Deaf
Eyes est un quartet originaire d'Italie fondé en 2013, en side project du groupe de progressif
Incoming Cerebral Overdrive et dont le premier album, au titre éponyme, a fait apparition chez Argonauta Records il y a quelques mois. Qualifiée de post-metal, une terminologie qu'il convient de nuancer (et on ne se gênera pas de le faire, diantre), leur musique est à la fois uniquement instrumentale et inscrite dans un genre musical affranchi de toute contrainte : le genre de trips, donc, auxquels il vaut mieux adhérer pour que l'écoute ne devienne pas un calvaire.
Déjà, ce qu'on pourra noter au contact de ce LP, c'est qu'il y manque peut-être un peu de la puissance qui est, dans les grandes lignes, caractéristique du metal. Il y a de la rage, oui, une rythmique heurtée, digne de
Botch comme sur "Black Canvas". Les guitares sont saturées et la cadence sait se lâcher, dans l'urgence de "
The Eyes of Regret" ou dans l'aspect abrasif de "Draining Sun".
Toutefois, dans son atmosphère, son mixage et sa composition, "Deaf
Eyes", certes en plus angoissé et un peu alourdi de mathcore, s'apparente plus au post-rock et à un point de rencontre entre
Pelican, Hella et Explosion in the Sky. Sur "Mirrors", on peut même déceler une petite touche de stoner, genre Queen Of
The Stone Age (on parle de la période "Song for the Deaf" of course), qui n'est pas du tout déplaisante.
Le disque possède, d'ailleurs, dans cette veine rock libéré, deux ou trois morceaux particulièrement habités, dont le lourd et sombre "The
Withered " et un "Commiserate" qui, après une introduction au synthétiseur très cinématographique, nous arrache un peu de la tronche avec un riff graisseux, traînant, dissonant par moments, et sur un rythme lent. Du Swans après trois pétards de beuh, ou plus, selon votre accoutumance...
Hélas, l'ensemble s'avère répétitif car n'ouvrant pas beaucoup de portes pour un état d'esprit "post". Depuis le début de la chronique, j'oublie volontairement le terme expérimental, car il ne va pas bien loin ni plus loin que les prédécesseurs sus-cités. "
Red Desert Lullaby" n'a, par exemple, rien de plus qu'un morceau de rock classique dans la structure, l'harmonie, ou encore la variété des sons et des accordages.
"Deaf
Eyes" fait office d'un voyage sans paroles qui, malgré ses qualités, sa technique et son énergie, peut nous laisser sur notre faim, car manquant de l'imagination indissociable des genres expérimentaux. Aficionados du post-metal et surtout du post-rock, vous n'y trouverez pas l'audace et la créativité que vous pourriez vous figurer.
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