Batillus aurait certainement pu rester dans les bas-fonds de la scène
Sludge.
Pas que la musique qu’ils avaient jusqu’à présent sortie soit particulièrement mauvaise, c’est juste que le
Sludge est certainement le pan le plus underground de toute la scène
Doom et seuls quelques groupes arrivent à accrocher la lumière comme
Eyehategod ou bien
Crowbar. Ceci en revanche pourrait bien changer avec la sortie de
Concrete Sustain. Alors que les autres sorties du groupe s’inscrivaient dans un registre purement
Sludge, les éléments d’indus qui ont été ajoutés sur le dernier album de
Batillus pourraient bien faire la différence.
On avait observé quelques expérimentations sur le split de
2012 avec
Whitehorse mais elles n’étaient que passagères, tel un bug dans la matrice, comparé à ce qui vous attend sur
Concrete Sustain. Puisqu’en fait, par-dessus les éléments typiquement
Sludge, que l’on pourrait comparer à des groupes de la trempe de
Pyramido ou
Pombagira, vient s’ajoute une couche d’instrumentation électronique qui fait resurgir des sons de la fin des années 80 / début des années 90, qui rappellent l’âge d’or de l’Indus. Leur utilisation naïve fera penser surtout aux claviers et autres samples que
Ministry utilisait sur l’album The
Land of Rape and Honey ou encore les sons plus vicieux de
Pigface.
Certains estimeraient cet ajout comme étant de la poudre de perlimpinpin destinée à cacher la pauvreté de la musique mais je trouve leur mariage plus que savoureux. Cela adoucit le côté plus abrasif du
Sludge en induisant un sentiment de vide calme à travers le côté répétitif de la musique. N’allez donc pas penser que le
Sludge de
Batillus consiste en une juxtaposition de gimmicks électro car ce disque est très varié. Par exemple, la présence de chant quasiment typé
Death Metal sur Beset permet de faire le parallèle avec les Français d’
Eibon. Ce qui est encore plus accentué sur le titre Mirrors où on croirait entendre
Scorn se mettre au
Doom Death. Intriguant.
Thorns, le dernier morceau ressemble aux travaux les plus calmes d’un
Abandon et la fameuse touche indus finit par le faire sonner comme du
Jesu dans ses meilleurs plans, une impression encore renforcée par les chants déclamés sur ce morceau.
Un disque réellement rafraichissant qui pourrait bien ouvrir plus de portes pour le groupe et une introduction parfaite qui ne martyrisera personne voulant découvrir un peu mieux le
Sludge. A cet effet, on préférera volontiers ce
Batillus à du Toadliquor. Si vous voyez ce que je veux dire…
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire