« La terre est ta prison comme elle est ton royaume »
Un proverbe assez intéressant et reflétant formidablement le monde de la musique. En effet, beaucoup de formations restent emprisonnées dans leur genre et ne tentent en aucun cas l’innovation ou la métamorphose. Mais certaines essayent tant bien que mal d’inventer ce qui sera peut-être « la musique de demain » ou se servent de sub-genres et les malaxe à leur façon afin de créer de nouvelles catégories.
Ce fut le cas dans les débuts des années 2000 où nous avons pu remarquer l’envolée fulgurante du
Deathcore, reprenant les mêmes éléments que le Death
Metal mais en mêlant différents types de chants (growl, screal et plus récemment, le chant clair) et amenant avec lui des riffs beaucoup plus sanguinaires et pesants. Mais force de constater que cette sous-catégorie a perdu beaucoup de son élan depuis maintenant cinq printemps avec le développement de d’autres sous-familles novateurs et invraisemblables comme le Neo-
Deathcore de
Suicide Silence ou encore ce qu’on pourrait appeler le
Deathcore Symphonique de
Shadow Of Intent.
Et c’est avec une toute nouvelle jeunesse que l’on va tenter de voir si cette fougue de la révolution est toujours d’actualité. Je vous présente donc
Entheos, un insignifiant quatuor qui nous sort tout droit de « l’
United States of America ». Jusque-là, pas de réelle stupéfaction, vous êtes sûrement en train de vous dire : encore une de ces troupes qui va nous proposer une musique tout à fait banale, sans aucun intérêt et sans aucun goût. Et je vais tout de suite vous dire que vous vous trompez fortement.
Si on s’intéresse sur les membres de ce collectif, on peut remarquer la présence de Navene Koperwels, ex-batteur de
Animals As Leaders ou encore
Evan Brewer, ex-bassiste de
The Faceless. Quant à la vocaliste, oui, j’ai en effet dit « LA » vocaliste puisqu’il s’agit bel et bien d’une femme.
Outre le fait qu’elle représente une nouvelle tête dans une gente féminine pas encore bien présente dans le monde du metal, Chaney (c’est son prénom) était l’une des prétendantes pour devenir l’éventuelle chanteuse de
Veil Of Maya. Malheureusement, ce fut Lukas Magyar qui a été choisi. Pendant ce temps,
Entheos a vu le jour et depuis ce jour, il y a eu un beau chemin de parcouru.
Effectivement, nos Ricains n’en sont pas à leur première toile : en l’espace de trois ans, déjà un EP et un album ont fait leur apparition. Ironie du sort, les morceaux sont un parfait mélange entre le côté mélodique mais néanmoins féroce de VOM, le côté moderne de AAL et la technicité de
The Faceless. Deux tableaux très satisfaisants et mine de rien, assez admirables. Et en cette fin d’année, la formation est de retour avec un nouvel opus du nom de
Dark Future. Alors, est-ce que la destinée d’
Entheos va devenir sombre ?
Nous n’allons pas nous mentir quant à cette pochette : elle est très inquiétante certes mais formidablement bien exécutée et très « tape à l’œil ».
Pas forcément inattendu soit vu les deux dernières œuvres mais montrant néanmoins une certaine linéarité et un sens du détail notoire.
En ce qui concerne les morceaux, ils sont au nombre de dix.
Pas forcément très long allez-vous me dire et pourtant, ce petit bébé dure tout de même 42 minutes, donc une longueur tout à fait classique. Nous commençons notre odysée avec Black Static, une entame plutôt atmosphérique, nous faisant oublier où nous nous trouvons actuellement mais balançant de plus en plus la sauce. White Noise se montre plus aiguisé, pas forcément poignant mais jouant beaucoup sur la distorsion du chant et des instruments.
Et c’est d’ailleurs un des points audacieux mais plutôt réussi de notre quatuor : la déformation de l’ensemble. Assez torturant au départ, on finit par trouver le tout séduisant et excitant. Autre marque relativement créatrice : le travail vocal. Non pas que celui-ci n’était pas présent lors des anciennes offrandes mais dans ce
Dark Future, mais on pourrait presque se faire avoir quant à la tonalité de la voix : à premier abord, on croirait entendre une voix d’homme et pourtant, on est abasourdi quand on apprend qu’il s’agit toujours de notre chère Chaney au chant. Une excellente sensation par conséquent.
Pour le reste, la recette reste la même : technicité, modernité, agressivité parsemée par une atmosphère planante. Un procédé qui reste bougrement efficace et qui montre cette volonté de fer à vouloir continuer à innover en rajoutant quelques constituants dans chacune des chansons. Et celle qui représente le mieux cette empreinte propre à
Entheos est The World Without Us : à la fois agressive et calme à la fois, une distorsion omniprésente et des détails contemporains parfaitement maîtrisés.
Notre quatuor vient de pondre un excellent opus, un monde futuriste où
Entheos deviendra Roi. Une imagination débordante et une innovation sans limites font de ce
Dark Future un album qui ravivera ceux qui cherchent un Death moderne avec un bon vent de fraîcheur mais qui fera sans doute grincer des deux ceux qui préfèrent le Death traditionnel, bourré de riffs ravageurs.
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