Vendetta est un groupe bavarois formé en 1984 qui ne connut pas un flamboyant retentissement en comparaison d’autres ténors teutons, notamment en raison d’une disparition précoce de la scène après ce "
Brain Damage" malgré une vision et une approche du thrash tout à fait singulière.
Après un excellent "Go
And Live... Stay
And Die" sorti en 1987 qui déjà démontrait la fraicheur musicale du groupe et leur capacité à pondre une avalanche de riffs originaux ; un sens du riff acéré qu’on retrouvera sur des "Conversation" ou autres "
Never Die" ; les germaniques enregistrent en juin 1988 à Berlin, avec l’aide d’Harris Johns à la production, ce qui sera le point d’orgue de leur discographie, posant un heavy thrash qui n’appartient qu’à eux.
Ce "
Brain Damage" est à ranger aux côtés de ces opus un peu à part que l’Allemagne nous a sorti, à rebours de l’image que peut avoir un thrasher lambda du thrash germanique des 80's, avec "
Heresy" de
Paradox (avec qui Hömerlein ou Wehner ont collaboré à plusieurs reprises ; pour la petite histoire, Hömerlein a écrit les lyrics du dernier "Tales of the Weird" de
Paradox) ou "
Deception Ignored" de
Deathrow, tous lorgnant avec nonchalance vers le thrash technique. En effet, à l’instar de ces groupes,
Vendetta propose des compositions alambiquées avec de nombreuses variations, coupant parfois presque en deux leurs compostions comme sur "
Dominance of Violence".
Pour autant, la complexité musicale n’atteint pas certaines extrémités franchies par
Depressive Age ou surtout
Mekong Delta, se basant sur une sérieuse base heavy pour cadrer et donner du poids à leurs compositions. Le titre éponyme est l’exemple de ce bon mélange entre les passages thrash et heavy sous le couvert d’une bonne chevauchée rythmique.
On ne peut que noter un Klaus Ullrich très performant à la basse, aux accents parfois funky comme sur l’intro de "
War" ou sur l’interlude "Love Song", mais aussi très inspiré comme sur l’instrumental virtuose "Fade to
Insanity", résumant en un titre la créativité et l’inspiration du groupe. En cela donne-t-il une parfaite réplique au duo de guitaristes qui de leur côté nous lâchent de bons solos, comme le témoigne un "
Metal Law".
L’unique point défaillant de l’opus reste le chant qui manque un peu de charisme, particulièrement sur la semi-ballade "
Precious Existence", au contraire d’une musique qui dégage une classieuse sérénité.
Ce "
Brain Damage" est un vrai classique pour tous les séduits d’un thrash progressif à la frontière du technique. Le groupe hélas s’en arrêta là, quittant la scène pendant près de 15 ans. De leur reformation dans les années 2000 ne subsiste que le bassiste Ulrich, nul doute que de
Vendetta il ne doit en rester que le nom…
Les deux Vendetta, de qualité sensiblement égale, et forgés dans le même moule sont, comme tu le soulignes judicieusement, un peu à part, ni speed metal à l'ancienne, ni réellement thrash. Il garde cependant de ces deux styles l'énergie de l'un et la mélodie de l'autre.
Pas non plus complètement techno-thrash, car ces morceaux sont très accessibles avec la part belle aux refrains (l'énorme "War"), et aux structures entraînantes, avec un background emprunté aux rythmiques galopantes de Maiden, qui n'est pas si éloigné.
Les vocaux partagés entre Daxx et Micky apportent fraîcheur et dynamisme, et on ne s'ennuie jamais dans cette tornade de riffs, bravant contretemps et rafales dans un même morceau ("Brain Damage").
Le groupe s'est reformé depuis la chronique, a pondu deux albums. Si quelqu'un a jeté une oreille dessus, toutes les infos seront bonnes à lire.
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