Drown In Sulphur est un groupe italien actif depuis 2014 qui a connu un véritable pic de popularité lors de la publication de deux compositions
An Epilogue to the Arrogant et
Blackwind qui ont chacun atteint les cinq millions de vue sur YouTube et un peu plus d’un million d’écoutes sur les plateformes de streaming. Cette propulsion soudaine ne s’est pas arrêtée en si bon chemin puisque le quintet a partagé par la suite diverses scènes avec des grands noms du deathcore comme
Whitechapel,
Carnifex ou encore
Rings Of Saturn.
Malheureusement, l’avenir de la formation se ternira au bout de six années d’existence avec des conflits internes ainsi que des désaccords sur la direction à prendre pour le projet. Ces tensions ont finalement fait l’objet d’une division en deux combos différents, l’un ayant gardé son nom originel et l’autre ayant pris comme nom Defamed. Ces changements n’ont pas empêché les Italiens un an après leurs querelles de produire leur premier full-length
Sulphur Cvlt, un disque assez différent de ses précédentes productions puisqu’il met en exergue une tendance black couplé au savoir-faire initial des musiciens à savoir le (slam) deathcore. C’est donc fort de cette nouvelle identité et d’une line-up transfigurée que le collectif revient avec un second album intitulé
Dark Secrets of the Soul.
Notre quintet n’a pas vraiment vocation à renouveler les codes du blackened deathcore et nous ne sommes pas forcément surpris des similitudes avec
Lorna Shore ou
Mental Cruelty. Les écritures sont d’ailleurs sensiblement identiques avec un esprit morose largement accentué par les orchestrations et les fréquences aiguës en termes de riffing. La malveillance des mélodies est quant à elle établie par les breakdowns ainsi que par le chant principalement growlé. Sur les arrangements symphoniques, l’inspiration d’un Cradle Of Fifth n’est jamais bien loin mais ses utilisations sont dans leur ensemble plutôt modérées.
Dans son caractère mélancolique et sinistre, le groupe expose de temps à autres des regards plus sensibles comme sur l’introduction de Lotus où nous sommes accompagnés de douces notes à la guitare acoustique et d’un chant clair tiraillé, défaitiste. Au sein de ce morceau de six minutes, la progression se fait lente avec des couplets qui préservent cette empreinte apaisée, toujours avec cette palette vocale déchirée et des refrains majestueux, où le growl se mêle avec le chant clair le tout sous un instrumental amplifié. L’émotivité s’intensifie davantage avec cet impressionnant solo de guitare, une souffrance qui semble irrémédiable.
Au travers des compositions, on sent aussi que la formation veut parfois maintenir une certaine forme de traditionalisme avec des schémas élémentaires et des pannes conventionnelles qui se détachent des combos modernes. Parmi eux,
Unholy Light se présente comme un titre sans véritable excès, un riffing très sobre, une prestation vocale tout à fait classique et un breakdown tout aussi rudimentaire, sans ce sentiment de pesanteur ou d’exagération. On retrouve ces pannes coutumières régulièrement au sein de cette toile ce qui permet au quintet italien de se différencier. Pour autant, il arrive aussi à nos artistes de suivre les mêmes erreurs que leurs confrères avec des breakdowns surchargés et caricaturaux.
Buried by Snow and Hail soumet ce rythme de plus en plus languissant avec une surenchère à la grosse caisse pour un rendu indigeste.
A force également de conserver ce comportement routinier, nos Italiens en viennent à accoucher de morceaux sans véritable relief. Ainsi, un Say My Name nous exhibe durant quatre minutes un riffing certes groovy mais surtout très redondant qui nous prend d’un certain ennui. Heureusement, pour effacer ces quelques mauvaises impressions, le collectif sait justement rebondir en nous concoctant des titres hétérogènes et généreux. En ce sens, le morceau éponyme est également dans ce tempérament simpliste mais les fluctuations rythmiques, les refrains mélodiques ainsi que les solos de guitare offrent une composition aboutie et captivante. Quant au final
Shadow of the Dark Throne, une plus grande variété vocale et une tournure épique conclut d’une bien belle manière l’opus.
Le bilan est incontestable :
Dark Secrets of the Soul est un bon album mais pas un très bon opus. On se réjouit d'avoir en face de nous une œuvre qui ne se contente pas de suivre la masse en protégeant la génétique du deathcore mais aussi en apportant un petit attrait progressif non négligeable. Drown Of
Sulphur fait preuve au sein de sa seconde pièce de bien belles qualités, de titres éloquents mais aussi de quelques erreurs d’amateur qui prouvent que le seuil de l'excellence n'est pas encore atteint. Avec des mélodies moins linéaires et un travail vocal un peu plus étoffé, nul doute que l'avènement n'est qu'une question de temps pour le quintet italien. Affaire à suivre donc ...
Merci pour ta chronique Groaw :) N'étant pas spécialiste de ce style, j'ai du mal à être complètement objectif dans l'analyse, mais là où son prédécesseur me laissait un peu de marbre, ce nouvel album m'a ravi et fait penser à ce qu'a pu produire Shadow of Intent. Il est toutefois bien vrai que niveau originalité on est un peu en reste, heureusement que l'efficacité compense. Une bien belle découverte que je vais de ce pas réécouter.
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