Voila un groupe qui sait prendre son temps. Cinq ans après le ritualiste «
Seven Chalices of
Vomit and
Blood »,
Teitanblood nous lâche sa nouvelle offrande. Même si pour patienter nous avions eu droit aux deux excellents morceaux de la compilation « Black Woven Arterie » l’attente se faisait longue.
Petit rappel tout de même,
Teitanblood est un groupe formé en 2003, qui a commencé son œuvre par des morceaux d'un black metal primitif, fortement influencé par
Von et
Beherit, avant de s'orienter vers un Black avec des touches
Death plus personnel à base de morceaux longs, de riffs monocordes, d'une prod crasseuse et compacte et surtout d'une ambiance totalement occulte.
Nous voilà donc en 2014 avec un album sobrement intitulé «
Death ». La
Mort, la fin de tout, ici il s’agit même du culte de la mort comme le montre la belle pochette de l’album présentant des fidèles se recueillant devant un cadavre.
Première surprise, l’album démarre de façon très agressive par le violent « Anteinferno » ; directement un blast supersonique accompagnant un riff hargneux.
Teitanblood nous avait habitués ces derniers temps à commencer ses morceaux par des samplers ambiant, mais là, on mange directement dans la tronche sans comprendre. Ce premier morceau annonce la couleur de l'album, plus direct, plus violent; le groupe mise un peu moins sur l'ambiance et plus sur l'agressivité.
Bien sûr la formule reste globalement la même, primaire, spontanée, du Black très teinté de
Death (parfois à la limite des deux styles). Les morceaux sont toujours aussi longs, le groupe prenant parfaitement le temps de développer ses atmosphères. Il n'y a qu'a écouter le début de "Sleeping Throat of the
Antichrist" : un riff primitif sur quelques notes, une descente de toms très tribale, cette ambiance rituelle et morbide; c'est du
Teitanblood ! Ce groupe, c'est la participation à une Messe Noire, les bougies allumées au fond d'une cave aux mur suintants de vomi pourrissant. Les mecs sont passionnés de Magie Noire et font ressentir leur dévotion aux art impies.
L'album est certes long, mais
Teitanblood réussit a garder son attrait et sa cohérence. Le groupe compose des morceaux occultes et possédés (
Silence of the Great
Martyrs, Unearthed Veins) mais en dosant les passages poisseux et sataniques avec les moments à l'agressivité plus directe, voire totalement headbangesque (le riff d'intro carrément bandant de
Cadaver Synod, le passage à 3:40 de
Burning In
Damnation Fires...).
Teitanblood nous pond une sacrée atmosphère occulte et blasphématoire, une vraie incantation morbide et putride.
Au niveau ambiance ,le groupe sait d'ailleurs toujours distiller ses petits samples du plus bel effet, empruntant à des compositeurs contemporains tels que Krzysztof Penderecki et ses choeurs dissonants, pour finir sur les longues et contemplatives mélopées de l'oraison funèbre clôturant l'album.
Un mot sur la production. Le son n’a pas trop changé,
Teitanblood reste fidèle à sa formule, c’est gras, caverneux, ultra massif et poisseux. On peut toutefois noter que la prod s'est encore épaissie, notamment un son de batterie claquant et percutant; les vocaux aussi sont bien plus en avant que par le passé (avec en cadeau la participation discrète de Chris Reifert sur
Burning In
Damnation Fire), NSK pond d'ailleurs des chants bien haineux et abuse un peu moins de la reverb´ que par le passé. Le seul regret c'est les effets delay sur la lead guitare (l'intro du morceau "
Silence of the Great
Martyrs"), là où précédemment cette lead guitare suraigüe et saturée était parfaite pour les solos déconstruits et organiques du groupe.
En conclusion,
Teitanblood poursuit son sans faute en nous vomissant un album totalement occulte et possédé, dans la droite lignée de "
Seven Chalices..." et "Woven Black Arteries". A titre personnel je dois même dire que c'est une oeuvre qui passe allègrement l'épreuve du temps, et se bonifie au fur et à mesure des écoutes.
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