Après 4 EP et 2 albums qui sentent bon le Heavy
Metal qui se fait au-dessus de la Manche,
Egonaut déroule un tapis noir pour nous ouvrir les portes de
Deluminati.
Ce troisième album offre des morceaux illustrant à merveille leur style musical, varié et particulier. Les bases de l’album ont été enregistrées en live dans les "
Bastard Sound Studios". Le producteur a ainsi voulu capturer l’énergie du groupe autant que leur musique. Sur cette production, on profitera également d’arrangements qui prennent la forme de sonorités de Mellotron et de Moog.
Avant de commencer à écouter cet album, fixez en bien la couverture. Quelques minutes suffiront pour que cet œil vous hypnotise, avant que vous ne fermiez les votres. Imaginez une pyramide noire où, dans chaque salle, vous apprécierez les différentes cérémonies à la gloire de connaissances occultes, des créatures dansantes à la lumière des flammes, et des fumées opaques.
Deluminati commence par "The Déclaration" ; un titre dont le refrain entre dans notre tête comme ces vieux tubes d’
Alice Cooper. Impossible qu’après une nuit remplie de rêves lugubres, vous ne puissiez vous réveiller sans ces paroles qui vous hantent. "The
Beholder", qui au passage est peut-être un des titres les plus courus dans cette partie là du
Metal, n’a rien à envier à un grand
Ozzy Osbourne. La voix de Fredrik y résonne étrangement comme celle du « Prince des Ténèbres ». Un magnifique clin d’œil, et des mélodies à la guitare qui n’ont pas la même couleur que celles de
Zakk Wylde, mais dont les notes sont aussi incisives et prenantes.
Dans l'ensemble, Fredrik a une voix plutôt claire qui ne manque pas de caractère. Mais comme à la guitare, il sait utiliser des effets pour teinter les titres de nuances appropriées. Il réussit même à y donner une ampleur limite "caverneuse" dans les morceaux plus lents et sombres. A la guitare, il sort ces quelques notes justes, ce genre de petites mélodies qui, augmentées du clavier vous transportent dans un monde inquiétant...Une espèce de petit théâtre dans la pénombre, sans être vraiment effrayant. Bien que "
Hex", avec certains passages de voix aux sonorités démoniaques, n’est pas en reste pour mettre vos oreilles en éveil devant ce spectacle étrange. Je dirais qu’on peut retrouver ici les ficelles au bout des doigts d’Eddie. D’ailleurs, bons nombres de solos rappellent ceux du Heavy
Metal de Iron Maiden.
Dennis et son orgue, en support de la rythmique, appuie la musique pour mettre une sacrée ambiance. Quelques mélodies nous projettent dans ces vieux films d’horreur où les nappes de l’organiste sublimaient l’image en noir et blanc. Le clavier est moins clair que sur certains titres de leurs précédentes productions. Mais ce Korg, qui nous rappelle vraiment les sonorités du
Hard Rock des années 70, parle comme une seconde guitare avec cette résonance particulière qui fait toute la différence. Dans "Pariah", il nous délivre un long run qui fonctionne presque comme une guitare solo. Sur la fin de "
Hex", on approche de l’orgue cérémonieusement dément.
La partie rythmique, basse et batterie finissent de dresser ce décor. Ils sont le cœur de ce monument sépulcral. Leur présence est indissociable des mélodies lourdes et prenantes.
Presque tous les titres tirent une corde un peu différente et ajoutent un air qui plane dans ces couloirs emplis de pénombre. "Lustitia Infernalis" est parsemée de ces petites notes qui illustreraient bien un des films de Dario Argento. D’ailleurs, la liste de quelques unes de ses œuvres auraient très bien pu figurer sur
Deluminati : Suspiria,
Inferno, Ténèbres,
Phenomena, Démons ou encore
Sanctuaire. Des histoires qui ont presque toutes plus de 20 ans. Et en écoutant bien, ce que nous donne
Egonaut ici, c’est un peu ça: Une musique aux airs anciens, mais pas trop. Des sons qui font peur, mais juste ce qu’il faut.
"Waypoints" est un final surprenant. Une intro de 2mns30, où guitare et voix saturée restent en sourdine. Puis la mélodie explose sur une partie
Doom, uniquement instrumentale, à la puissance théâtrale.
Dans ces chansons, la technique paraît moins évidente que sur les EPs, mais c’est au profit d'un univers musical qui commence à se dessiner autour de ce triangle inversé. Un album au cœur beaucoup plus
Doom et beaucoup moins Stoner Rock qu'avant. D’ailleurs, "Pariah" et "
Hex", les 2 piliers de ce temple, font penser à
Candlemass.
Deluminati a moins de pêche que les précédents albums, mais tout laisse à penser que c’est voulu ; changer la « couleur » de leur musique pour donner à ce chapitre une lumière noire.
Dans cette pyramide, tout est fait pour vous faire croire que vous allez réussir à percevoir la clarté, à remonter la pente souterraine. Mais dès que quelques mélodies vous laissent imaginer que vous vous élevez, les suivantes vous attirent vers le fond comme un sablier qui engloutit ces titres note par note.
Egonaut est peut-être, avec ce troisième album, sur le chemin d'une identité.
Deluminati avance un côté sombre et un univers où la magie de la musique chemine parmi les ténèbres. Mais la présence de l’œil nous rappelle qu’ils ne sombrent pas pour autant dans la morosité. Toute leur énergie est tournée vers une envie de communiquer un son clairement abouti, et qui va de l’avant…
Ces 4 hommes encapuchonnés, dont le visage est difficile à discerner, n’ont peut-être pas encore la parole divine (ou plutôt démoniaque). Mais, dans le fond, ils atteignent leur but en vous enrobant d’une musique perçante, étrange et obscure.
Un groupe de Stoner Rock, plus par un ensemble de compositions variées allant du Heavy en passant par le
Doom et empruntant aux sonorités 70’s, que par de purs riffs lancinants et psychés. C’est par là qu’il pourrait devenir un digne représentant de ce genre au pays des guerriers du froid.
Egonaut viennent de passer au Sweden Rock Festival 2015 avec des groupes comme HammerFall,
Opeth,
Meshuggah et
Ghost (pour ne citer que certains groupes Suédois). On peut leur souhaiter bonne route, et peut-être les verra-t-on au Hellfest ou ailleurs en France, comme leurs compatriotes du genre, les
Lowrider en 2014…
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