Après un premier Ep de très belle facture intitulé « Unleashing The Outher Plagues » en 2013 et qui trouvera un fort écho à mes esgourdes de vieux deathsters, Dolorem Records, jeune label tourangeau mené par deux passionnés avait, semble-t-il, un poulain plein de promesses, à fort potentiel, au sein de son écurie. Le groupe, fondé par Florent et Fanny, a longtemps utilisé une batterie programmée avant de recruter Raùl en tant que martyriseur de fûts officiel, et publia, pendant cet été, son premier long format nommé « Chronicles Of The
Doomed Worlds Part 1 : Enlightenment
From Beyond ».
Pour ce premier effort longue-durée, le trio ne varie pas sa thématique, qui puise toujours son essence dans l’œuvre magistrale de Lovecraft. Le groupe a véritablement mis le paquet sur les atmosphères afin de faire ressortir cet univers, au travers de bruitages oppressants et inquiétants comme sur « Intro : Celephaïs Chant » qui ouvre l’album mais également sur le final de « Teared Up In Cosmorphosis » et les breaks de « The Nameless Shape » et de « The Guift Of Shub-Niggurath », ce qui confère une ambiance musicale non négligeable.
La réputation de
Abyssal Ascendant réside dans l’art d’envoyer le bois, façon ancienne école, à la sauce
Morbid Angel,
Cannibal Corpse et consorts. Et, force est de constater que le trio a gagné en musculature puisque cet album est une grosse mandale en pleine tronche. Il est certain que quelques dents vont voler et que quelques nuques seront fortement endolories. Jetez donc une oreille aux attaques frontales que renferment « The Nameless Shape », « Interdimensional Predation II », «
Temple Of The Thousand » ou encore « I, Progeny Of The Lurker » et vous m’en direz des nouvelles.
La force d’
Abyssal Ascendant réside aussi dans l’art d’alterner les rythmiques, allié à une vraie technique, sans sombrer dans une complexité outrancière, laissant une bonne accessibilité à n’importe quel néophyte. Les breaks lourds et massifs mettent en exergue les accélérations féroces, donnant beaucoup de vie à leur « brutal-death » et, en matière de cassures, les Francs-Comtois en connaissent également un rayon (« The
Gift Of Shub-Niggurath », «
The Black Pharaoh » ou « Interdimensional Predation II »). De nombreux solos parsèment l’opus, tous de bon aloi, donnant un peu de lumière à cette masse compacte.
L’interprétation des morceaux de cette galette est sans failles, et l’apport d’un vrai batteur augmente la puissance de la musique développée par
Abyssal Ascendant. Cependant, la palme revient à Florian qui éructe un growl parfois profond et ultra guttural à la Chris Barnes ou renvoyant aux vociférations de John Tardy (
Obituary). A certains moments, la ressemblance est plus que troublante, comme sur « Disrupted Incarnation » ou sur « Teared Up In Cosmorphosis », où son chant horrifiquement maléfique ajoute au côté obscur de la chose.
Pourtant,
Abyssal Ascendant ne signe pas un disque parfait. D’abord, cet enregistrement est émaillé de quelques longueurs (« The Prowling Of Rlim Shaikorth ») et, les influences
Morbid Angel,
Pestilence,
Cannibal Corpse ou encore
Obituary sont encore bien trop présentes, enlevant une certaine personnalité, diminuant ainsi l’identité musicale de la formation. Pour finir, la production, même si elle est loin d’être mauvaise, manque de testostérones. Elle renvoie aussi la basse au second plan. Ajoutez à cela un artwork pas vraiment réussi, l’enthousiasme de votre serviteur est de ce fait, freiné.
Avec « Chronicles Of The
Doomed Worlds Part 1: Enlightenment
From Beyond”,
Abyssal Ascendant signe un premier full-length plus que sympathique et confirme son statut d'outsider très prometteur. Ce disque s’avère assez ambitieux, efficace et attractif, mais la question se pose quant à l’interprétation « live » de ces compositions sous la forme d’un trio. Le groupe fera-t-il preuve d’autant de puissance ? Rien n'est moins sûr...
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