Liste des groupes Post Hardcore Dayseeker Dark Sun

Le metalcore subit en ce moment une de ses plus grandes révolutions : moins lourd et plus épuré à l’instar de The Classic Symptoms Of A Broken Spirit d’Architects ou de Darker Still de Parkway Drive, le genre semble se diriger vers des structures plus rock voire pop, moins complexes et plus mélodiques. Ce tournant a été adopté bien plus tôt chez certains groupes comme pour les Anglais de Bring Me The Horizon ou du côté des Américains d’Of Mice And Men. Cependant, d’autres formations continuent à perpétuer dans un registre plus impactant et mordant propre au metalcore des années 2000. En ce sens, August Burns Red ou Heaven Shall Burn sont les fiers détenteurs de cette recette magique qui fonctionne encore parfaitement depuis près de vingt ans.

Pour notre collectif du jour, la transformation est plus minime. Formé depuis une dizaine d’années maintenant, Dayseeker n’a jamais vraiment performé en metalcore mais plutôt sur une frontière proche, le post-hardcore/metalcore, fortement influencée par la musique mélodique mais aussi par la pop et, plus récemment, par les sonorités électroniques. Toutes ces particularités font bien sûr penser que le quatuor américain est un sérieux prétendant à une vision moderne et hétérogène de la scène core. La vérité est en réalité assez différente avec un concept qui peine à se renouveler et à convaincre ainsi qu’un dernier opus Sleeptalk paru quatre ans plus tôt, générique par moments, lassant sur la durée. Afin de rectifier le tir, les Américains proposent une cinquième œuvre nommée Dark Sun publiée une nouvelle fois sur le label Spinefarm Records.

L’album a été conçu et écrit dans un contexte bien particulier puisque ce dernier évoque un ensemble d’épreuves, d’événements vécus par le chanteur et frontman du groupe Rory Rodriguez. Le Soleil Noir correspond au ressenti, à l’impression du jeune homme après le décès de son père et comment il perçoit désormais le monde sans lui. Ce cinquième tableau est un poignant hommage à un être cher parti trop tôt, une partie de soi qui s’en est allée, un mélange d’émotions qui contient la mélancolie, la colère, le déni, la souffrance ou encore la peine. Dark Sun est en ce sens un exercice extrêmement périlleux sur lequel le groupe américain s’en sortira simplement avec les honneurs, la faute à des compositions inégales et une formule qui s’épuisera finalement assez vite.

Le départ était pourtant prometteur à l’écoute des deux premiers morceaux Dreamstate et Neon Grave. Même si l’écriture et la structure des deux titres est plutôt simpliste voire même assez basique, nous pouvons compter sur une prestation vocale pure, un chant clair quasiment angélique à la gamme étendue et authentique. Ces deux ouvrages présentent également un breakdown qui apportent pile le punch qu’il faut pour éviter de tomber dans la redondance. Mention spéciale à celui de Neon Grave avec ces petites pauses qui offrent quelques instants de stupéfaction. De même, l’atmosphère qui se dégage des synthétiseurs ainsi les effets de réverbérations sont utilisés à bon escient pour créer un certain déchirement.

La formation explore même ces inspirations électroniques plus en profondeur jusqu’à s’initier sur de nouvelles esthétiques. Le morceau éponyme en est une jolie preuve et entreprend un saut futuriste excessivement proche de la synthwave. Ici, la patte un peu plus expérimentale et surtout plus progressive fait largement son effet et on peut entrevoir à travers cette composition un avenir plus radieux, plus optimiste dû à une clarté dans le travail instrumental plus notoire ainsi qu’un plus grand dynamisme dans les éléments électroniques. Tout cet effort ne serait rien sans une nouvelle performance hors-norme de la part de notre vocaliste qui dégage toute sa sincérité, toute sa douleur sans le moindre excès et toujours d’une justesse irréprochable.

Ces accomplissements vocaux mettent en lumière plusieurs points faibles de cet opus. En effet, si l’on retire le chant de l’ensemble des toiles, certaines d’entre elles se montrent plutôt ternes, sans grand intérêt et même amorphes et affichent leur trop grande dépendance à ce chant. Paper Heart est l’exemple typique d’un morceau pop conventionnel au possible et peu intéressant par quelques accords de piano ainsi que de guitare acoustique insignifiantes, jouées et rejouées une multitude de fois. Parallel est dans le même cas de figure, cette fois-ci par des utilisations d’échantillons électroniques qui ne se démarquent pas plus de d’autres titres pop et dont la production est si propre que l’on se questionne quant à la présence de musiciens et de leur apport dans le jeu.

Que penser de ce Dark Sun ? Indéniablement, il s’agit là d’un album plus que convenable qui saura nous émouvoir et dont la portée nous concerne tous de près ou de loin. Rory Rodriguez montre ses indéniables progrès dans sa large palette vocale et saura nous provoquer plusieurs moments chagrinants. Malheureusement, la formation américaine manque encore d’une identité propre et certaines de ses plumes ne sont qu’une preuve supplémentaire d’un classicisme encore trop présent. De même, le metalcore se fait de plus en plus discret pour ne laisser place qu’à une pop qui, la plupart du temps, est dépourvue de saveurs. Ce cinquième opus doit être considéré comme un petit avertissement pour notre quatuor qui devra trouver d’autres combinaisons pour rester dans le coup.