Angizia est un groupe atypique, c’est le moins qu’on puisse dire. Idée farfelue venue tout droit du cerveau certainement tout aussi farfelu d’un autrichien, illustre inconnu de la sphère du metal, Michael « Engelke » Haas. Distribué par SPV et
Napalm Records (je sais pas ce qu’ils ont pris sur ce coup, les boches et les ricains), Engelke s’associe pour cet album à un éminent activiste de la scène metal, Moritz Neuner (
Abigor,
Graveworm,
Dornenreich,
Atrocity entre autres) à la batterie, ainsi qu’à Jochen Stock (
Dornenreich) à la guitare classique pour les têtes plus ou moins connues ; plus 4 chanteur-euse-s, une violoniste, un pianiste, une guitariste électrique, un accordéoniste, un violoncelliste et un bassiste. A l’énoncé de ces folkloriques élucubrations, on pourrait facilement se dire « oh non, encore un groupe de folk metal insipide et sans intérêt ».
Grave erreur. Avec cet album, les énergumènes viennois réussissent un tour de force, en apportant une réelle innovation au monde du metal (si on peut appeler cet album « metal »). En effet ne vous attendez pas à quelque chose proche des carcans habituels, d’aseptisé, de « normalisé ». On a ici affaire à quelque chose de nouveau. Si le fond - extrêmement inspiré au demeurant - est peu revisité, la forme elle est victime de sérieux changements.
Au niveau des instruments tout d’abord : le piano remplace la guitare à la sainte place d’instrument principal. Celui-ci est mêlé à une batterie résolument metal (rythmes binaires rapides, double pédale et quelques blast-beat à l’appui). Très surprenant à la première écoute, mais au final tellement plaisant. Une immense et bienvenue vague de fraîcheur. Quelques guitares restent quand même présentes, mais uniquement rythmiques, et absentes la moitié du temps. Viennent en renfort violons, violoncelles et accordéons ; les premiers apportant une réelle sensation d’harmonie puisant dans le baroque, le dernier rendant le ton plus folklorique. Un air de musique traditionnelle allemande, limite dansante, mêlé à une structure rythmique metal et un côté complètement décalé.
Mais le plus grand apport d’
Angizia à l’édifice est à chercher au niveau du chant. Le groupe signe un énorme travail vocal sur cet opus, la voix étant ici considérée comme un instrument à part entière. Tout cela est bien loin des approximations de la plupart des groupes de metal à ce niveau. 3 voix d’hommes et 1 voix de femme se répondent magnifiquement, chacun remplissant son rôle. Ici rien de flou ; on sent que Engelke est un réel compositeur s’inspirant des travaux classiques. Les paroles sont uniquement en allemand ; difficile pour la compréhension des textes, mais tellement magnifique (quand je pense que la majorité considère l’allemand est une langue moche…) et en accord avec la musique.
Le groupe n’en oublie pas pour autant l’efficacité de la composition, avec des musiques à la fois accrocheuses, torturées, parfois plus joyeuses ou dansantes… Cette diversité des émotions est un réel plaisir pour l’oreille. Entre le côté effrayant de Schlittenfahr mit einer Lodenpuppe, aidé par la voix complètement déchirante d’un des chanteurs (certainement Engelke) et une composition très sombre, l’aspect contemplatif et mélancolique de 2 Millionen Rubel ou Der Kinderzar, le ballet horrifique Der Essayist, le très folklorique Das Bauernendspiel… L’auditeur est comblé.
Pour finir, un album à ne pas mettre entre toutes les oreilles (c’est bien, du coup ceux qui écoutent se sentent plus intelligents), mais à posséder pour tous ceux recherchant la nouveauté et la beauté.
Personnellement c'est celui auquel j'accroche peut-être le moins, lui préférant un "39 jahre fur den leirkastenmann". La voix sur cette opus est assez dérangeante, par contre les orchestrations sont magnifiques, je pense notamment au piano, qui est sublime! Vraiment dommage, que ça n'as pas plus de succès, mais c'est peut-être mieux comme ça, leur intégrité artistique reste respectée! Vivement fin d'année pour leur nouvel album XD!
Pour ma part, c'est l'album que j'apprécie le moins. J'aime mieux Die Kemenaten Scharlachroter Lichter que tu as cité, avec ses chants plus baroques. Sinon, 39 Jahre fuer den Leierkastenmann est aussi excellent, beaucoup plus déjanté et varié.
Angizia est un groupe atypique difficile à apprécier mais une fois que l'on est habitué à leur bizarrerie, c'est un tel bonheur de les écouter ! C'est bien simple, j'aime mieux garder pour moi cette merveille plutôt que de le faire écouter à d'autres au risque d'entendre des critiques !
Merci, c'est top !
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