Se faire charger par un grizzli irascible consiste, à n'en point douter, en une des expériences les plus
effrayantes qui soit. Pour s'en prévenir, la personne désireuse de se promener dans une zone habitée par ces ursidés a plutôt intérêt de s'équiper d'un répulsif à ours,
Bear Mace en anglais. C'est sous ce pseudonyme original que s'est formé en
2012 à Chicago ce quintet officiant dans un death metal orienté old-school.
On retrouve la thématique de l'ours dans le titre de leur E.P de 2014, "
Kodiak Killers" et sur l'artwork signé Putrid
Gore (où un ours style
King Kong s'apprête à détruire une ville) de ce premier album "
Butchering the Colossus", sorti de manière indépendante en 2017.
Old-school,
Bear Mace l'est assurément tout le long des 8 titres (pour 38 minutes) proposés ici. Tel un ours brun affamé, l'inaugurale "Death of a Constellation" déboule sans crier gare pour mieux vous démolir à coups de riffs parpaing et de martèlement rythmique puissant. On pense à Bolt Thower pour le côté inexorable, avant que déboule un break qui évoque les 2 premiers albums de Death. Un héritage assumé mais qui ne tombe pas dans le plagiat stérile. Premièrement grâce à des soli mélodiques de bonne facture et aussi grâce au guttural gras et audible de The
Lord Devourer qui rappelle un peu
Kam Lee. Un growl de gros ours en chaleur en somme.
Ce côté martial et lourd est encore plus développé sur les bien troussées "
Cyclone of
Shrapnel" et "I
Bleed for
Vengeance" avec une double dominatrice et une basse qui se démarque. L'ombre d'
Hail of Bullets plane aussi ici, avec ces accélérations soudaines qui vous donnent des envies de violence irraisonnée.
Les morceaux, relativement longs (4 titres durent plus de 5 minutes) offrent aussi la possibilité au groupe de proposer des variations bienvenues, comme sur le titre éponyme, "Leave
Nothing Here Alive" et surtout "Anguirus the
Destroyer", pièce finale truffée de tiwn guitars, de changements de rythme, de refrains triomphants formant ainsi un ensemble musical très intéressant.
Certains contours thrashisant sont perceptibles sur "
Lord Devourer of the
Dead" la violente "
Wheel of
Despair", avec ses relents
Slayer-
Exodus, signe des nombreuses et bonnes influences de
Bear Mace. Et encore une fois, le soin mélodique apporté aux soli des guitaristes Crossbow Death et Mike
Cirrhosis demeure un atout indéniable.
Signé par le groupe lui-même, la production est soignée, précise et claire. Elle manque cependant d'un peu de crasse et d'homogénéité pour être totalement convaincante. Chaque instrument est bien représenté, avec une basse ronde et audible, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Outre les ours, les ravages de la guerre et le cosmos sont les thématiques développés ici.
Passé quasi-inaperçu à sa sortie (sans label, c'est dur d'être visible), "
Butchering the Colossus" est pourtant un bon album, solide et inspiré. Le groupe possède un potentiel dans l'interprétation et l'écriture qui ne demande qu'à être exploité plus avant. Vivement la suite !!
J'ai tenté une écoute en streaming, il y a vraiment de bons passages bien puissants et entraînants ! Le disque est varié, alternant bien les parties rapides et mid-tempo. Ça glisse tout seul et on passe un bon moment. Mention spéciale au visuel/concept et aux grognements du frontman !
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