Animé par cette volonté tenace de réhabiliter des œuvres que l'histoire, pour des raisons aussi diverses que variées, aura laissé dans l'ombre; évoquons aujourd'hui le premier album des américains de
Cry Of Love. Cet effort, intitulé
Brother, sort en 1993 alors que les vagues Grunge ont déferlés sur le monde et laissé sur le rivage de nombreux groupes à l'agonie. Dans un contexte aussi complexe, nul doutes que de son expression
Hard Rock aux accointances Bluesy très marquées, aux accents seventies évidents, au groove exceptionnel et à l'aspect aussi délicieusement suranné, l'opus de ces natifs de Caroline du Nord ne pouvait conquérir un auditoire désormais passionné par les frasques dépressives et anxiogènes de musiciens neurasthéniques. Et pourtant cet album méritait indiscutablement de recueillir davantage de louanges et davantage de considérations que cet accueil froid et distant dont il fut l'objet en ces années là.
Mais cessons de nous apitoyer sur les iniquités d'un passé injuste et révolu, et revenons en plus précisément à un album qui dès ses premières mesures affichent les délicieuses caractéristiques d'une musique remarquable. Gorgé d'un incroyable feeling ce premier morceau, Higway Jones, affichent, en effet, crânement ses qualités. Toutefois loin d'être une remarquable exception, le reste de l'opus s'inscrit, lui aussi, dans l'identité musicale définis par ce premier titre. Et ainsi cette musique délicieusement bleutée, délicieusement roots, délicieusement chaude, délicieusement terrienne, délicieusement influencé par le meilleur de ces années 70 et délicieusement groovy nous hypnotise tout au long d'un opus superbe.
Si musicalement, l'œuvre n'aura rien à envier aux meilleures du genre (parmi lesquels on citera, bien sûr,
The Black Crowes dont les influences sont ici marquantes), on notera que cette excellence est magnifiée, de surcroit, par les capacités hallucinantes d'un chanteur incroyable, Kelly
Holland, ainsi que par celles, non moins ahurissantes, d'un guitariste unique, Audley Freed. Alors que le second transcende admirablement ces titres de son jeu si organique et si subtil, le premier de cette voix chaude, habitée et émouvante, offre à chacune de ces chansons un relief poignant supplémentaire.
Face à une telle excellence difficile d'ailleurs de se plier à l'exercice consistant à extraire les meilleurs pistes afin d'aiguiser la curiosité du lecteur exigeant et avide tant tout ici est, en effet, susceptible d'illustrer cette perfection. Citons, néanmoins, les magnifiques
Bad Thing, Too
Cold Is the
Winter,
Hand me
Down, ou encore, par exemple, le titre
Peace Pipe et ses riffs délicieusement efficaces. Bien évidemment cette liste n'a rien d'exhaustif.
Au-delà même de toutes ces considérations, l'explication de texte n'aura d'ailleurs plus d'utilité tant seul l'écoute de cet opus pourra à elle seule convaincre ceux qui ne l'auront pas encore été par la dévotion dithyrambique dont les lignes de votre humble serviteurs se seront alourdis ici. En d'autres termes il convient d'arrêter les commentaires vains noircis sur ces pages et de laisser place à une écoute qui, à coup sûr, saura vous convaincre bien mieux que tous les mots, aussi pertinents fussent-ils.
J'ai eu la chance de les voir en concert en première partie de Robert Plant. J'ai tout de suite adhéré à ce blues écorchée en découvrant la formation. Merci pour la chronique. Cet album le mérite bien
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire