Le pirate métal...
Il a suffi qu'un groupe récent se revendiquant du style (
Alestorm en l'occurrence) rencontre un certain succès sur les traces d'un
Running Wild, en proposant un heavy mâtiné de quelques arrangements folko-déliro-épique et arrosé de quelques bouteilles de rhum, pour que
Nuclear Blast s'intéresse au phénomène et s'empresse de se procurer son propre groupe de pirate-métal : j'ai nommé
Swashbuckle.
Ce groupe américain formé en 2005 avait réalisé rapidement deux démos puis un premier album sur un label indépendant en 2006, "Crewed by the Damned" qui avait fait suffisamment de bruit pour attirer l'attention de Ron
Bumblefoot, puis de
Nuclear Blast, puis au groupe d'enchaîner les tournées du style
Pagan Fest, parce que c'est bien connu, les pirates, c'est folk... Leur album précédent, "Back to the Noose" était sorti l'année dernière et avait été globalement assez bien accueilli. Et à titre personnel, j'avais plutôt bien aimé cet album.
L'alternance de grosses rythmiques thrash bien rentre-dedans, de chansons ultra-courtes limites grind et de petites morceaux acoustiques délirants par leur coté kitsch et bon enfant ainsi que leurs performances scéniques et leur humour stupide (par exemple rentrer sur scène sur une bande-son rap US ou sur de l'électro) m'avait rendu ce groupe sympathique et j'attendais de voir la suite. Le fait que celle-ci arrive l'année suivante me faisait déjà plutôt peur.
Alors, la voila : "
Crime Always Pays" ("le crime pait toujours") semble annoncer la couleur avec son lancement bien débile, le trailer annonçant comme slogan publicitaire "Il y a des femmes nues sur la pochette", pochette d'ailleurs plutôt soignée, le fameux squelette de pirate, de l'or de partout, un coq (?)...
Mais alors, rentrons dans le contenu, et c'est là que le bât blesse parce qu'à par les paroles et la pochette, quasiment rien de pirate là-dedans...
Bien, première constatation, la longueur des morceaux a considérablement augmentée, et là où sur le précédent, seul trois chansons dépassait les 2:50, ici seul trois sont plus courtes que 2:50, j'y reviendrais.
Comme pour le premier album, on va osciller entre les instrumentaux acoustiques et les gros bourrinages en règle.
Cela dit, dans son ultra majorité, la musique est purement est simplement un thrash-death ultrabasique et à la longue réellement usant... Non, chiant en fait, n'ayons pas peur des mots, à coté d'un certain nombre de chansons de cet album, les œuvres complètes d'Alphonse Daudet paraissent réellement captivantes, l'inventivité est proche de celle de Mary Higgins Clark (Oui, j'abhorre Mary Higgins Clark).
Je m'explique, là où sur les albums précédents s'enchainaient rapidement et prestement des compositions simples, entrainantes et bourrines, assez souvent jouissives, ici on a de nombreuses compositions qui ont juste droit au qualificatif de "bourrines". Ha oui, et de "bâclées" et "brouillonnes" aussi; probablement lié au faible temps de composition entre l'album précédent et celui-ci.
Des compositions comme "Raw doggin at the Raw'bar" , "
Crime Always Pays", "The Gallow's pole dancer" ou encore "You bring the cannons, we'll bring the balls" tournent autour de quelques riffs en en balançant plein la gueule de l'auditeur, sans une once de réflexion. Et à la longue, ça saoules.
"Long", oui le voila le mot. Sur l'album précédent, on avait des morceaux qui envoyaient du gros pâté bien sale, par exemple "We sunk your battleship" mais lorsque celui-ci durait 54 secondes et constituait une coupure originale entre deux morceaux globalement calme, là on en a à chaque fois pour trois voir quatre minutes. Et je n'ai rien a priori contre les morceaux bourrins, les "Cruise Ship Terror" et "
Scurvy back" du précédent était absolument énorme.
Musicalement, la recette n'a pas changée en soi, c'est toujours un trio guitare-basse-batterie bien en place et ultra rapide, avec la voix de l'Admiral Nobeard, qui est pour le coup toujours aussi bonne dans le genre "flibustier alcoolique à la recherche d'un coffre plein de deniers, d'une flasque pleine de rhum et à l'occasion d'un jupon remonté", même si à la longue, elle finira par paraître redondante et ennuyeuse comme tout le reste. C'est d'ailleurs le seul élément vraiment pirate des morceaux thrash-like.
Mais c'est plutôt l'équilibre qui a disparu, parce que "Back to the Noose" était un album vraiment équilibré : CD plus court avec morceaux assez courts, et surtout beaucoup de petits morceaux intercalés folko-acoustique ou purement délire intelligemment intercalé pour nous aider à digérer l'ensemble. Dans
Crime Always Pays, les morceaux paraissent long, mais long... les riffs de départ n'aurait d'ailleurs pas forcément été mauvais pris un par un dans des morceaux plus courts. Et il n'y a que deux instrumentaux intercalés, qui ne sont pas forcément des plus inventifs, mais laisse imaginer que cet album aurait pu être bon dans une conception plus travaillée. Bon, pour corser le tout, le premier : "Of Hooks and Hornswogglers" durent trois minutes (comme l'introduction et la conclusion du disque) et s'avère lui-même assez rébarbatif, surtout que vu sa structure, on aurait facilement pu le couper au bout d'une minute. Et puis surtout, on a plus les morceaux récitatifs où un vieux marin raconte des âneries sur une bande son rétro du style Rime of The haggard mariner, qui apportaient cohérence au concept piratesque.
Mais en y cherchant bien, on peut quand même trouver des notes positives dans cet album. Premièrement, nos pirates n'ont pas perdus le sens du riff qui fait tourner les têtes, et on sent qu'ils ont encore le potentiel de pondre des galettes de qualité, pour peu qu'ils se concentrent un peu plus sur leur démarche, et voient vraiment où ils veulent emmener
Swashbuckle. Et puis, on peut (parfois) sentir une évolution, par exemple avec le morceau "At the
Bottom of A
Glass" qui demeure à part dans cet album : plus travaillé, plus mélodique, plus posé si on oublie les voix, et assez nouveau dans le registre de
Swashbuckle. C'est un trés bon morceau, qui supporte sans problème ses quatre minutes, et laisse une porte ouverte vers quelque chose de nouveau et de prometteur que pourrait faire
Swashbuckle.
M'enfin, il leur reste à se sortir les doigts du recto-sigmoïde, à composer des morceaux pour avoir un ensemble cohérent. Parce que là, la pochette, le nom des morceaux, la dégaine du groupe et même leurs albums passés nous permettaient d'attendre un album jovial, déconneur, au moins rigolo, pas juste du gros thrash sans cervelle. On sent que les membres du groupe sont à une charnière et ont un peu le cul entre deux chaises, entre le thrash-death des morceaux à cent à l'heure du début, et l'envie de faire des morceaux plus longs et plus construits.
Quoi qu'il en soit, je ne veux pas dégouter les gens du groupe avec cette chronique sans concession. Elle est à la hauteur de ma déception sur cet album mais le potentiel demeure et on peut avoir l'espoir après le pire de pouvoir avoir le meilleur. Pour cela, je ne descendrais pas plus bas que sept.
Alors certes, il y a un bon titre, deux trois autres corrects, des types sympas, bons et charismatiques en concert et des femmes nues sur la pochette mais reste à savoir si cette argument de vente sera suffisant pour vous...
Allez, je vous laisse.
@ + et Bonne bourre...
Bakou
et puis, je suis désolé, ce perroquet ressemble à un coq...
Bakou
C'est assez décevant je suis d'accord. Je ne me suis vraiment pas fan des groupes de Trash/Death (et encore moins des groupes made in USA) mais j'avais vraiment adoré Back To The Noose. J'attendais cet album avec impatience mais finalement je n'ai pas trop aimé. Je l'ai trouvé assez "classique" sans originalité comparé au précédent opus. C'est un peu plus soigné mais peu intéressant à la longue. Je ne l'ai écouté qu'une seule fois et peut être que je vais réduire ma note.
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