Le premier album du groupe anglais avait été clairement une déception due à une surcharge peu réfléchie de sons indus/ambiants masquant les bonnes intentions structurelles et malsaines du groupe. Ajouté à cela une absence de point de vue et une certaine prétention des musiciens, cela donne une véritable déconfiture, certes traversée de fulgurances inédites et audacieuses mais noyée dans un ensemble globalement trop brouillon.
Et c’est maintenant qu’arrive le nouvel album d’
Axis of
Perdition. Que nous donne l’écoute de ce "Deleted
Scenes from the Transition Hospital" ? Tout d’abord, sachez que pour saisir l’essence même de la teneur musicale du groupe, cet album ne s’écoute pas, il se ressent. On n’écoute pas cet album par simple envie. Il faut se mettre dans l’obscurité et muni d’un casque, car c’est là que le concept d’
Axis of
Perdition m’ait clairement apparu. Et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’ai adoré ce disque !!! Le groupe a tout simplement remis les pendules à l’heure. On prend sa lampe torche et… Explication.
Comme je le disais, il n’y a pas cinq lignes, cet album ne s’écoute pas comme n’importe quel disque, c’est une expérience, lâchons le mot. La formule a effectivement changée, terminés les bidouillages bordéliques, la musique se fait plus calculée. La structure est modifiée. L’album se compose en dents de scies passant de passages ambiants/indus bien plus travaillés et plus répandus à des segments black/électro/ambiant moins furibards, moins chargés, plus longs et plus orientés dans l’atmosphérique insidieuse. Mais avant, tout passons sur le concept de la chose. L’expérience auquelle nous confis The
Axis of
Perdition trouve son point d’ancrage dans des références cinématographiques et télévisuelles. On pense à l’excellente série de Lars
Von Trier "L’hôpital et ses fantômes", sa version américaine "
Kingdom Hospital" ou bien des films comme "La nuit des mystères" (à la rigueur, "La maison de l’horreur", le remake bouseux) ou encore, "
Death Tunnel". Pourquoi ? Tout simplement parce que le disque est empreint du visuel et de l’ambiance spectrale, malsaine et morbide d’une évocation hospitalière comme antichambre des enfers et refuge d’esprits tourmentés.
En cela, les voix sont changeantes et multiples : chœurs morbides, grognements atmosphériques, cris de souffrance atroces, chants clairs semblant sortis d’une autre époque, chacune transposant l’état d’esprit ectoplasmique d’anciens pensionnaires où se mêlent tortures, morts violentes et âmes en peines. Les segments ambiants/indus donnent froids dans le dos : brouillages radiophoniques et indus bruitistes, gouttes d’eaux tombant sur un sol poisseux, mouvements d’ombres spectrales, mise en marche d’un ascenseur descendant aux enfers, digne de "
Angel Heart". On s’y croirait !!! En plus, les éléments instrumentaux sont parfaitement placés avec double grosse-caisse à l’appui, riffs de guitares mécaniques, nauséabonds semblant venir de l’Au-delà.
Et pour tout dire, dans les conditions adéquates d’écoute, la lecture du disque se révèle sacrément flippante !!!!! C’est à soupçonner que l’on se trouve dans un de ces hôpitaux crasseux où chaque parcelle d’ombres est chargée d’énergie surnaturelle, où chaque ombre est une hallucination. Jouant à fond dans la carte horrifique suintante, le groupe anglais se permet une incursion jazz surprenante et flippante comme passage dans un autre temps nous transformant en visiteur infortuné et bizuté.
Après plusieurs écoutes (d’ailleurs j’écoute l’album en ce moment, il est deux heures du mat), l’impact est toujours aussi scabreux, aussi horrifique, aussi malsain. Là, je l’admets,
Axis of
Perdition a réussi son coup. Cet album est machiavélique et manipule son auditeur comme une marionnette, le faisant même sursauté, le situant dans une posture désagréable, nihiliste qui pue une mort errante qui n’a pas beau visage.
Conclusion, "Deleted
Scenes From Transition Hospital" est une surprise totale, ambiance malsaine, point de vue fantomatique et sadique, cet album est une tuerie d’atmosphères fétides et hantées. Comme quoi, quand on lâche du lest, l’ensemble est plus structuré et imaginatif.
Un de mes coups de cœur de l’année…
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