Djabah est un groupe français formé de membres parisiens et sudistes jouant dans un death métal typé tribal. Leur première démo, éponyme, était passée totalement inaperçue et avait surtout été critiquée pour son affiliation beaucoup trop visible avec les maitres à penser du groupe,
Gojira dans le studio desquels avait d’ailleurs été enregistrée cette démo.
Pour leur 1er album,
Djabah s’est inspiré de l’histoire d’un petit pays africain coincé entre le Togo et le Nigéria : le Bénin, qui compte beaucoup pour les membres du groupe notamment pour le bassiste, marié à une Béninoise.
Cet album peut être considéré comme un concept-album dans le sens où les 8 titres ont pour thème commun l’esclavagisme au Bénin. Le titre de l’album, « Danhomé », est l’ancien nom du Bénin et la quasi-intégralité des textes est chantée en fon, langue ethnique majoritaire du Bénin.
Commençons par l’artwork pour lequel le maitre mot est sobriété, du noir et du blanc. Le côté tribal que l’on retrouvera dans la musique est bien représenté par l’écriture choisie pour les noms du groupe et de l’album ainsi que par l’illustration : cette sculpture rappelant immédiatement les tribus africaines.
Le livret explique brièvement le concept de l’album et celui de chaque chanson, ainsi Kpengla (2ème chanson) est le nom du roi qui officialisa la traite des esclaves. Mais première critique : des fautes dans le livret ! Et nombreuses en plus ! Des mots ou des espaces oubliés, aucune ponctuation, et même des fautes d’orthographe.
Mais passons à l’essentiel, la musique…
L’album démarre avec Danhomé sur une introduction lourde à souhait qui s’installe tranquillement avant de laisser la place à une rythmique plus rapide et sans doute l’une des parties les moins intéressantes de l’album.
Le son est organique sans être poisseux, donnant un côté « chaleureux » et sciant parfaitement à l’esprit tribal. Esprit également présent pour le côté entêtant de certaines parties telles que l’introduction d’Umgbé sur laquelle sont posés des chants incantatoires en langue ethnique nigérienne : le Yorouba.
Certains morceaux se classent dans un death metal beaucoup plus classique, moderne et violent voire brutal comme sur l’enchaînement
Possession-Toélo. Les hurlements des 2 grogneurs de service restent efficaces, bien adaptés à la musique du groupe sans être transcendants.
Mais une question reste en suspens… l’empreinte
Gojira est-elle toujours aussi visible ?
La réponse est non. Le groupe a su s’en démarquer par ce côté tribal mais aussi par des compositions beaucoup plus courtes et donc directes (moins de 4’50 pour 7 chansons sur 8). Cependant certains passages (souvent les plus calmes) et quelques riffs rappellent sans conteste le groupe landais (le début de Sévices et tortures par exemple). Mais là où la patte
Gojira se fait le plus sentir, c’est sur la batterie. Cet instrument est à double tranchant, je m’explique ; C’est sur lui que repose l’essentiel de la puissance musicale de
Djabah, une technique impeccable, une vitesse hallucinante, bref que du bon. Mais malheureusement cette technique, cette vitesse rappellent immédiatement
Gojira et le jeu si caractéristique de Joe Duplantier. Donc même si c’est terriblement bon ça sent parfois le déjà-entendu.
Pour conclure
Djabah nous offre un bon disque de
Death Metal, moderne, puissant, direct, assez technique mais auquel il manque sans doute une bonne dose d’originalité.
Djabah ne révolutionnera pas le
Death Metal mais avec de la chance, de la rigueur et une touche supplémentaire de génie pourrait se hisser au niveau d’autres groupes français tels que SikH,
Dagoba et autres…
Enfin une dernière critique, à la fin de l’album on peut se poser la question, mais qu’en est-il de l’inspiration africaine ?
A part deux trop courts passages, l’influence africaine n’est pas assez présente à mon goût pour illustrer efficacement le message du groupe et pour transporter l’auditeur vers les terres des Fons, Yoruba et autres ethnies traitées injustement en animaux et arrachées à leurs vies pour satisfaire aux besoins des colons en sucre, en huile et autres marchandises produites avec la sueur et le sang des esclaves noirs.
(A noter que j’ai trouvé l’album à la FNAC à Lyon pour la modique somme de 1€ alors à ce prix là pourquoi se gêner ?)
Note : 13/20
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