser.

Cette menue rondelle remet en selle une formation que l'on n'attendait plus et qui lorgnerait désormais un peu plus du côté du power qu'auparavant. Il serait illusoire de penser que l'on y voit là un radical changement de personnalité, mais plutôt le résultat d'une lente évolution qui en redéfinirait le contenu. Ce faisant, l'art semble moins naturel dans ce registre qu'il ne l'est eu égard à l'empreinte symphonique combinée à l'armature gothique fondamentale du combo. Côté production, si l'enregistrement des pistes se révèle convenable, le mixage, en revanche, tendrait à étouffer les suaves lignes de chant sous un pléthorique et furieux corps instrumental. Certes, le valeureux collectif semble réinitialiser son propos, avec quelques passages bien sentis, des accords rigoureusement passés en revue, mais il en faudra plus pour espérer aspirer le pavillon du chaland en quête de sensations aussi rythmiquement jouissives que fortes en émotion. La balle est désormais dans leur camp...