Hormis quelques groupes polonais de grande envergure, le deathmetal peine à s’exporter des pays de l’est depuis deux décennies, faute à des infrastructures adéquates. C’est le cas des Biélorusses de
Posthumous Blasphemer, qui enchainent déjà leur troisième album dans la plus grande discrétion, au sein du petit label Relics Records. Enregistré à
Minsk en 2005,
Crucified Humiliation représente un pas de géant depuis son prédécesseur, qui bénéficiait d'un mixage pour le moins confus. Le line up reste articulé autour du bassiste Alexzonder et du guitariste Fiendharon, se partageant les parties de batterie, et s’adjoignant cette fois d’un nouveau growleur en la personne de Biven.
Posthumous Blasphemer balance un brutal death proche de
Suffocation (reprenant d’ailleurs le titre Catatonia en hommage), s’affichant dès lors comme une énième réplique du dieu new-yorkais. Lors des premières écoutes,
Crucified Humiliation laisse ainsi une impression mitigée, contenant de surcroît quelques plans ou soli maladroits, une production claire manquant toutefois d’un brin de profondeur, ou encore un guttural monocorde, qui lui confère un côté parfois poussif.
Pourtant, au-delà de ses imperfections,
Crucified Humiliation prend corps au fil de ses écoutes, révélant alors une richesse et une profondeur insoupçonnées.
Posthumous Blasphemer multiplie en effet les pointes techniques et les accords atypiques, lui apportant un surcroît de personnalité, mais soigne parallèlement ses ambiances, lui permettant de dégager une aura maléfique toute particulière. L’album monte également en puissance au fil de son avancée, pour atteindre son paroxysme sur les excellents
Agony Of
Vainglory & Chastise By
Cross, équilibrés et parfaitement ficelés, avec leurs outros lancinantes ou baroques obsédantes, qui assombrissent considérablement son climat.
En outre,
Crucified Humiliation entretient savamment une aura anti-chrétienne, une nouvelle fois synthétisée par le choix des illustrations moyen-âgeuses de Hyeronymus Bosch (1450-1516), peintre ayant imposé une vision très personnelle de l’enfer. L'ensemble dégage ainsi dans une forte atmosphère d’hérésie et de sacrilège, qui convient parfaitement au concept blasphématoire de
Posthumous Blasphemer.
Sans constituer l’arme ultime face à la domination insolente des missiles largués par ténors du brutal death actuel, et malgré ses accents
Suffocation encore évidents,
Crucified Humiliation reste un album profond et racé, beaucoup plus subtil qu’en apparence. La richesse de son concept, le choix judicieux des peintures, son imagerie et ses ambiances soignées, sont autant d’éléments permettant à
Posthumous Blasphemer de créer son propre univers, s’ajoutant à sa technique musicale, qui s’avère au final particulièrement redoutable.
Fabien.
Merci à toi Sijj, de m'avoir parlé un jour de Posthumous Blasphemer.
Fabien.
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