Loin des poncifs du metal symphonique gothique, il est des formations désireuses d'offrir tant un regard alternatif qu'une touche d'originalité à leur œuvre. Aussi, certaines d'entre elles se seraient-elles plutôt tournées vers un metal gothique acide aux relents dark doublés d'un zeste de doom/death mélodique pour espérer faire entendre leur voix. Cofondé par la frontwoman et pianiste
Sara Seubert et le guitariste et growler/screamer Johannes Kittel en 2007, ce jeune trio allemand originaire de Nuremberg serait précisément du nombre. Un pari osé mais qu'ont tenu à relever nos vaillants gladiateurs teutons...
Avec l'intronisation du batteur David Burmann et l'apport du bassiste Bora Öksüz, le combo accouche, quelque trois années plus tard, de son premier bébé « Catastrome » ; Ep 4 titres modeste de ses 19 vivifiantes et énigmatiques minutes. Inspiré par les premiers travaux d'
Evanescence, et principalement l'album «
Fallen », le groupe a élargi l'horizon de ses sources d'influence à
We Are The Fallen,
The Gathering,
Draconian,
Tristania,
Lacuna Coil, entre autres. Produit et finement enregistré par Bora, l'opus n'accuse que de peu de sonorités parasites, même si les finitions ne sont pas encore au rendez-vous de nos attentes.
La traversée se fait le plus souvent tumultueuse et le propos intrigant, un brin rageur, sinon éminemment complexe. Aussi, si les mid/up tempi « Everytime » et « Shame » n'ont de cesse de nous plonger dans une atmosphère anxiogène et nous secouer le tympan, il ne sauraient pour autant nous désarçonner. Disséminant leurs riffs grésillants en tirs en rafale adossés à une rythmique résolument frondeuse, les deux brûlots maintiennent la pression de bout en bout de notre route. Ce faisant, à mi-chemin entre
The Gathering,
Draconian et
Evanescence, ces deux tempétueux et intrigants efforts voguent chacun sur une sente mélodique certes convenue et peu oscillatoire mais enivrante. D'une structure plus complexe, nous égarant alors bien souvent dans d'inextricables frasques technicistes, le pulsionnel « My
God My Foe », en revanche, ne se domptera qu'aux fins de plusieurs passages circonstanciés, et ce, pour un pavillon déjà averti.
Quand le convoi instrumental ralentit la cadence, nos compères trouvent, là encore, et un peu malgré nous, les clés pour nous retenir. Ainsi, c'est sous le joug de sensibles clapotis pianistiques doublés d'un chavirant slide à la guitare acoustique que l'''évanescent'' «
London » nous ouvre ses portes. On effeuille alors une troublante ballade atmosphérique, à l'infiltrant cheminement d'harmoniques, mise en habits de soie par les cristallines et néanmoins puissantes inflexions de la maîtresse de cérémonie, aux faux d'Anneke Ven Giersbergen. Un secteur qui sied bien à nos acolytes, susceptible de se muer en arme efficace, et ce, à condition de peaufiner les enchaînements d'accords et de rendre leur mélodicité un poil plus limpide.
Pour son premier jet, la troupe allemande nous offre une œuvre dans un mouchoir de poche, à la fois impulsive, déchirante, empreinte de mystère et un tantinet romantique, où les styles requis s'interpénètrent audacieusement plus qu'ils ne se juxtaposent. De plus, les prises de risques sont loin de manquer à l'appel et le groupe appose déjà son sceau artistique sur la plupart des portées de son set de partitions. Il lui faudra néanmoins veiller à diversifier son offre sur les plans rythmique et vocal, fluidifier ses lignes mélodiques, esquiver toute longueur superflue, varier ses exercices de style et affûter son ingénierie du son s'il souhaite plus largement impacter un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de ses maîtres inspirateurs. Gageons qu'il ne s'agit-là que d'un simple galop d'essai, à considérer à part entière, témoignant toutefois d'un potentiel technique à ne pas mésestimer. Bref, un mouvement en dents de scie en guise de message de bienvenue...
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