Actif depuis 2014 et originaire de Saguenay au Québec, Chadhel est d’abord un projet studio, articulé autour de JP (chant) et GT (guitare, chant), qui publiera 3 démos et un spilt (avec Deadcold, intitulé « Défaillance » en 2016) sous cette forme. Puis, le duo devient quatuor avec l’intronisation de Fredo (batterie) et JR (basse, chant), afin de pouvoir promouvoir leur musique sur scène. Ensuite, le groupe publiera 2 nouveaux splits et un album («
Controversial Echoes of Nihilism » en 2019). En cette neuvième année post-apocalyptique, les québécois extirpent leur nouveau split vinyle 10 pouces, via le label Terrain Vague (qui abrite également les fous furieux Pilori) avec les américains de Assiduous
Assault, connu pour posséder en son sein, Bryan Fajardo qui a joué notamment avec
Rotten Sound.
La formation officie dans un « grindcore », teinté d’ultraviolence et de hardcore, très direct et sans compromission. Les thèmes traités sur ce split tournent autour de la folie, de la peur, de la dépression, engendrés par les épreuves vécues. La différence avec leurs œuvres précédentes, est que l’approche « lovecraftienne » est plus mise en retrait. L’artwork est signé par HMNCLS, un artiste indonésien, qui représente l’asservissement de la conscience face aux terreurs que la vie pousse à affronter.
Inutile de préciser, que, vu le style pratiqué, les morceaux sont concis n’excédant pas les 2 minutes. Chadhel envoie le bois en travers le faciès surpris de l’auditeur, qui prendra le tronc sans ménagement. Les morceaux s’avalent d’une traite et forment un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage. Les parties blastées sont légions, mais elles sont mises en exergue par les breaks lourds et massifs, qui parsèment l’ensemble de ce split. Cet enregistrement n’est pas seulement une course à la vitesse ou à la violence, car malgré la concision des morceaux, Chadhel alterne sans cesse les rythmiques, ce qui donne une réelle force impactante à l’ensemble. Il est impossible d’extraire un titre plutôt qu’un autre car la qualité est belle et bien au rendez-vous.
Outre les rythmiques, l’alternance réside également au niveau des vocaux, qui oscillent entre « growl » caverneux et chant hurlé, ce qui amène une certaine variété, annihilant la linéarité, souvent trop présente sans ce créneau. Il faut dire que le combo possède trois hurleurs dans des tonalités bien différentes et aucun n’est laissé au second plan. La qualité d’interprétation est aussi bien présente, les riffing sont incisifs, la section rythmique pilonne sans aucune pitié et les vocaux ajoutent à la violence du propos de Chadhel. La production de Rémy Verreault (ami du groupe) est de bon aloi et est assez clair, l’espace sonore est bien occupé, ce qui renforce la puissance de ce split.
Cependant, le grindcore étant une micro-niche de l’extrême, il est évident que Chadhel ne sort pas des sentiers battus et reste très classique, et parfois prévisible. Aussi, l’influence
Napalm Death est très audible, ce qui n’est pas très étonnant tant ce groupe est influenceur dans le milieu. Pour finir, 10 petites minutes, c’est trop court, votre serviteur reste sur sa faim et aurait bien pris du rabe, mais il est vrai que s’enfiler un long format de cette trempe, ne doit pas être chose aisée.
Ce split avec Assiduous
Assault est l’amuse-gueule que Chadhel nous propose, puisque le quatuor va publier très prochainement un full-lenght. Les amateurs du style seront en terrain connu, la violence sans aucune compassion habite le propos de Chadhel. Ce split représente également une bonne porte d’entrée à l’initiation de l’univers des québécois tant cette enregistrement est qualitatif et respire l’authenticité et, la spontanéité, présageant de futures véritables guerres dans le pit. Vivement la publication de leur deuxième album.
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