Un album tous les deux ans, c'est le tarif chez les Transalpins de
Game Over, depuis
For Humanity. Dans le grand monde du thrashmetal (du moins à en voir le nombre de groupes proliférant sur les plate-formes d'écoute),
Game Over fait figure de sérieux outsider tant les deux premiers albums, solides et incisifs, ont su convaincre l'adepte de sonorités Bay-
Area. A l'heure du troisième album, le groupe d'Emilie-Romagne a t'il su transformer ses deux essais précédents ? Simone Mularoni (
Ultra-Violence,
Bulldozer) est toujours aux manettes, et c'est Scarlet qui distribue, assurant une bonne couverture européenne.
On retrouvera dès l'intro passée les rythmiques tapageuses qui figuraient dans les deux premiers albums, à renfort de riffs typiques et vifs, de rythmiques endiablées, et de thrashmetal d'école qui rappellent au bon souvenir des deux premiers disques de la formation ("Just A Little
Victory", "22 Park Street" ou le très
Exodus "
Crimes Against Reality"). Les soli sont travaillés ("
Astral Matter"), et "
Gates Of Ishtar", sans doute le meilleur titre du disque avec son début arabisant et ses couplets supersoniques, fait son petit effet. Le cahier des charges d'un bon disque de thrash est donc rempli.
Ceci dit, quelques expériences font jour, à l'instar d'un
Warbringer sur son IV Empires
Collapse, sans le côté moderne de celui-ci toutefois. Les riffs et le refrain aux parfums hard-rock superposés à un titre qui sent bon le Mustaine ("Neon Maniacs", en écoute ci-dessous) surprennent dès la troisième piste. Étonnant. Celle-ci se voit collée d'une ballade qui s'énerve sur sa seconde partie avec de multiples soli de la paire Ziro / Sanso, au parfum
Testament délectable ("With All
That Is Left"). Comme Reno, le chanteur bassiste, module encore plus ses vocalises tout au long des 41 minutes du disque (encore une fois, les fans de Mustaine seront ravis), on sent bien la volonté de
Game Over de se diversifier un petit peu. Témoin le court et intense "Fugue In D Minor" que n'aurait pas renié
Wehrmacht (un des deux guitaristes arbore fièrement un T-shirt de la formation dans le livret). Au rayon ratés, relevons le débit vocal bégayant sur le final "Fix Your Brain", gâchant quelque peu une composition qui ne le méritait pas.
Voulant se démarquer sans doute d'une meute très académique (les Espagnols de
Angelus Apatrida ou
Crisix officient dans le même veine, par exemple)
Game Over choisit d'élargir quelque peu son propos, sans toutefois être aussi radical qu'un
Warbringer avec son IV Empires
Collapse de 2013. La base thrash est intacte et agrémentée d'ingrédients périphériques plutôt bien choisis.
Pas aussi intense que les deux premiers albums, du fait de ses légères incartades, il est toutefois assez probable que le chemin emprunté permette à
Game Over de perdurer, ou tout du moins de s'assurer une transition vers des contrées plus personnelles stylistiquement. Il pourra y avoir toutefois des déçus avec
Crimes Against Reality, chose assez difficile à imaginer jusque là chez ses deux très bons prédécesseurs.
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