Göteborg n’est pas une ville européenne immense, pourtant elle semblerait très active dans la musique metal. Une bonne quantité des groupes suédois sont originaires de ce port scandinave tourné vers l’ouest. Des groupes comme «
In Flames », «
Dark Tranquillity », «
Hammerfall », «
Evergrey » en sont originaires. Parmi d’autres formations on retiendra «
Last Kingdom », officiant dans le power mélodique depuis 2004, date de sa création par Stefan Jacobsen et Freddy Olofssen, tous deux fans d’«
Helloween » et décidés à suivre les traces de ce géant. Le projet concrétisera aussitôt sa formation par un authentique line-up (en constant mouvement), par deux démos, en 2007, puis en 2009, mais encore par des concerts. «
Last Kingdom » a bien fait quelques premières aux côtés de hautes pointures à Göteborg, tels que «
Wolf » ou «
Dragonland ». Cela dit, ça n’est qu’en
2012 que le groupe, signé chez l’orfèvre en mélodique
Limb Music, sort un tout premier album. Et il serait question d’héroïsme, d’armures et d’épées dans un paysage de grand nord sur ce « Chronicles of the
North ». L’heroic-fantasy sauce scandinave finira un jour par nous lasser. On pourrait d’ailleurs croire que ce jour tant redouté est arrivé en lisant ces chroniques du Nord.
Pareille affirmation pourrait être établie comme assez sévère dès le déclenchement de l’album, avec l’éponyme « Chronicles of the
North ». Celui-ci parviendra probablement à distraire et satisfaire l’auditeur par ses sonorités égayées et virevoltantes, assez similaires aux travaux de «
Sonata Arctica ». C’est vrai aussi que ce type de power mélodique se résout principalement à relayer de l’énergie positive, un enthousiasme revigorant renforcé dans les refrains par les chœurs. Ceux-ci auraient tendance à s’approcher de ceux d’un certain «
Freedom Call ». Mais une ombre gâche cette apparente luminescence musicale; il s’agit en fait du chant de Stefan Jacobsen coupant court à l’entrain que le titre pouvait produire. Il ne bénéficierait pas vraiment de la compétence vocale suffisante pour ce type de musique. Très hésitant, presque ridicule quand il vient à pousser sa voix. De plus, «
Warrior Kings » aurait pu être un titre attrayant s’il n’y avait pas eu ce chant aussi bordélique. Musicalement, cela s’impose surtout ici comme un power mélodique au rythme soutenu, combattif et raisonné. N’en faisant pas des tonnes, comme on remarque trop souvent pour ce genre.
Cette rythmique très emballée et le champ mélodieux imposé par les claviers nous mèneront encore droit à l‘influence de «
Sonata Arctica » et à cet autre titre proposé par «
Last Kingdom » qu’est «
Silver Moon ». Effectivement, vitesse d’exécution et mélodie vont ici de paire. Son refrain nous prend sans grande difficulté, même si le chant laisse franchement à désirer. Cette force musicale ne se contiendrait toutefois essentiellement qu’au refrain sur «
Lost ». Ses couplets seraient pris d’empathie. On attendra donc patiemment le refrain pour observer la musique rebondir. Le petit soli situé peu avant le dernier tiers est d’ailleurs lui aussi intéressant. Mais globalement, on se lasserait de ce titre pour ses longueurs et sa redondance. De même « Daylight Retreats » souffrirait lui aussi de linéarité. Cependant ce dernier adopte une approche musicale plus particulière, à mid tempo, utilisant des riffs abruptes qui manquent indubitablement de perspective. Autre titre à mid tempo, « Abandonded » offrira juste le clinquant qu’il faut. La mélancolie fera aussi son entrée. Rien de proprement réjoui ou de réjouissant donc, même en ce qui concerne son refrain qui tomberait trop à plat sur la piste. Il n’y aurait an fait que les chœurs de fin apportant en tendresse et profondeur, qui attireront véritablement l’attention.
Le groupe ne ferait ainsi pas suffisamment preuve d’audace, de grande originalité. Leur power mélodique paraissant des plus convenus. Il y a un cas qui fera néanmoins exception, il s’agit de l’hymne « The World Is
Dying », peut-être pas vraiment original, mais s’illustrant par son côté prenant, par ses riffs mélodieux calibrés avec justesse. La longueur du titre (6 minutes) sera la seule défaillance à retenir. On remarque que le groupe ne cherche pas à se défier ou se démarquer de la scène. Y compris sur ses titres les plus à part de l’album, «
Last Kingdom » ne peut s’empêcher de garder des repères majeurs. «
End of
Life », par son rythme martelé, se comprendra comme un intervenant à part. Cependant, on dégagerait du morceau un pré-refrain et un refrain que l’on pourra estimer puisés chez le compatriote «
Falconer ». Ce cas est à rapprocher à son suivant «
Fate ». Les couplets et le refrain se décomposeraient tout autant. Sur les couplets nous avons un heavy metal assez pataud, et sur le refrain quelque chose de beaucoup plus enthousiaste, comme on aurait l’habitude d’écouter chez un «
Freedom Call » par exemple.
«
Last Kingdom » est bien un endroit reculé et hostile, faisant passer du féérique à la dure réalité. Les visiteurs se laisseront assez difficilement éprendre par ce « Chronicles of the
North ». Généralement du déjà entendu,. Et pour combler la chose, un chant assez peu avenant. Techniquement, au niveau des simples instruments, le groupe se défend mieux. Guitares et batterie sont clairement à leur avantage dans un power mélodique vif et emprunt dans une ambiance épique. Il ne resterait vraiment qu’à creuser plus large, qu’à composer dans la finesse, pour rendre cette structure bancale stable. «
Last Kingdom » devra faire preuve de plus amples initiatives, si elle veut devenir un royaume florissant dans le monde fantastique et un peu monotone du power mélodique.
12/20
Bonne chronique, comme d'habitude ! Je n'ai pas écouté l'album, mais ce que j'en ai entendu (deux-trois pistes) correspond à ta chronique. Je pense donc que je peux m'y fier quant au reste de l'écoute que je vais avoir.
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