Un jour Dieu est mort. Comme ça, de bon matin il ne s'est plus levé.
Au début les gens ont été un peu perdus. Puis, l'air de rien, ils ont continué à vivre comme avant, juste un peu plus désenchantés. Toutefois, parmi eux, certains ont compris ce que ce grand changement impliquait. Et regardant la vie qu'ils menaient alors avec facilité, au pire avec indifférence, ils ont réalisé qu'elle ne servait plus à rien.
Alors ceux-là se mirent à jouer du
Sludge/
Doom.
Et parmi ceux-là,
Grief. Après leur premier album et quelques splits dispersés dans la nature, les gars de
Boston entrent en studio pour une nouvelle complainte. Et ils en ressortent avec l'incroyable
Come to Grief, leur album culte, quoiqu'on en dise.
Ceux d'entre vous familiarisés avec
Eyehategod ou avec tout autre groupe de
Sludge/
Doom se retrouveront vite dans cet album. Pour les autres, imaginez une seconde une sorte de Death
Metal très fortement ralenti, un peu comme
Dusk ou
Winter, mais avec une touche HxC qui ancre la musique dans la réalité.
Grief pond ici un album à la production parfaitement adaptée au style : d'abord très profonde, ensuite très massive avec un son de basse omniprésent, des guitares grondantes et des cymbales frémissantes. Quant au chanteur, il évoque sans peine un rottweiler maltraité qui prendrait sa revanche. En gros, un aboiement grave et traînant qui éructe des paroles pas très joyeuses, centrées sur la haine de la déchéance de soi et du monde.
Les huit chansons sont longues, peu variées, très lentes. Le
Doom domine ici plus largement que chez
Eyehategod ou
Crowbar, tout en gardant l'épaisseur de son, le grésillement et les vocaux chargés de haine du
Sludge. D'Earthworm, longue plainte alanguie au final destructuré par des breaks distordus et un chant hurlé dans les aigus, à
Come to Grief et ses passages Sabbathiens qui allègent à peine la charge en injectant une dose de groove dans la musique de
Grief, le rythme ne décolle jamais. Pour ceux qui s'attendent à des envolées de guitares, à des blasts ou à des passages rock'n'roll furieux, la déception est au rendez-vous.
Come to Grief leur paraîtra en fait une longue, trop longue introduction à un album qui n'arrive jamais. Les autres comprendront sans peine que cette intro prépare en fait au retour à sa propre existence de merde. Du moins, c'est sans doute ainsi que le groupe l'a voulu.
En fait, aucun morceau ne se distingue vraiment des autres, tant la pesanteur, l'étouffement et la haine sont constants. A peine peut-on distinguer
Hate Grows Stronger, Stricken (à l'intro ressemblant presque à du
Crowbar) et
Come to Grief par certains passages (encore) plus lents ou (légèrement) plus enlevés que sur les autres pistes.
Plus de 50 minutes d'une noirceur rarement égalée dans toute l'histoire du
Doom, voire du
Metal, voilà à quoi vous convie
Grief. Ni plus, ni moins.
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