Forts productifs depuis leur retour sur le devant de la scène en
2012, avec deux albums studio, un live et de nombreuses prestations remarquées et remarquables en festival, les Anglais de
Satan remettent le couvert avec une jolie signature chez
Metal Blade. Toujours fidèles à Kantor et à leur mascotte fétiche pour représenter leur oeuvre, les vétérans de Newcastle sortent de leur mortier dix nouveaux titres pour un
Cruel Magic attendu pour la première quinzaine de septembre 2018.
SI
Satan a enfanté d'un disque excellent avec l'album
Life Sentence en 2013, son successeur
Atom by Atom (2015) plus touffu et quelque peu moins immédiat bien que qualitativement réussi, pouvait laisser craindre une escalade de technicité. Il n'en est rien sur
Cruel Magic. Encore plus organique, enregistré à l'ancienne, et pourvu d'un son limite décharné, ce nouveau
Satan développe les qualités d'écriture du quintette avec un état d'esprit rétrograde à souhait, et des variations plus marquées tout au long de ses cinquante minutes (la pièce heavy "
Cruel Magic", la calme intro de "Who Among Us" ou le mélodique "Ophidian"). Moins rapide globalement et plus coloré en harmonies vocales chères à Brian Ross (qui accomplit un boulot sans faute sur tout le disque, avec ses modulations toujours précises et bien senties), l'album nécessitera plusieurs écoutes pour prendre corps dans les mémoires, même si l'aspect mélodique est ici bien mis en avant.
Notons encore une fois une attention remarquable sur les soli de la paire Ramsey/Tippins ("
Legions Hellbound", "Who Among Us") et sur les parties rythmiques tellement fluides et lisibles qu'on pourrait en déchiffrer grâce à une production épurée chaque partie. Toutefois,
Satan rassurera ses fans avec un
ADN qu'il ne renie pas, témoins les rapides "
Doomsday Clock" (en écoute ci-dessous, et découvert en avant première de la sortie de l'album) "My Prophetic Soul", ou les cavalcades de "
Legions Hellbound" que n'auraient pas renié le Iron Maiden de 1982. Assez éloigné dans l'esprit finalement de la course à l’échalote d'un
Atom by Atom plus linéaire dans son ensemble, le
Satan cru 2018 renoue si besoin était avec l'approche qui était la sienne à ses débuts. Équilibré et à l'opposé d'une démarche tape à l’œil, l'album termine magnifiquement par l'épique "
Mortality", pièce à tiroirs mélodique de haute tenue.
De façon complètement assumée (les interviews mentionnant même quelques menues erreurs d'enregistrement volontairement non corrigées, un comble pour les adeptes de perfection qui pourront aller écouter leur bonheur ailleurs),
Satan revient vers son passé pour assurer son futur. Encouragé par la réception enjouée des fans des deux côtés de l'Atlantique,
Cruel Magic est un album bourré de morceaux prenants, comme il en pleuvait en 1983. Doté d'une qualité d'écriture digne des ses meilleurs moments, bourré de mélodies, d'harmonies et enrobées d'envolées mises en valeur par un esprit très (mais alors très) vielle école,
Cruel Magic nous renvoie 35 ans en arrière avec un bonheur délectable. Tour à tour heavy, NWOBHM et speed, l'album pourra constituer un vrai repoussoir pour un public non averti, mais sera, avec quelques écoutes au compteur, une vraie réussite pour ses fans les plus intègres.
Merci pour cette excellente chronique, LeMoustre, qui reflète tout le bien que je pense de cet album.
Merci pour la chro. Je partage ton ressenti, un disque absolument terrible. Entre les mélodies des guitares et celles des lignes de chant, c'est gavade tout le long. J'apprécie vraiment "Life sentence" (je ne connais pas le suivant) mais celui-ci est nettement supérieur à mes oreilles. Tout simplement un must have des années 2000 en heavy metal. Moi qui ne trouve pas la clé avec Eternal Champion et autres, je me régale avec Satan.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire