L’histoire d’
Agnostic Front est celle d’un groupe jouant de malchance tout au long de sa carrière, ou presque. Remaniements incessants de line-up, splits, membres emprisonnés ou encore incompréhension de la critique. C’est d’ailleurs un peu ce qui se passa avec ce deuxième album. Considéré comme trop punk par certains metalheads et trop metal par la scène punk New Yorkaise. Cette dernière voyant même une tentative maladroite de séduction envers la scène thrash metal, alors en plein essor. Le fait est qu’Agnostic Front a tout simplement était avant-gardiste. Avant
DRI et son
Crossover, les New Yorkais lâchent ici un véritable brûlot thrash hardcore.
Deux ans après
Victim in Pain, considéré par beaucoup comme le véritable acte fondateur du NYHC avec le
Bong Blast des Murphy’s Law et une tournée avec
Minor Threat,
Black Flag et les
Dead Kennedys,
Agnostic Front accouche dans la douleur de son deuxième album,
Cause for Alarm sur le label Combat (Combat
Core). Entre temps le groupe a engagé un deuxième guitariste au poste de soliste, Alex Kinon, apportant ainsi une dimension métallique évidente.
Ici point de technique démonstrative, la musique de AF se joue et s’écoute avec les tripes. Dans un climat social délétère, alors que ça se flingue à tout va dans les rues de Manhattan, que ça deale au coin de ruelles sombres jonchées d’immondices et que la chasse aux homosexuels est devenu un sport local, on fait peu de place aux sentiments. Ça se ressent d’ailleurs énormément dans les paroles qui dénoncent un gouvernement inactif face aux périls qui rognent
New York. Paroles sur lesquelles ont verra d’ailleurs crédité un certain Milano...
The
Eliminator ouvre l’album sur un riff typiquement thrash et un écrasant jeu de double pédales, alourdissant énormément le son des New-yorkais, mettant par la même un peu de distance avec leurs turbulentes attaches punk, le tout joué vite, très vite. A l’image de Time
Will Come, cartouche d’une minute et demie et ses courts solis lancés à l’assaut de l’auditeur ou
Out For
Blood et ses accélérations furieuses. Le groupe a considérablement structuré ses morceaux par rapport au premier album, jouant largement sur le contraste de vitesse, ralentissant la cadence pour mieux repartir dans des mosh parts furibards. Les New-yorkais font preuve d'une étonnante précision ; pas un riff de trop, pas un coup de cymbale superflu, donnant un aspect épuré à leur thrash terriblement efficace.
De plus,
Agnostic Front entrecoupe ses compo de back vocals proprement urbains, caractéristique essentielle du NYHC et plus généralement de la scène New Yorkaise, à l’image d’
Anthrax sur son Spreading The
Disease. Le chant de Roger Miret est plus posé et moins gueulard que sur
Victim in Pain, mais tout aussi vindicatif. Le tout servi par une association basse-batterie dévastatrice sur une production irréprochable, signée Norman Dunn (
Whiplash,
Carnivore) aux studios System II de Brooklyn.
Agnostic Front délivre en près de vingt cinq minutes un album intense et puissant accompagné d’un message fort, illustré par l'artwork de Sean Taggart, dessinateur attitré de la scène hardcore New Yorkaise, comme en témoignent ses travaux pour
Cro-Mags ou les nombreux flyers qu'il a réalisé.
A la suite de cet album,
Agnostic Front partira en tournée avec les thrasheurs d’
Anthrax et de
Slayer, puis reviendra dans le giron du hardcore. Un album boudé et incompris par beaucoup à sa sortie alors que
Cro-Mags lâchait son The Age of Quarrel et que
DRI allait définir un crossover naissant. Il ne rencontrera le succès mérité que bien des années plus tard seulement.
Cause for Alarm nous invite à replonger dans une époque où le CBGB’s était encore le haut lieu de la culture punk new-yorkaise et que la scène thrash hardcore, alors émergente, engendrait coup sur coup ses albums les plus cultes.
Blood, Honor and Truth.
A mes yeux les premier album d'AGNOSTIC FRONT ont étés aussi influents que les premiers méfaits de napalm death.
Encore une fois un grand merci pour t'être penché cette tuerie punk hardcore et je t'encourage a mettre un coup de projecteur sur cette scène qui manque cruellement de chroniqueur.
Sans que l'on puisse lui coller l'étiquette Crossover (style qui fusionne 50 pour cent de Hardcore et 50 pour cent de Speed/Thrash Metal) propre à DRI (je ne cite pas SOD qui est le projet parallèle des deux leaders d'Anthrax Scott Ian Rosenfeld et Charlie Benante, et non un véritable groupe de Hardcore évoluant vers le Metal), sur ce second album Agnostic Front brise un tabou en proposant à son public Punk et Skinhead des morceaux de Hardcore très Metallisés (le groupe est accompagné dans sa démarche cette même année 1986 par Cro-Mags et Crumbsuckers).
Si une partie du public Hardcore se détourne d'Agnostic Front, cette perte est comblée (partiellement, et un certain temps) par les fans de Speed/Thrash Metal (Metallica, Slayer).
Malgré les critiques "Cause for Alarm" ainsi que "Liberty and Justice for..." (1987) sont deux albums incontournables dans la carrière d'Agnostic Front (et les meilleurs pour moi).
Oui, dommage que l'intégrisme métallique de Metal-Archives ait eu raison du référencement d"Agnostic Front sur son site, car à mes yeux, Cause For Album et son bon successeur Liberty and Justice For sont à considérer à juste titre comme deux belles passerelles entre hardcore et thrashmetal. Liberty and Justice For a d'ailleurs été capturé par Alex Perialas ayant enregsitré les plus grands du speed/thrash US, notamment New-Yorkais, comme Anthrax, OverKill, Nuclear Assault,, j'en passe et des meilleurs ! Pour le reste, dommage que Kevin-Ghoule ait pété son compte et ait mis à la benne quasiment toutes ses chroniques. Quel gâchis. ++ FABIEN.
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