Certains groupes ne choisissent pas leur nom au hasard. Alors que le grunge connaît sa période de déchéance dont le décès de
Kurt Cobain, n'étant plus que l'ombre d'un lointain et malheureux souvenir et que de nombreuses formations ont déjà splittées, préférant s'engager dans une carrière ou des projets solos comme
Soundgarden, que
Alice In Chains commence à ralentir son activité et que le Big Four de Seattle perd de sa popularité d'antan, il fallait cependant marqué une dernière fois les 90's avant que le genre ne sombre définitivement dans l'oubli et que le néo-metal n'explose à son tour.
L'araignée, imaginée par le batteur Sam McCandless, est le symbole et le design graphique de
Cold, quatuor américain d'abord formé au milieu des années 80' - avant qu'il n'enregistre un album-live nommé "
Live at Furies" en 1996 sous le nom de Grundig qui avait d'ores et déjà su montrer les possibilités vocales de Scooter Ward et de ses camarades. Puis, le groupe se fait très vite repérer par Fred Durst par le biais d'une démo et change de nom pour
Cold à cause de droits juridiques et sur un coup de tête du guitariste originel de
Limp Bizkit (« Man, that's
Cold »).
Se distinguant des autres formations, l'univers de
Cold est ponctué de riffs sombres, de touches néo-metal et d'agressions sonores avec un chant glacial et mélancolique comme en rencontre peu sur l'ensemble de la scène grunge. "Go Away" est justement l'une des œuvres les plus percutantes du groupe, démarrant sur une instrumentation lourde et une atmosphère déjà particulièrement inquiétante sur certains passages (cf. à partir de 03:23 par exemple) avec les screams saccadés de Fred Durst en arrière-plan, avant de reprendre sur des refrains crades et acharnés menés par le vocaliste de la bande.
Quant aux influences néo-metal, elles proviennent essentiellement du fait que la production soit d'une part, signée par Fred Durst, leader du groupe de rapcore/nu-metal
Limp Bizkit et d'autre part, par Ross Robinson et Jordan Schur ayant tous deux travaillés avec de grands noms tels que
Korn,
Deftones,
Limp Bizkit ou dans un tout autre registre,
Nirvana. On aura donc le droit à des screams de Fred Durst sur "Blame" (présent sur l'édition japonaise) ou sur le morceau "Go Away" déjà évoqué où il apparaît notamment en guest. Aussi, quelques solos rappés de Scooter Ward feront leur apparition sur "Give" montrant une fois de plus, ces influences néo-metal très présentes sur cet album et constituant l'un des titres les plus froids du groupe musicalement parlant.
Le charme de cet éponyme vient aussi du fait que ses sons appuient davantage sur le côté crade avec des lignes mélodiques, bien loin d'être toujours très clean sur "Go Away" ou "Ugly" par exemple où s'ajoute à cela, quelques passages de distorsions qui viennent renforcer cette idée de production, faîte à partir de faibles moyens. Ce qui peut aussi être perçu comme une faiblesse pour certains auditeurs s'ils ne comprennent pas bien ces choix artistiques (même si la formation ne devait cependant pas disposer de moyens conséquents au vu de la pochette). Des sons électroniques, aussi rudimentaires soit-ils, viennent également s'ajouter et ne se traduisent pas seulement par de simples éléments de remplissage s'il l'ont en croit les morceaux "Superstar" - "Serial
Killer" ou "Everyone Dies" où ils contribuent largement à la mémorisation et à l'efficacité des mélodies.
Ce n'est donc pas au hasard, si ce "
Cold" mise particulièrement sur l'intensité de sa tracklist, "
Insane" se veut à la fois mélancolique, traduisant une atmosphère et un chant menaçant, pouvant aussi bien s'adapter à un registre néo-metal avec des ressemblances parfois très proches de
Korn et de son vocaliste Jonathan Davis (cf. à partir de 05:16) que partir dans un registre grunge bien crasseux avec des ballades acoustiques toutes aussi magnifiques et emplies de beauté comme "Stip Her
Down" et ses solos hard-rock (avec Krystal Atkins en invitée qui n'intervient que de manière succincte) ou avec "Ugly" et son chant parfois plus doux voire aérien. Sur "Superstar" justement, les premiers sons de la guitare acoustique retentissent et les éléments électroniques quant à eux, ne tardent pas à arriver tandis que le morceau est marqué par des moments pesants, froids et groovy.
Pour comprendre l'essence même de cet opus éponyme délivré en 1998, il convient donc de s'immerger totalement dans l'ambiance si particulière que le quatuor nous propose ici. Le grunge qu'il pratique pourrait certainement repousser les plus grands réfractaires au néo, les puristes du Seattle Sound préférant se diriger vers des classiques du genre plutôt que d'aller vers des sorties plus undergrounds ou encore les auditeurs optant pour des mélodies plus lisses et que l'on distingue mieux, mais le style de
Cold est quoi qu'il en soit unique. Les sonorités lourdes, les screams crasseux et les atmosphères glaciales montrent notamment, que
Cold porte bien son nom.
C'est clair, mais c'était à l'époque où les magazines comme Rocksound, pourtant friands de genres nouveaux, étaient tellement submergés d'albums qu'ils ne prenaient pas le temps de tous bien les écouter. Les deux ont une voix suave plus ou moins inspirée d'Eddie Vedder, mais Scott Stapp plus que Scooter.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire