Un an après un excellent et surprenant album éponyme, le groupe norvégien
Ark revient en 2001 avec "
Burn the Sun", plus accessible et moins technique. Et ce, pour un résultat à la hauteur de nos attentes, avec un son plus moderne, où les guitares aériennes et agressives tissent des riffs et des solos tels une toile musicale.
Les années 2000 ont vu passer un grand nombre d'albums médiocre venant de formations diverses et copiant sans vergogne les groupes tel que
Dream Theater,
Symphony X et
Fates Warning, entre autres. Au contraire, le groupe
Ark, avec "
Burn the Sun", redéfinira les codes, en s'aventurant vers un savant mélange moderne de rythmiques et de musiques ethniques, sans oublier des riffs ébouriffants alliés à des solos lumineux et techniques. Ajoutons à cela le chant exceptionnel et puissant de
Jorn Lande (en pleine possession de son organe) et nous avons là un album quasiment parfait. Par ailleurs, l'album fut enregistré dans les studios
Area 51 par le producteur Tommy Newton qui fut à l'origine du son de deux chefs-d'oeuvre, dont "Keeper Of The
Seven Keys" du groupe
Helloween, avec un mixage aux petits oignons, qui mettra en valeur tous les instruments, pour le résultat saisissant qu'on lui connait.
Passons en revue le line-up du groupe, avec le guitariste et Leader Tore Østby (
Conception) et un certain Roy Khan au chant. Continuons avec le chanteur
Jorn Lande, au timbre puissant et rappelant souvent
David Coverdale (
Whitesnake) qui, d'ailleurs, a pris part à une multitude de projets
Metal, tels que
The Snakes,
Mundanus Imperium,
Yngwie Malmsteen et
Millenium. Quant à la section rythmique, nous retrouvons le batteur et autre fondateur du groupe, John Macaluso (ex-
Yngwie Malmsteen,
TNT) et
Randy Coven (ex-
Steve Vai) à la fretless basse au jeu et à la technique imparables. Malheureusement,
Randy mourra 13 ans plus tard à l'âge de 54 ans. Sans oublier le claviériste Mats Olausson (ex-
Yngwie Malmsteen), connu pour son jeu au toucher magique et moderne. L'ironie du sort voudra qu'il décède, lui aussi, à l'âge de 54 ans, le 19 février 2015.
Commençons notre immersion dans les hautes sphères du
Metal Progressif des années 2000, avec la piste N°1 de l'opus, "Heal The Waters", aux nombreux breaks s'étirant sur plus de 6 minutes et où les polyrythmies de John Macaluso côtoient les guitares inspirées de Tore Østby et le chant possédé de
Jorn Lande, pour finir en apothéose sur une avalanche de notes et de riffs.
Bien sûr, nous aurons droit à d'autres morceaux aussi bons, tels que l'excellent mid tempo "Ressurection ", avec son intro de basse, batterie de la paire Macaluso/Coven, suivie de somptueuses guitares acoustiques qui accompagnent le chant puissant et mélodieux de
Jorn. Si je devais citer les meilleurs morceaux de cet opus, ce seraient sans conteste la doublette "
Absolute Zero" et "Just a Little". Le premier pour son ambiance étrange avec ses petits effets grelottants sur le chant, rappelant étrangement certaines parties vocales de la chanteuse Björk en donnant presque cette impression d'être envahi par le froid. Le second pour la prouesse technique sur les guitares de Tore Østby, jouant dans un style manouche et andalou du plus bel effet, pour un rendu vraiment convaincant et où
Jorn Lande, pas en reste, nous éblouit de vocalises dont lui seul a le secret.
Quant aux autres titres, ils s'inscrivent dans une mouvance très épurée et mélodieuse comme l'atteste l'excellent mid tempo "Waking Hour", mais aussi "
Torn" avec sa basse ronflante et omniprésente, sans oublier "Noose" et "Feed the
Fire" pas désagréables, mais manquant tous deux d'originalité au niveau des paroles, que je qualifierais d'assez légères.
Nous arrivons en fin de lecture, avec le morceau qui m'aura le plus interpellé, "Missing You" fausse ballade, commençant sur une introduction lente de guitare électrique et de claviers aériens accompagnés par le chant mélodieux de
Jorn Lande montant crescendo et atteignant des sommets émotionnels, pour enfin finir sur un solo de guitare inspiré de Tore Østby, aussitôt suivi de rapides rythmes et riffs métalliques, finissant superbement l'album.
En conclusion, avec "
Burn the Sun", le groupe
Ark a réussi son pari, en nous offrant une oeuvre incroyable, moderne et variée, tout en marquant une réelle différence par rapport à son prédécesseur, l'éponyme paru en 2001. Ajoutez à cela une formation en parfaite osmose et nous avons un album qui fera date dans l'histoire du
Metal Progressif et de la musique en général.
Malheureusement, le groupe splittera l'année d'après, sans doute dû aux nombreux conflits internes que le groupe rencontrera et surtout au caractère et à la bougeotte légendaire de son chanteur. Alors, si vous êtes passionné par le
Metal Progressif, alambiqué et barré, aux sonorités modernes, n'hésitez pas et allez jeter une oreille à ce chef-d'oeuvre.
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