Deadly Scenes

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16/20
Nom du groupe 6:33
Nom de l'album Deadly Scenes
Type Album
Date de parution 12 Janvier 2015
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album31

Tracklist

1.
 Hellalujah
 03:33
2.
 Ego Fandango
 06:33
3.
 The Walking Fed
 05:30
4.
 I'm a Nerd
 05:59
5.
 Modus Operandi
 03:53
6.
 Black Widow
 06:37
7.
 Last Bullet for a Gold Rattle
 03:27
8.
 Lazy Boy
 05:25
9.
 Deadly Scenes
 13:07

Durée totale : 54:04

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6:33


Chronique @ Just_an_Ellipsis

09 Janvier 2015

« Deadly Scenes » est une perle, une réussite totale. Il serait criminel de ne pas se laisser tenter par le péché…

Paresse, avarice, colère, envie, gourmandise, luxure, orgueil.

Depuis toujours, les Sept Péchés Capitaux excitent l’imaginaire des créateurs. De multiples films (dont l’un des plus populaires n’est autre que le « Seven » de 1995), d’arts divers et variés et de musique (Akroma et son « Sept », pour rester local) se sont chargés de nous titiller l’esprit de par des interprétations à résultante plus ou moins réflexives. C’est également le sujet choisi pour honorer la passe du troisième album par les cinq membres de l’horaire maudit de 6:33, ayant trouvé, de vu, un sujet à la hauteur de leurs imaginations débordantes en termes de mise en scène musicale.

D’un album bordélique et brute des débuts (« Orphan of Good Manners » en 2011), il n’en est pratiquement plus rien resté lors de la parution de « The Stench from the Swelling (a True Story) » deux ans plus tard. Un changement de chanteur, déjà. Arno Strobl, faut-il encore en dire davantage ? Un changement de style, également. Expérimental de par son contenu sur le premier opus, il le fut davantage de par ses choix et thèmes musicaux plus culottés sur le deuxième, plus mature, plus de maitrises, notamment de la box rythmique, le groupe jouant encore et toujours sans batterie. Mais nouveaux claviéristes (Howahkan Ituha et Hashtag) et un chanteur enfin au premier plan (Rorschach, plus ou moins poussé sur la touche précédemment) aux côtés des indéboulonnable Niko à la six-cordes et S.A.D à la basse, les cinq masqués Parisiens tiennent à franchir une nouvelle étape dans leurs progressions.

Groupe hybride chez Kaotoxin, qui nous ont habitués à davantage d’extrême dans sa musique, 6 :33 grandit et se perfectionne davantage, allant même jusqu'à sortir son album en K7. Dans les idées, dans l’instrumentation, dans les mélanges, tous les essais du disque précédent se voient ici davantage développés, faisant de « Deadly Scenes » bien plus qu’un approfondissement de « The Stench from the Swelling ». Enregistré au calme chez Howahkan et habillé d’un élégant artwork, posant l’interrogation de savoir si l’Homme naît dans le vice ou le développe au cours de sa vie, « Deadly Scenes » jouit d’une maturité et d’une rigueur exceptionnelles. D’ailleurs, le titre de l’album peut se poser comme un joli jeu de mots avec « Deadly Sins », « sins » étant le mot anglais désignant les péchés.

« Oooooooh … Lord Jesus ! Be my guide ! ». C’est sur ces belles paroles entonnées par un chœur gospel que débute « Hellalujah ». La musique progresse, gardant une trame jazzy alors que Rorschach mène la danse d’une piste tout en retenue jusqu’à son premier pré-refrain. La voix féminine se fait belle, mais embraye directement sur un refrain plus groovy que jamais. Les chœurs sont catchy, entraînant, en de brefs instants, une voix plus criarde prend une petite place, autrement, quelques blasts dynamisent l’ambiance.

L’ambiance, plus que jamais, il en sera question sur cet album, abordant un péché par titre. On retrouve des pistes dans une mouvance plus habituelle de 6:33. L’orgueil d’« Ego Fandango » se met en scène de par sa voix d’introduction, sorte d’appel religieux et revendicateur. Au commencement, les plans s’enchainent, parfois rapide et menaçant, souvent rentre-dedans sans jamais renier le groove de son ambiance. Dualité voix masculine et féminine, refrains fédérateurs et entraînants. On enchaîne directement sur un break très aérien, piano et guitare à la Queen dans cette capacité à monter pour un moment très intense, de parties quasi symphoniques en tempo plus céleste et jazzy. « Modus Operandi » et sa luxueuse symphonie perdurera ses élans plus grandiloquents. Piano, ambiance céleste, Rorschach déverse une voix frissonnante, mélodique et épique. De quelques grognements en éclats, à lui tout seul, il parvient à nous faire imaginer un bal macabre dont la musique, aussi stridente que majestueuse, aura quelque chose de terriblement ambiant, se complétant magnifiquement avec cet orgue et ses chœurs parfois bien plus déjantés.

Déjanté autant que « I’m a Nerd », de son introduction liturgique à ses éclats de colère d’un growl plus sombre et haineux, se mélangeant adroitement avec des blasts sauvages et autres chœurs féminins pop et entêtants. Entêtant comme son refrain extrêmement festif, banjo en fond, plus dansant que jamais. Dis comme ça, ça ne semble n’avoir aucun sens, c’est vrai. Mais je ne vous ai pas encore raconté comment l’ambiance malsaine de l’intro revient avant de servir un pont bien plus remuant d’éclat de basse, dont les voix fantomatiques rappelleront un certain génie Canadien. Et vous n’avez encore rien entendu, pas même ce modem défaillant. J’ai cité notre cher et grand Devin Townsend, mais pas encore « Lazy Boy ». Une voix berçante sur un petit piano, un peu d’électro, d’ambiant … Et on s’emballe très vite sur ces soli très rapide et cette batterie plus violente que jamais. Mais pas trop non plus, car au final l’ambiance céleste revient, plus prenante que jamais… Mais finalement, des bons blasts sur un growl qui fâche, ça fait du bien. Mais ne zappons pas pour autant de laisser place à ce refrain exceptionnellement atmosphérique, à cette basse ronde et magnifique, à cette voix féminine puissante et à cette intensité dramatique enivrante.

Radine du côté du texte, « Last Bullet for a Gold Rattle » ne l’est pas sur les sensations. Le feu crépitant est un prétexte idéal pour sortir son acoustique country. Minimaliste et progressive, la musique s’étoffe au fur et à mesure que de joyeux drilles se rajoutent au feu de camp. Mais revenons aux fondamentaux de 6:33, comme cette belle « Black Widow ». Autant dansant que malsain, les plans se succèdent à une vitesse folle, opposant le groove sensationnel de Rorschach, des chœurs plus transcendants encore, Niko apportant énormément de présence et une voix féminine plus que présente, désireuse à certain moments de dominer notre chanteur. L’aspect jazzy définitivement mis en avant, on y retrouve des coupures toujours judicieusement placées, à base de claquement de doigts, de grosse basse et d’enchainement de claviers et de sonorités plus vintage les unes que les autres, le titre n’en oublie aucunement la puissance et ce sont autres blasts et saturations qui égayeront le combat contre cette veuve noire. Plus hybride, « The Walking Fed » se fait gourmande en sonorité plus tribale, en témoigne ses percussions hybrides et résonnantes, rappelant par certaines approches Les Tambours Du Bronx. Niko, plus grave, et Rorschach, plus mélodique, se répondent tout le long dans une ambiance mystique terriblement prenante. D’intenses incantations semblent jalonner ce titre bien mystérieux et furieusement riche…

« Hey Kids ! You like violence ? »
« Yeah ! Yeah ! Yeah ! »

N’est-ce pas pourtant ces péchés qui nous aident à nous développer en tant qu’être Humain ? En faire des bons ou des mauvais choix, ne pas se laisser diriger par une quelconque tierce et laisser faire notre libre-arbitre. Tel est le combat livré par « Deadly Scenes »-titre. Entre bonne et mauvaise conscience, entre minimalismes apaisant de piano en début et couplet stressant de multiples voix dérangés et d’une guitare plus malsaine et sombre ensuite. Tout y passe pendant ces treize minutes, dans une sorte de rétrospectives, aussi bien stylistiquement que lyriquement parlant, des thèmes évoqués dans les pistes précédentes. Quelques rythmiques funky/dark en partant sur des doubles et autres saturations, l’impact mélodique est toujours le plus important dans la musique de nos masqués. Un capharnaüm d’ambiance noir aux sonorités les plus vintage, accompagné de rythmique lourde et malsaine, de voix chantés, scandés, criarde et pesante… Près d’un quart d’heure, c’est pile ce qu’il faut pour développer un nombre important d’ambiance sans les faire se chevaucher. C’est peut-être pour ça que retrouver des parties plus extrêmes succéder à des élans Post-Rock en voix féminines sans couper à des élans jazzy ne fait que nous entraîner encore plus loin dans la tourmente. De même que le sound design a une importance toute particulière dans l’histoire, comme le bruit récurrent de cette pellicule. Même quand le groupe plonge dans des passages pop mielleux, la réussite est totale.

C’est avec un regard émerveillé et malicieux que l’on ressort de cette exploration sonore des plus surprenantes et déjantées que nous offre 6:33. Partant d’une construction sonore et harmonique exceptionnellement maitrisée et prodigieuse, le groupe progresse d’année en année, travaillant avec un sérieux indéboulonnable à réaliser une musique personnelle sans jamais renier les racines et les influences. Ai-je vraiment besoin d’en dire plus ? « Deadly Scenes » est une perle, une réussite totale. Il serait criminel de ne pas se laisser tenter par le péché…

1 Commentaire

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xolios - 10 Janvier 2015: Un album merveilleux. Légèrement différent de "The Stench..." mais tout aussi bon, tout en gardant leur patte distincte.
Oui, la relève du rock/metal avantgardiste est bien là! Et elle est promis à un grand avenir. La barre est placée très très très haute pour ce début d'année!
Rien n'est à jeter, l' interprétation est parfaite. Certes les influences sont là, mais parfaitement digérées. 6:33 fait du 6:33. Je craignais quant au changement de vocaliste mais au final, le nouveau exécute très bien son job. Mentio spéciale tout de même à The Walking Fed, I'm Nerd, Black Widow et surtout Deadly Scenes!
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