Si les Légions Noires sont mortes et enterrées, il n'en reste pas moins que notre beau pays compte encore quelques hordes particulièrement redoutables en ce qui concerne l'Art Black
Metal le plus sale et le plus malsain. Si aux USA le Black
Twilight Circle californien est le seul culte se revendiquant des Légions Noires, en France nous disposons depuis quelques années déjà d'un cercle de prophètes se réclamant plus de l'orthodoxie sataniste la plus pure (en schématisant grossièrement, on pourrait les rapprocher dans l'esprit de la scène suédoise) : les Apôtres de l'Ignominie. Deux membres de ce cercle se joignent aujourd'hui pour un rituel macabre et funèbre en deux mouvements.
Premier à entrer dans la chapelle,
Darvulia. Le groupe du Sud-ouest s'est imposé au fil des ans comme faisant partie de l'élite francophone en ce qui concerne le Black
Metal ritualiste et cru. Ce sont aussi le plus ancien des deux groupes présents. "
Mort Foetale" est un morceau atypique pour du
Darvulia, et pas seulement à cause de sa durée (il s'agit du plus long morceau composé par le groupe à ce jour). Démarrant sur un long riff de basse tout en distorsion, le morceau est lent, funéraire et, ne serait-ce le son des guitares si typique du
True Black à l'ancienne, on se croirait quasiment en train d'écouter un morceau de
Funeral Doom. Le final accélère le tempo et retombe dans un Black
Metal plus classique, mais toujours interprété avec conviction. Comparativement au reste de l'oeuvre de
Darvulia, ce morceau tranche fortement dans la forme mais reste fermement ancré dans l'univers des toulousains pour ce qui est du fond : on a toujours cette impression de se ballader dans un ossuaire, sauf que cette fois-ci on décide de s'arrêter dans le lieu pour faire une petite sieste au milieu des ossements. L'atmosphère méphitique si particulière à la musique de
Darvulia (on pourrait presque parler d'une musique évoquant littéralement l'odeur de l'humidité, des tombes et catacombes) se trouve renforcé par le fait que cette fois-ci le groupe prends le temps de développer plus en profondeur les ambiances. Doit-on voir là l'influence de Witchthroat serpent, l'autre groupe de Kobal dans un style de
Doom psychédélique très influencé par
Electric Wizard ? Musicalement non, mais il est indéniable que l'esprit sous-tendant les deux groupes est similaire.
Si
Darvulia a son pendant
Doom en
Witchthroat Serpent, de même
Sektarism est le pendant
Doom de Mahlkebre. les deux groupes partagent trois musiciens et le bassiste Crüxvheryn K n'est autre que Kobal sous un autre pseudonyme plus en rapport avec la musique du combo.
Sektarism, comme son nom l'indique, s'intéresse à l'aspect religieux et ritualiste du doom au travers d'un
Funeral doom particulièrement sombre et dépourvu d'arrangements. On pourrait presque parler d'un projet de
Ritual Ambient ou Harsh Noise qui aurait choisi de troquer tous ses synthétiseurs contre des instruments électriques classiques. Jusqu'à présent, le groupe s'est fait connaître pour un intéressant premier album et des prestations scéniques particulièrement réussies. "Punition Divine" présente une facette plus travaillée de leur musique, notamment au travers de l'introduction à base de chant mélodique et de tambours ritualistes. Celle-ci s'enchaîne parfaitement bien sur plus de 18 minutes de
Funeral Doom très cru (la production rajoute un grain de saleté bienvenu) et rituel, donnant l'impression d'assister à une messe noire dans une quelconque crypte souterraine. Bien plus réussi que ce que le groupe proposait sur ces premières démos, ce "Punition Divine" donne effectivement l'impression d'assister à un prèche satanique enflammé, promettant souffrance et
Apocalypse aux incroyants. Une fois de plus, c'est le timbre vocal passionné de Eklezjas'Tik Berzerk (l'un des très rares vocalistes français de Black
Metal dont la voix transpire littéralement la dévotion sincère envers sa Foi et son Art) qui porte la musique de
Sektarism plus haut et permet au groupe de se différencier des autres projets d'un genre similaire.
Très cohérent tant dans son choix de groupes, de thèmes autant que de l'interprétation de chacun,, voilà un split très réussi dans sa manière de présenter deux facettes distinctes mais complémentaires de la musique sombre ritualiste. Si ma préférence personnelle ira plus vers le morceau de
Darvulia (car il présente une notable changement par rapport à ce que le groupe à l'habitude de jouer), la partie
Sektarism n'a toutefois pas à rougir de honte et se tire très bien d'un exercice plutôt casse-gueule. Fortement recommandé.
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