Liste des groupes Metal Mélodique Dremora (UK) Broken Free Mentality

Enième figure du metal symphonique à chant féminin, ce jeune quintet britannique se distingue toutefois de nombre de ses homologues par une bien rare touche metalcore accolée à son projet. Mû par une furieuse envie d'en découdre, le combo d'outre-Manche réalisa son introductive démo, « Hold the Line », l'année même de sa sortie de terre, en 2017 ; un effort metal dark/death gothique aux forts relents alternatif et hardcore, à la qualité de production encore embryonnaire. Répondant à un souci d'élargissement du champ des possibles stylistiques, le groupe optera, deux ans plus tard, pour une orientation metal symphonique gothique et mélodique aux effluves metalcore, ce qu'atteste son premier EP, « Broken Free Mentality », auto-production modeste de ses 10 minutes où ne s'égrainent guère plus de 3 titres. En quoi la menue rondelle lui permettrait-elle de sortir de l'ombre, voire de se jouer de la féroce concurrence continuant de sévir dans ce registre metal ?

Mais avant d'aller plus loin, quelques présentations s'imposent. A bord de la frêle goélette nous accueillent de concert : la chanteuse/growleuse Gemma Philip, frontwoman aux puissantes inflexions et aux screams glaçants ; Trunks Saunders et Dave Hunt aux guitares ; Daniel Shannon à la basse ; Chris Threlfall derrière les fûts. De cette étroite collaboration émane un propos à la fois tempétueux, incisif et entraînant, à la confluence d'Evanescence, Tristania, We Are The Fallen et Lacuna Coil. Réalisée aux Ash Ascott Productions, la menue rondelle jouit d'une production d'ensemble plus affûtée que sa devancière, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut, ne laissant échapper que de rares sonorités résiduelles. Offrant parallèlement une belle profondeur de champ acoustique, c'est sans ambages que le tonique méfait autorise son écoute d'un seul tenant. De quoi nous intimer d'aller explorer plus attentivement les entrailles de la fluette embarcation...


C'est sur des charbons ardents que s'effectue le plus clair de la traversée, la troupe en profitant pour nous aspirer dans la tourmente sans avoir à forcer le trait. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le refrain catchy jaillissant des entrailles du rageur « Hell's Temptation » se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Doté de riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique et suivant une sente mélodique des plus avenantes sur laquelle se greffent les corrosives et screameuses attaques de la prédatrice, l'''evanescent'' up tempo aura peu de chances de rater sa cible. Dans cette dynamique, mais plus ''tristanien'' en l'âme, l'impulsif « Dreamless Sleep », pour sa part, dissémine ses riffs massifs comme son énergie aisément communicative. S'il pourra regretter l'inopportune et déconcertante superposition de ses gimmicks guitaristiques et de ses lignes de chant, de truculents arpèges d'accords et des enchaînements intra piste des plus sécurisants permettent à ce saignant effort d'éviter l'écueil de la déroute.

Evoluant dans une atmosphère similaire mais essaimant ses riffs en tirs en rafale, le mordant « The Burden of Devotion » se distinguerait de ses voisins de bobine tant par les incessants assauts de sa basse vrombissante qu'au regard de ses sémillantes variations rythmiques. Un ''lacunacoilesque'' mid/up tempo recelant un entêtant refrain mis en exergue par les claires impulsions de la belle, que cette dernière alterne avec des screams effilés comme des lames de rasoir, et infiltré de puissants et inaliénables coups de boutoir. Bref, un hit en puissance concocté par nos acolytes, que l'on ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.


Au terme de la brève traversée, on ressort quelque peu bousculé dans nos certitudes, voire chahuté par cette incursion dans ce vaste champ de turbulences ; ce faisant, le démoniaque manifeste n'en est pas moins rendu invitant, le groupe ayant savamment sculpté son trait mélodique comme celui de sa plume, sans oublier une ingénierie du son dorénavant plutôt soignée. De louables qualités auxquelles se superposent une technicité instrumentale et oratoire évolutive, que pourraient lui envier nombre de ses homologues générationnels.

Il conviendra néanmoins de varier davantage son message musical sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, tout comme ses exercices de style, pour espérer impacter plus largement un public encore épars. Un zeste d'originalité de sa part est également requis pour se démarquer de la masse sans cesse croissante de ses pairs. Mais le jeune collectif britannique a encore le temps de parfaire ses gammes pour revenir plus solidement armé dans la course. Bref, une frugale et prévisible mais sémillante offrande, plaçant nos cinq compères parmi les outsiders avec lesquels la concurrence devra composer. Affaire à suivre, donc...

Note : 13,5/20