Une fois encore produit par Dario Mollo, dont il est bon de rappeler qu'il est aussi un guitariste émérite à qui l'on doit, notamment, la trilogie The Cage (à laquelle participe également
Tony Martin), et une fois encore illustré par Eliran Kantor, dont les travaux les plus courus ornent les œuvres des
Testament,
Hate Eternal,
Evile et autres
Atheist,
Atom by Atom est le nouvel opus des vétérans britanniques de
Satan.
En premier lieu, disons que ce disque constitue une bénédiction pour qui, comme votre humble serviteur, rechigne à s'abandonner aux sirènes de ce modernisme systématique et aveugle. Pour qui, en somme, respecte l'héritage de ce passé dont chaque souvenir écrit le présent. Pour qui n'a pas oublié d'où il vient. Pourtant, bien qu'empreint de passéisme, ce plaidoyer n'oublie pas de nous offrir un visage terriblement actuel (notamment grâce à une production soignée et, à l'évidence, réfléchie). Cette vision de deux mondes distincts, baignant à la fois dans ce traditionalisme, si chers aux anciens, et dans ce progressisme, si chers aux néophytes, aidé par une époque qui favorise ce genre de revival, constitue l'un des atouts le plus crucial de ce manifeste.
Puisque nous avons commencé à évoquer cette production, allons plus loin sur ce chemin-là. Semblable à celle qui fut autrefois allouée à
Life Sentence, elle laisse entendre un son dans lequel chaque instrument trouve merveilleusement sa place (et tout particulièrement la basse et les guitares). Un traitement sonore d'autant plus capital qu'une fois encore Russ Tippins, principal compositeur de ce quintet, ainsi que Steve Ramsey sont très en verve. Tout comme, d'ailleurs, Brian Ross à la voix si particulière, et si naturelle, sur laquelle d'aucuns, stupides s'il en est, avaient émis quelques doutes quant à des capacités qu'ils dénonçaient comme, je cite, "limitées".
Cela étant dit, revenons maintenant sur les morceaux de ce
Atom by Atom.
Le furieux et vif
Farewell Evolution, débutant sur une envolée vocale nous évoquant les grandes heures du Heavy Speed
Metal, et notamment anglais (
Judas Priest n'étant pas loin), entame les débats de bien belle manière. Il nous replonge d'emblée dans l'univers de ce groupe s'inscrivant comme la continuité immédiate de ce
Life Sentence qui, en son temps, avait fait sensation. Le véloce The Devils Infantry, mais aussi un
Fallen Savior aux refrains enivrants, nous convainquent, eux aussi, sans mal. Les plus posés
Atom by Atom, My Own
God ou encore par exemple
Ahriman, sur lequel, soit dit en passant, Brian Ross fait un travail remarquable, sont autant de pistes venant, elles aussi, s'ajouter à cette longue liste de titres séduisants. Une liste loin d'être exhaustive puisqu'on pourrait y joindre sans peine des morceaux tels que ce Bound in
Eternity aux rythmes délicieusement changeants ou tels que ce The
Fall of
Persephone à l'aura superbement mystique.
Concluons par quelques mots sur la pochette de ce plaidoyer qui, une fois encore, est splendide. Reprenant les thèmes, le personnage et les couleurs si chers à ce groupe, elle est dans la plus pure tradition des derniers artworks de cette formation. Du grand art en somme.
Atom by Atom, quatrième véritable album des Anglais de
Satan, nous propose donc de poursuivre là où
Life Sentence s'achevait. Un prolongement heureux, donc, qui ravira les adeptes de Heavy
Metal, de riffs incisifs, de Heavy Speed, de talents, de NWOBHM et de conformisme usé intelligemment.
Ce groupe n'a pas eu le succès qu'il méritait tout simplement parce qu'il a passé son temps à changer régulièrement de chanteur, mais surtout de nom (imaginez si Black Sabbath, Deep Purple, Rainbow, ou encore Uriah Heep avaient fait pareil!).
Quand Brian Ross quitte le groupe en 1984 (et reforme Blitzkrieg), Satan recrute Lou Taylor puis se rebaptise Blind Fury, et enregistre l'excellent "Out of Reach" (1985).
Suite au départ de Lou Taylor et à l'arrivée de Michael Jackson, Blind Fury redevient Satan puis enregistre le EP "Into the Future" (1986) et l'album "Suspended Sentence" (1987).
En 1988, alors que le groupe n'a subi aucune modification de line-up, ses membres décident de changer à nouveau de patronyme en adoptant le nom Pariah.
En 1989, après avoir enregistré "The Kindred" (1988) puis le très bon "Blaze of Obscurity" (1989), Michael Jackson quitte Pariah qui splitte.
On retrouvera Steve Ramsey (guitare) et Graheme English (basse) au sein de Skyclad.
Reformé en 1997 avec au chant Alan Hunter (ex-guitariste de Tysondog), Pariah sort l'album "Unity" puis se sépare à nouveau.
Il faut attendre 2013 et la sortie de "Life Sentence" pour retrouver le groupe sous le nom Satan et, cerise sur le gâteau, avec le line-up de "Court in the Act" (1983).
Déjà que c'est très difficile de percer dans le Heavy Metal, mais si ce sont les membres du groupe qui, eux-même, font tout pour saboter la carrière de leur formation, comme résultat faut pas s'attendre à autre chose qu'à un échec.
C'est d'autant plus dommage que Satan/Blind Fury/Pariah avait le talent nécessaire pour pouvoir s'imposer au sein de la New Wave Of British Heavy Metal (la qualité de ses disques le prouve), et en devenir l'un des groupes leaders.
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