Quand on pense au metal extrême symphonique, certains noms reviennent assez vite. Si on ajoute la Grèce aux dénominateurs communs, Septic
Flesh et, dans une moindre mesure,
Rotting Christ, ressortent en tête de liste des évidences. Si W.E.B (acronyme de Where Everything Begun) n’en est pas encore là, l’influence est évidente.
Proposant ici son cinquième album et désormais membre de l’écurie
Metal Blade, les grecs font parler un héritage d’une quinzaine d’années et la maîtrise d’un black metal d’obédience ostensiblement satanique, où les ambiances et thèmes occultes se marient à une aura empreinte de grandiloquence et d’une dimension guerrière.
Dimmu Borgir fait rapidement écho à la musique proposée sur "
Colosseum", autant dans la production massive mais propre mais aussi et surtout par les arrangements très cinématographiques de la musique. Si Chris Antoniou (Septic
Flesh) a aidé le groupe pour les parties orchestrales, le rendu est néanmoins beaucoup moins tribal et ethnique que la horde de Christos et
Seth Siro.
L’artwork très old school , incarnation maléfique et bestiale de la cruauté, renforce le côté 90s qui émane d’un black cru qui se pare pourtant de multiples arrangements pour donner à son propos plus de grandeur et de force. Là où "
Tartarus" était varié, "
Colosseum" se veut plus compact et violent, avec des morceaux courts et efficaces pour un disque d’à peine quarante minutes. "
Dark Web" ouvre le bal et sa noirceur nous cueille dès les premiers instants, entre ces orchestrations dramatiques, la crudité du riff principal et l’agression vocale de Sakis Darkface, chanteur/guitariste et principal compositeur du combo. Criard mais profond dans les phases plus narratives, il alterne différentes formes de noirceur pour parfaitement accompagner ce titre rapide et agressif sur les couplets et plus mid tempo sur le refrain, lorsque les orchestrations sortent du néant.
Les corbeaux de "Murder of Crows" annoncent un riff mélodique plus scandinave mais un blast beat surgit très rapidement pour nous plonger dans ce black typique des années 90. Le lead mélodique possède cette force hellénique évoquant justement les vieux Septic
Flesh, contrebalançant parfaitement avec des couplets aux accents plus suédois d’un
Dark Funeral. Le travail sur les arrangements prend toute sa force sur le solo et le break symphonique qui le conclut (parfait moment d’intensité en live).
Globalement, "
Colosseum" baisse rarement le rythme et s’inscrit dans cette veine rapide et tranchante sur sa quasi intégralité. "Dominis
Maleficarum" transpire une aura maléfique et cérémoniale, mystique comme si nous étions en présence d’un rite visant à appeler les démons de l’enfer (le mimétisme vocal avec le Shagrath d’un "Death Cult
Armageddon" est saisissante aux alentours des deux minutes). Une messe noire encore plus prégnante sur l’introduction de "Pentalpha", s’ouvrant sur une ôde au malin qui gagne peu à peu en intensité jusqu’à exploser, à l’instar d’un "
Exaudi Luciferi" qui prend son temps pour installer son atmosphère maléfique.
On pourrait regretter d’ailleurs un côté trop compact, rendant l’incision du début de l’album plus anecdotique sur la faim, les variations étant trop minces pour ne pas sonner finalement monolithique. Le titre éponyme, lui aussi, succombe à l’envie irrésistible d’accélérer le tempo pour attaquer l’auditeur sur sa seconde moitié là où la première était chargée d’ambiance et de noirceur. On appréciera néanmoins la variation vocale avec l’intervention de Hel
Pyre (basse) qui apporte une respiration plus claire, même si loin d’être réellement mélodique.
"
December 13th" conclut l’album sur une note instrumentale plus atmosphérique, comme pour apporter un semblant de brise sur la destruction et la chaos engendrés par les trente-cinq minutes précédentes.
W.E.B réussit ses premiers pas sur un gros label européen et risque d’étendre son art de façon plus imposante les prochains mois (la tournée avec
Fleshgod Apocalypse aidera énormément). Une grosse production, un style maîtrisé et carré, une aura sombre et blasphématoire, des arrangements sophistiqués et soignés … tous les éléments sont là pour cocher les cases du cahier des charges. Dommage que les grecs n’aient pas cherché à s’en extraire un peu plus … la prochaine fois.
Merci pour la chro !
J'avais sérieusement adoré Tartarus et je n'ai pas encore écouté ce petit dernier. De ce que je lis, ça devrait être un album qui me plaira beaucoup !
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