Trop heavy pour être qualifié de simple néo-métal, trop rap pour être qualifié de Heavy pur,
Stuck Mojo a toujours marché sur un sentier que l'on qualifiera tout simplement de fusion. Premier album paru en 1995,
Snappin' Necks posait déjà les bases du son typique de ce groupe particulier. Toutefois, il faudra attendre 1998 avec la sortie de
Rising pour avoir enfin un cocktail prenant. Mais la sortie de DOAH donne un coup de pied final dans la fourmilière en nous desservant une prod' proche de la perfection. Le côté heavy s'est accentué, mais le flow de
Lord Nelson est toujours aussi présent et d'autant plus maîtrisé tout comme le chant clair de l'excellent guitariste Richard "The
Duke" Ward qui armé de sa Les Paul au son reconnaissable entre mille (le même que celui de son futur projet
Fozzy), balance des murs de riffs tous plus excitants les uns que les autres.
Sans mentir, rares sont les groupes de fusion à proposer une telle sauce: DOAH intervient sur le marché au moment où des pointures comme RATM,
Senser,
Biohazard ou
Urban Dance Squad s'éteignent à petit feu, au grand bonheur des fans qui pensaient déjà à un déclin du genre.
Groupe résolument dénonciateur,
Stuck Mojo pointe à nouveau le doigt avec ironie sur les travers de sa patrie bien-aimée, n'hésitant pas par exemple à comparer la simplicité d'esprit d'un G.I avec celle d'un mouton.
Outre ce thème toujours d'actualité, le quintet évolue musicalement dans un style propre où chaque morceau, si on ne compte pas ces trois pistes intempestives d'une minute environ où
Nelson tente de faire passer un message sur fond de beat lent qu'on fera juste semblant d'écouter la première fois pour ensuite les zapper d'office, a une particularité accrocheuse et inventive. Boulet de canon par exemple d'emblée avec "
Set The Tone", couplets massifs sur "Drawing
Blood" avec son refrain rappelant un
Papa Roach moins juvénile et un solo exécuté d'une main de chef, guitare mélodique assassine sur "Evilution", sans compter le trio phénoménal "Give
War A Chance - Feel It Comin'
Down -
The One" où les claviers apportent une couleur inédite à la musique du combo.
Petite pose instrumentale avec "
The Ward Is My Sheperd" avant de de tomber sur le rapcore de "
Hate Breed" absolument entraînant et non dénué d'un second degré permanent avec cet échange entre
Nelson et The
Duke, sans oublier "Raise the
Deadman" et "Walk The Line" qui résonnent comme des tubes par une violence moins prononcée et des mélodies vocales saisissantes. Enfin l'album s'achève sur "
Reborn", morceau intense avec son clavier sur le refrain et cette basse frénétique sur les couplets.
Stuck Mojo signe là sa pièce maîtresse, un grand album un peu en dehors du contexte de l'époque qui souhaitait voir émerger des groupes aux accents minimalistes. C'est un peu ce qui a toujours tenu les Géorgiens dans l'ombre, ne parvenant point à se faire connaître en Europe en dépit de sa technicité que tout métalleux qui se respecte n'oserait pourtant blâmer. Le groupe ne fera jamais mieux par la suite, si on ne compte pas le très bon
All That Remains de
Fozzy composé presque intégralement par le
Duke. A découvrir aussi bien pour les fans de rap métal que pour les heavymen en mal de modernité.
SF.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire