Liste des groupes Metal Progressif Vindictiv Cage of Infinity

Nouvelle année et nouvel album pour Vindictiv. Les suédois reviennent à la charge avec « Cage of Infinity ». C’est un album clé dans leur carrière puisqu’il s’agit du fameux troisième opus. Celui-ci permet souvent d’attester ou non du talent d’un groupe, et surtout d’en mesurer l’étendue lorsque les productions précédentes étaient de qualité. Il découle de ces observations une simple conclusion. Si Vindictiv veut un jour sortir du lot, il n’a pas le droit à l’erreur. Quitte à ne pas enchanter, il ne doit pas décevoir, sans quoi les conséquences s’avéreraient fâcheuses pour la formation. Ainsi, on pouvait s’attendre à ce que le suédois nous livre un opus inspiré et de haute volée. L’espoir fait vivre, comme on dit dans le jargon...

L’album débute avec un « The Chosen » convaincant qui met l’auditeur dans de bonnes dispositions. Dynamique et maitrisé, le titre joue bien son rôle d’accroche. Le niveau technique est tout à fait appréciable, et s’exprime dans un solo de guitare traditionnel mais sympathique. Par ailleurs, Vindictiv a opté pour un mixage original, qui fait ressortir les guitares en donnant un côté sec et râpeux au son. Si d’emblée ce choix étonne, il donne un caractère bien typé à la musique. Ce mixage s’accorde parfaitement avec la voix rêche de Marco Sandron, et nous fait presque oublier le manque de consistance du chant. Le résultat est atypique, et peut déstabiliser un auditeur accoutumé à un progressif aux sonorités plutôt rondes. Les morceaux suivants s’inscrivent dans la continuité de « The Chosen ». Cela dit, des titres plus mélodiques tels que « Down in a black hole », l’un des morceaux les plus aboutis, ou plus agressifs comme « Choices » apportent de la fraîcheur.

Malgré des qualités indéniables, « Cage of Infinity » a beaucoup de défauts qui plombent l’album. On déplore d'abord un manque de contrastes. Les titres sont très similaires et ne font qu’entretenir une impression de déjà vu. L’album ressemble davantage à un titre suivi de 10 variantes plutôt qu’à 11 titres différents. La comparaison est exagérée mais reflète bien la physionomie du disque. Alors que certains groupes comme « Time’s Forgotten » font de chacun de leurs morceaux une entité unique, Vindictiv ne sort pas des sentiers battus. Pire, ils font les choses à moitié, d’où ce manque flagrant de contrastes. On peut tolérer quelques titres semblables, mais lorsque l’on nous ressert onze fois le même plat avec un peu plus ou un peu moins de sel, on finit par quitter la table. De plus, Vindictiv ne fait pas l’effort de varier l’assaisonnement. On doit se contenter d’une sauce prog douteuse la majeure partie du temps. Seuls quelques morceaux comme « The encounter » ou « Son of fate » relèvent un peu le niveau.

Les titres défilent sur un fond d’indifférence. N’ayant pas grand chose à faire partager, Vindictiv utilise la même structure. Et vas-y que je te répète les refrains à tirelarigot, et oubli pas ton solo de guitare aux 2/3 du morceau. Aucun des onze titres n’échappe à cette logique. C’est ahurissant. Tout est scientifiquement calibré. Les suédois s’enlisent dans une musique impersonnelle. On tombe dans de la récitation. « Cage of Infinity » s’apparente davantage à un cahier d’études musicales plutôt qu’à un véritable album de progressif. En soit la musique n’est pas mauvaise, mais il devient difficile de ne pas parler de gâchis à l’écoute du molasson « Screaming for answers ». Il est déplorable que toutes les qualités techniques du groupe soient investies dans des titres aussi banals. Car les suédois n'ont pas que des défauts. Si les solos de guitare sont omniprésents et redondants, ils démontrent une belle maîtrise technique. Le chant de Marco est intéressant car très typé mais il ne suffit pas à redonner à la musique une véritable personnalité. Le niveau du percussionniste est tout à fait correct mais il est trop en retrait et ne fait que reproduire des rythmiques banales. En fait, l'album souffre d’un manque flagrant d’approfondissement. Quel dommage !

Vindictiv reste à la surface des choses, sans jamais aller au cœur du sujet. « Cage of Infinity » est un album correct, sans surprise. Solide sur le plan technique, la musique reste terne et sans véritable saveur. Difficile de dire si les suédois parviendront, un jour, à trouver leur place. Ils avaient pourtant toutes les clés pour réussir. Au lieu de ça, ils livrent un album décevant dont le dynamisme n’est là que pour cacher un manque de créativité. C’est un peu comme un burger plein de sauce sucrée qui met le palais HS, pour cacher la fadeur du steak. Une fois de temps à autres, personne ne refuse un sympathique big mac. Mais ce genre de chose, tout le monde sait ce que ça vaut. Pas grand-chose malheureusement…

12/20