A l’approche de deux décennies d’existence,
We Came As Romans est un groupe assez particulier sur la scène metalcore. Dès la parution de son premier tableau
To Plant a Seed en 2009, le succès fût directement au rendez-vous avec une apparition distinguée dans les charts des albums américains indépendants. A la suite de ce premier coup, le quintet part faire différents événements, notamment des tours avec de nombreuses formations en devenir telles que
Asking Alexandria, Of Mice & Men,
Emmure ou encore
Dance Gavin Dance. Si les deux opus suivants éloigneront quelque peu nos musiciens de leur metalcore original pour une direction post-hardcore, les ventes et les tournées continueront d’être florissants et maintiendront les Américains dans les tops collectifs.
Malheureusement, cette belle épopée finira par prendre une conduite funèbre. Un an après la publication de sa cinquième et dernière toile
Cold Like War, le vocaliste également claviériste et frontman Kyle Pavone décède à l’âge de 28 ans d’une overdose accidentelle. Après cette terrible tragédie, le quintet américain restera assez silencieux et n’écrira que deux compositions l’année suivante sans son chanteur principal, deux prestations qui seront très bien accueilli par le public et les fans.
On aurait pu penser que l’aventure du groupe allait s’arrêter sur ces deux dernières notes mais après avoir affronter cette difficile et périlleuse épreuve, nos artistes reviennent finalement avec une sixième offrande nommée
Darkbloom. Comme pour sa précédente apparition, ce nouveau support est sorti sous la maison de disques SharpTone Records (
The Gloom In The Corner,
Miss May I, Don Broco sur les dernières publications notables).
La reconstruction ainsi que l’attente ont été assez longues pour un combo qui n’est pas réellement réputé pour son extravagance. Et cette sixième esquisse ne fait pas vraiment office d’exception. Le quintet américain a pourtant plusieurs atouts à faire valoir, des ressources qui lui permettent de sortir un peu de la masse. La principale sensation de ce
Darkbloom provient du travail vocal : sur son chant clair, le vocaliste Dave Stephens a réalisé des prouesses incontestables. Sur plusieurs passages, son timbre de voix rappelle fortement un regretté disparu, une icône et un des précurseurs du neo metal à savoir Chester Bennington. La ressemblance est parfois frappante comme dans Plagued où les couplets et même la structure musicale est un bel hommage à Numb.
Même si elles demeurent assez peu présentes dans cet album, la formation américaine s’est lancée dans quelques expérimentations plutôt réussies. C’est le cas de
Daggers en featuring avec
Zero 9:36 qui est une illustration même du penchant neo metal de cet opus. Par le biais de son invité, le collectif nous fait l’honneur d’un chant rappé splendidement maîtrisé et réalisé, très accrocheur et qui vient procurer un vent de fraîcheur au milieu des autres titres. La production est elle aussi surprenante avec l’omniprésence de sonorités électroniques qui font quelque peu écho à des chansons que l’on pouvait entendre sur un The
Path Of Totality de
Korn ou sur un Meteora de
Linkin Park.
Ce penchant électronique se distingue également sur le déconcertant Doublespeak, un morceau résolument froid, robotique et audacieux. Si l’on souhaite pousser la comparaison assez loin, un certain penchant sur Crazy Frog semble se caractériser. Bien que le schéma musical et la réalisation ne soient pas des plus extraordinaires, le simple fait que la formation soit sortie des sentiers battus avec des effets vocaux singuliers, un riffing acéré et une hargne imperturbable suffit à ce qu’elle gagne en intérêt. Cette puissance, cette incision et cette envie sont pleinement perceptibles sur le morceau éponyme, où la rythmique engageante caractérisée par le superbe jeu de percussions de David Puckett et le breakdown donnent une plus grande ampleur et marquent ce titre comme l’un des plus agressifs de cet opus.
Mais le combo américain ne sait pas sur quel pied danser et plusieurs œuvres, pour la plupart très orientées pop gâchent concrètement notre entrain. C’est le cas par exemple de Holding The
Embers, très pauvre musicalement, une pseudo-balade qui ne se différencie pas vraiment des autres virées de ce style. Dans son approche et dans son arrangement, il est complexe de passer à côté de l’énorme influence de
Bring Me The Horizon. Mais là où la formation britannique tentent l’innovation, les Américains sont dans une copie conforme bourrée de préjugés et manquent par conséquent d’emballement, d’ambition. One
More Day suit ce même constat et parvient même à faire pire avec un sentiment mélancolique dépourvu de franchise et une approche proéminente du piano beaucoup trop conventionnelle.
We Came As Romans ne risque pas d’ameuter les foules ou de se brûler les ailes avec
Darkbloom. On ne peut plus classique dans sa démarche, le quintet américain se contente du minimum syndical sur ce sixième tableau, malgré quelques idées et essais intéressants. Nos musiciens demeurent trop incertains sur leur direction actuelle et future. Entre compositions aiguisées et exercices insignifiants, les musiciens peinent à se montrer pleinement convaincants. La perte de Kyle Pavone n’est sans doute pas étranger à cette certaine instabilité musicale au sein de la formation et on peut comprendre sa perte de repères. Cette toile doit donc être perçue comme un tremplin plus qu’un nouveau départ de la part de nos artistes qui auront comme principale quête d'affiner leur personnalité.
Kyle pavone était le principal compositeur du groupe également ?
Ah tiens 12/20. Je trouve que au contraire, ils font un super retour, ce Darkbloom est supérieure au 2 derniers, je ne l'ai pas encore assez approfondie, mais je serais plus sur du 14 ou 15/20.
Merci pour la Chro!
@fufupue : c'est juste. J'aurais pu le préciser dans ma chronique mais je n'en voyais pas forcément l'utilité car les morceaux continuent à bien être écrits, même avec la perte de Kyle
@Goneo : je suis d'accord sur le fait que Darkbloom soit supérieur aux deux derniers. Mais comme à mon sens les deux derniers valent à peu près la moyenne, voire même un petit peu moins, 12 me semble bien juste. Et le groupe aurait raison d'éviter les balades pop un peu insipides ou proposer quelque chose de plus élaboré, surtout après près de deux décennies d'existence. Tenter autre chose oui mais encore faut-il que ça en vaille la peine ^^
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