Darkening Light

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17/20
Nom du groupe Melted Space
Nom de l'album Darkening Light
Type Album
Date de parution 23 Mars 2018
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album23

Tracklist

1.
 The Void Before
Ecouter01:32
2.
 Newborns
Ecouter05:05
3.
 The Meaning of this Place
Ecouter04:45
4.
 From the Beginning to the End
Ecouter05:17
5.
 The Dawn of Man (I’m Alive!)
Ecouter05:09
6.
 Trust in Me
Ecouter04:55
7.
 Regrets
Ecouter04:37
8.
 Man and Future
Ecouter04:03
9.
 Missing Creed
Ecouter04:20
10.
 Fallen World
Ecouter07:46

Durée totale : 47:29

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Melted Space



Chronique @ ericb4

04 Mars 2018

Une œuvre d'envergure d'une puissance dévastatrice...

Voilà plus de 10 ans que le projet initialisé par Pierre Le Pape a vu le jour, témoignant jusqu'alors d'un indéfectible élan d'inspiration de son père fondateur. Désireux de faire évoluer son art, année après année, ce maître d'oeuvre a solidifié ses compositions, affiné le trait de sa plume, judicieusement sculpté ses harmoniques, jusqu'à conférer à son projet une singulière signature artistique. Une prouesse dans un paysage musical aussi concurrentiel et galvaudé que celui du metal symphonique à chant féminin et/ou mixte actuel. Et contrairement à certains cadors du genre, Pierre a tenu à asseoir chacune de ses offrandes sur un travail en studio particulièrement soigné et au long cours, ne nous livrant guère plus d'un album tous les trois ans (« There's a Place » (2009) ; « From the Past » (2012) ; « The Great Lie » (2015)) ; seyants manifestes au sein desquels s'est furtivement inséré le discret EP « Between » en 2013. Ce faisant, ce nouvel opus répondant au nom de « Darkening Light » détrônera-t-il son sculptural et poignant prédécesseur ?

Fidèle à ses fondamentaux, à la lumière de cette offrande, Melted Space continue d'évoluer dans un metal mélodico-symphonique classique, un brin cinématique, conformément à un concept opératique, pléthorique en effets, proche de ceux de Therion, Ayreon, Haggard ou Beto Vazquez Infinity ; sans omettre un regard tourné vers les travaux de Nightwish (première période) quant à leurs arrangements instrumentaux, Xandria à la lumière de leur captatrice mélodicité, ou encore Sirenia (dernière version) eu égard à leur riffing roulant. Œuvre puissante, charismatique et riche de ses 10 pistes égrainées sur un ruban auditif de 47 minutes où vagabondent 16 invités de marque ; avec l'exceptionnel concours de l'Orchestre Philharmonique de Prague, connu pour avoir oeuvré auprès d'artistes et formations pop, rock et jazz confirmés (Ian Anderson (Jethro Tull), Barclay James Harvest (ft, Les Holroyd)...) et déjà sollicité sur « The Great Lie ». A l'aune de cette affiche, on subodore un album de la démesure...

De la démesure, il en est en question au regard de sa foisonnante et prestigieuse distribution. A ce titre, parmi les vocalistes sélectionnés ont été requis les talents féminins de : Ailyn Giménez Garcia (ex-Sirenia) ; Silje Wergeland (Octavia Sperati, The Gathering...) ; Clémentine Delauney (Visions Of Atlantis, Exit Eden...) ; Lucie Blatrier (A Quiet Day For Mellow Dreams) ; Catherine Trottmann, émérite mezzo-soprano classique. S'y adjoignent les captatrices inflexions masculines de : Øyvind Hægeland (Manitou, Spiral Architect...) ; Black Messiah (ex-Legion Mortifere, ex-Seth...) ; Mikael Stanne (Dark Tranquillity, ex-Hammerfall...) ; Jeff Scott Soto (Trans-Siberian Orchestra, Bakteria, Sons Of Apollo...) ; Sakis Tolis (Rotting Christ, Thou Art Lord...) ; Guillaume Bideau (Mnemic, One-Way Mirror, Robar...). Bref, une belle brochette vocale mise en exergue par les qualités techniques de : Adrian Martinot et Gildas Le Pape à la guitare ; Brice Guillon (ex-Bloodychrist, ex-Kim's Over Silence) à la basse ; Michaël Saccoman (ex-Kim's Over Silence, ex-Kronos...) à la batterie, aux côtés de Pierre Le Pape lui-même, aux claviers. Une distribution hors-normes qui a pour corollaire une qualité de production qui ne l'est pas moins...

D'entrée de jeu, on observera un enregistrement d'excellente facture, n'accusant que fort peu de notes résiduelles et un mixage à l'équilibre optimal entre lignes de chant et orchestration. Il en émane une belle profondeur de champ acoustique, stimulant le pavillon jusqu'au souffle ultime de la galette. On découvre ainsi un opus à l'ingénierie du son rutilante, réalisée en France mais aussi à l'étranger (Suède, Norvège, Etats-Unis...), signée François-Maxime Boutault. Habilement masterisé par Alan Douches (West West Side Studio (New York)), ce manifeste jouit également d'un artwork d'inspiration fantastique, au trait affiné, estampé Adrien Bousson. A commencer par la jaquette de la rondelle, révélant alors de saisissants contrastes de lumière entre un arrière-plan d'un bleu profond et l'éblouissant bouclier de l'édifice en son centre. A l'image de l'atmosphère à la fois légère et oppressante, radieuse et tourmentée, de ce message musical, axé sur la formation du monde et le déni de toute déité de la part de l'Homme. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral en quête de quelque trésor enfoui...


Dès les premières mesures de la brève et progressive entame cinématique d'obédience nightwishienne « The Void Before », on pressent que le spectacle qui nous est réservé sera au rendez-vous des attentes d'un auditorat déjà sensibilisé aux sources d'influence du combo. Que les aficionados de « The Great Lie », eux aussi, se rassurent...

Parmi les pistes les plus incisives, nombre sont celles qui aimanteront sans mal le tympan, à la fois par leur incandescente rythmique, leurs rayonnantes lignes mélodiques et surtout la forte charge émotionnelle qu'elles génèrent et communiquent. C'est dire que ces passages enflammés, loin des poncifs du genre, témoignent d'une féconde inspiration de leurs auteurs, qui a pour corollaire une restitution instrumentale et vocale de fort bon aloi sur chacune des portées de l'opus.

Dans un premier mouvement, le propos se fait accessible, avec quelques hits en puissance à la clé ; rayonnantes pistes susceptibles d'aspirer nos âmes d'un battement d'aile. Ainsi, à la manière de Therion et dispensé par un réjouissant duo mixte en voix claires, le tubesque mid tempo progressif « Newborns » ne saurait être éludé. Développant un riffing crocheté qui détruit tout sur son passage doublé d'un tapping martelant apte à laisser quelques traces dans les mémoires, le brûlant effort se dote en prime d'un galvanisant solo de guitare. Lorsque le convoi orchestral intensifie le rythme de ses frappes, que le corps oratoire monte en puissance, il devient illusoire de chercher à en ralentir l'avancée. Un moment de pure jouissance auditive. Et ce ne sont ni le truculent « The Meaning of this Place », à mi-chemin entre Ayreon et Sirenia, au regard de ses refrains catchy, ni l'opératique et cinglant « Man and Future », dans la droite lignée d'Haggard (seconde période), encore moins le diluvien et très efficace « Missing Creed » qui démentiront l'agréable sentiment de pénétrer en terre de cocagne. Une rivière de diamants à mettre à l'actif de nos acolytes...

Moins enclins à une rapide immersion, d'autres passages s'apprivoiseront plus qu'ils ne se domptent, livrant néanmoins leur lot de saveurs aptes à éveiller d'authentiques plaisirs. Le vivifiant « From the Beginning to the End », jouant à plein sur les effets de contrastes vocaux, de siréniennes impulsions répondant en écho à d'ombrageux growls, en est une illustration. Ainsi, l'offensif morceau ne tarde pas à nous prendre à la gorge par sa rythmique incendiaire doublée d'un tapping bodybuildé, sachant relâcher la pression pour mieux nous mordre. On ne résistera pas moins à l'irrépressible envie d'esquisser un headbang bien senti sur son voisin de piste « The Dawn of Man (I’m Alive!) ». Tempétueux effort power symphonico-progressif à la rythmique syncopée, au carrefour d'influences telles que Visions Of Atlantis (dernière mouture) et Haggard, qu'infiltrent de grisants gimmicks guitaristiques. Une onde de choc accentuée par un fulgurant corps oratoire en voix de contrastes où s'unissent growls caverneux, empreintes rocailleuses et envolées lyriques. Dans cette même énergie, on retiendra encore « Trust in Me » pour ses intarissables assauts percussifs, ses screams glaçants, le fin legato du lead guitariste et son riff tournoyant, d'une efficacité redoutable.

Passé maître dans l'élaboration de pièces en actes, le collectif nous accueille une nouvelle fois avec les honneurs à l'aune d'une fresque symphonico-progressive d'anthologie qu'aurait pu lui envier « The Great Lie ». Aussi, se transcende-t-il sur « Fallen World », charismatique et vrombissant message musical foisonnant en variations atmosphériques, riche en effets de surprise, où se mêlent d'angéliques inflexions à la noirceur de ses growls ombrageux. Doté d'un riffing massif, d'une orgiaque orchestration, de couplets finement sculptés que relayent des refrains enchanteurs, enjolivés par de fringantes envolées lyriques, ce corpulent manifeste complexifie à l'envi ses harmoniques. Et ce, sans jamais nous égarer d'une hypnotique sente mélodique d'une précision d'orfèvre. Une éblouissante et orgasmique livraison, s'il en est.

Lorsqu'il nous mène en d'intimistes moments, le combo nous interpelle d'abord, puis nous happe progressivement jusqu'à ce que l'émotion finisse par nous submerger. Ainsi, c'est avec élégance, originalité et maestria que le groupe nous adresse ses mots bleus. Ce faisant, il nous livre une toile de maître se parant d'un troublant clair-obscur atmosphérique à l'image du frissonnant « Regrets ». On pénètre alors au cœur d'une aussi inattendue qu'infiltrante ballade dark gothique où dansent de délicats arpèges au piano au beau milieu d'un bain orchestral aux doux remous ; en alternance avec une somptueuse triangulation vocale, de saillants growls contrastant avec un sensible duo mixte en voix claires. Bref, un instant privilégié qui fera chavirer plus d'un cœur en bataille.


D'une durée optimale et jouissant d'un petit supplément d'âme, cette rondelle s'effeuille d'un seul tenant, nous poussant à une irrépressible addiction. On explore ainsi une œuvre à la fois épique, racée, sensuelle et romantique qui souvent séduit, et plus encore, nous émeut, parfois nous bouscule, et ce, sans jamais accuser de baisse de régime, ni concéder le moindre espace de remplissage. Ce faisant, au regard d'inédites suites d'accords et d'un sens mélodique qui s'est aiguisé, voire singularisé, ce nouveau-né serait un digne héritier de « The Great Lie », pas son clone. Touché par la grâce, ce généreux opus, on l'aura compris, s'inscrit parmi ces œuvres majeures susceptibles d'asseoir une formation parmi les valeurs confirmées de son registre d'affiliation, celui du metal symphonique. Pierre Le Pape a donc frappé fort, très fort, et même un peu plus qu'il ne l'a fait jusqu'alors, signant une oeuvre d'envergure d'une puissance dévastatrice. Chapeau bas...


5 Commentaires

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frozenheart - 09 Mars 2018:

Hâte qu'il soit dans les bacs afin de pouvoir l'écouter. Merci Éric pour ta chronique, elle donne vraiment envie!

ericb4 - 09 Mars 2018:

Merci à toi! Selon moi, on détient là certainement l'un des meilleurs albums de metal symphonique à chant mixte de ce début d'année. A écouter sans modération... 

 
Op467 - 22 Mars 2018: Très bel opus,assez sombre grosse claque.17/20
frozenheart - 23 Mars 2018:

Album écouté ce matin sur Deezer, en attendant de l'avoir en dur mardi prochain. D'avance et à la première lecture, je peux d'ores et déjà dire que cet opus détrône haut la main ses prédécesseurs et risque bien d'être le meilleur album Metal Symphonique de l'année.

Un grand bravo à Pierre Le Pape de nous avoir offert un tel disque.

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