Liste des groupes Deathcore Paleface Swiss Cursed

Fortement en vogue depuis la sortie de son disque Fear & Dagger en 2022 et par ses collaborations avec Landmvrks, Traitors ou encore Resolve, Paleface doit son gain de popularité par son neo deathcore tranchant, ponctué d’une inspiration slam. Bien que son identité ne soit pas spécialement révolutionnaire, la formation suisse peut cependant compter sur une véhémence insatiable et une rusticité primitive. De plus, le petit collectif joue d’une image spontanée et authentique qui le rend attrayant. Un an après leur triomphe, nos Suisses en ont profité pour ajouter le terme « Swiss » à leur nom pour éviter toute confusion avec d’autres artistes homonymes. Ils ont également publié plusieurs singles indépendants cette même année comme Best Before : Death ou The Gallow, deux morceaux qui auront eu le même succès retentissant que leur dernier opus.

Le troisième opus prénommé Cursed aura donc la lourde responsabilité d’entretenir la gloire emmagasinée jusqu’ici et pourquoi pas de propulser nos artistes au statut de légendes. Si cette troisième œuvre a une nouvelle fois été autoproduite, nos musiciens se sont adjoints les services de la maison de disques Blood Blast Distribution (Angelmaker, Butcher Babies, Phantom Elite) pour sa promotion.
Si Fear & Dagger contenait seize titres et plus d’une heure de performance, ce nouveau-né est davantage dans la standardisation avec ses neuf petites compositions et une durée d’écoute qui n’atteint même pas la demi-heure. Si la quantité n’est pas toujours gage de qualité, elle a plutôt été couverte de réussite sur le second ouvrage de notre quatuor. Son héritier n’aura en revanche pas les mêmes éloges avec une excellence loin d’être acquise et une sensation de rabâchage.

Cursed n’est aucunement un mauvais album mais on sent un groupe qui est quelque peu en pilotage automatique et qui surtout ne cache nullement ses inspirations. Après l’intrigante et inquiétante introduction un pobre niño murió, nos Suisses enchaînent sur un Hatred d’une efficacité redoutable par son riffing incisif et ses percussions retentissantes. Néanmoins, le titre souffre de la ressemblance avec d’anciens travaux qui ne lui permettent pas de se démarquer. De plus, les riffs binaires révèlent un instrumental très élémentaire dans son ensemble, malgré un breakdown pondéreux qui prodigue un souffle un peu plus rafraîchissant. Si la proposition vocale de Marc Zellweger est toujours impressionnante et énergique notamment sur ses sections rappées, elle emprunte malheureusement des traits significatifs avec le vocaliste de Slipknot Corey Taylor, ce qui met en évidence cette impulsion neo metal omniprésente.

Pourtant, le collectif n’a absolument pas le besoin d’imiter ou même de s’auto-parodier pour concevoir des compositions intenses et mémorables. L’esprit thrash de Youth Decay est typiquement ce que l’on attend du quatuor suisse à savoir un morceau dynamique qui ne met pas à l’écart la souffrance du nu metal ou l’animosité du deathcore mais qui la peaufine par une virtuosité des solos de guitare. L’apport du chant clair apporte aussi un souffle de fraîcheur au sein d’une prestation vocale virulente. Cette palette limpide est tout aussi délicieuse sur le final River Of Sorrows, une merveilleuse balade où l'on se surprend de découvrir une formation d’une grande sensibilité et qui est capable de frapper fort d’une façon radicalement différente qu’à l’accoutumé.

Mais on sent que la formation se ferme à ce qu’elle maîtrise le mieux à savoir des réalisations languissantes, provocantes et combatives. On ne peut pas vraiment blâmer nos Suisses pour cela, d’autant plus que ces ébauches tapent généralement dans le mille mais on imaginait sûrement que le combo n’allait pas rester sur ses acquis et allait soumettre un rendu plus diversifié. Et lorsque le combo tente la carte de l’expérimentation, cela donne un Enough? douteux dans son intro trap/rap qui réveille les collaborations discutables de Korn avec des rappeurs tels qu’Ice Cube, Slimkid 3 ou Nas. La suite de la composition reprend les ingrédients classiques de notre quatuor, un tempo assez poussif, un riffing spontané et un vocal hargneux. Le rapprochement avec les groupes éminents du neo metal va jusqu’à la présence des platines et des scratchings qui contribue cependant à une cadence un peu excentrique.

Paleface Swiss confirme son statut de force brute du neo deathcore mais peine à renouveler une recette qui, bien qu’elle soit parfaitement huilée, commence à montrer ses limites. La puissance et la rage sont indéniablement présentes et certains morceaux rappellent toute la réserve du groupe lorsqu’il explore avec finesse ses multiples influences. Cependant, un certain conformisme dans l’approche et des tentatives d’expérimentation souvent maladroites empêchent cet album de franchir une étape notable dans la discographie de nos artistes. Si Cursed ne déçoit pas totalement, il laisse entrevoir la nécessité pour le quatuor suisse d’apporter son lot de curiosités s’il veut transformer son essai en une victoire d’envergure.